L'ambition de faire de Casablanca un hub financier régional se concrétise un peu plus chaque jour et Maroclear n'a de cesse de se préparer à cette ambition. Dépositaire central de CFC, nouvelle organisation, certification, projet de chambre de compensation... Décryptage de Fathia Bennis, Président-directeur général de Maroclear. Finances News Hebdo : Maroclear s'est assuré le rôle de dépositaire central au sein de Casa Finance City. Etes-vous prêts pour les nouvelles perspectives ? Fathia Bennis : Comme vous le savez, le dépositaire central est un acteur majeur qui se doit de contribuer en permanence à l'efficacité, la sécurité, la transparence et le développement du marché financier marocain. C'est ce qui a toujours guidé notre action et notre stratégie. Aujourd'hui plus que jamais, notre devoir et notre ambition sont d'accompagner favorablement les changements qui s'opèrent dans le secteur afin de permettre au pays de devenir un hub financier à dimension régionale. Cette volonté s'inscrit parfaitement et concrètement dans notre plan d'action pour les prochaines années, lequel nous permettra d'améliorer notre organisation, renforcer notre capital humain, faire évoluer nos outils de gestion, développer notre offre de services et se conformer encore plus aux meilleurs standards internationaux. En somme, nous essayons d'agir sur l'ensemble des facteurs aptes à faire de Maroclear un acteur de référence, capable de jouer pleinement son rôle au sein de cette nouvelle architecture qu'est CFC. F.N.H. : Qu'en est-il de la chambre de compensation ? On parle de la création d'une entité indépendante. F. B. : En fait, plusieurs scenarii sont navigables pour le démarrage, mais quel que soit le montage qui sera retenu pour mettre sur pied la chambre de compensation, Maroclear s'inscrit pleinement dans ce projet et s'engage totalement à y apporter sa contribution. Parmi les solutions envisagées, Maroclear s'est positionné comme un acteur en capacité de gérer cette activité. Son expertise, ses ressources et son système d'Information étant suffisamment développés et avancés pour lui permettre de mettre en œuvre une chambre de compensation dans des conditions optimales de coûts, de délais et de sécurité. F.N.H. : Quels sont les pré-requis fixés par Maroclear pour devenir un hub de services financiers à dimension régionale ? F. B. : Nous avons engagé depuis plusieurs années de nombreux chantiers structurants ayant pour objectif de hisser Maroclear au niveau des meilleurs standards. Parmi ces chantiers, nous pouvons citer l'upgrade de notre système d'information vers la version V6, la certification ISO 27001 et le développement de nouvelles prestations auprès de différentes cibles afin de diversifier notre offre de services. D'autres chantiers sont programmés pour les prochaines années, notamment la mise en place d'un service «Trade Repository», un service complémentaire aux offres de Prêt-emprunt de titres. Une attention particulière aux entreprises non cotées afin de les mener à s'affilier à Maroclear à travers la dématérialisation des titres afin d'être plus visible au niveau national et international. Néanmoins, je tiens à souligner qu'au-delà de notre action interne, la réussite d'un projet transverse, comme CFC, exige une collaboration étroite et un échange continu entre l'ensemble des partenaires impliqués dans ce projet. Maroclear s'est toujours montré volontaire et très actif à cet égard. F.N.H. : Maroclear vient d'être certifié ISO 27001, norme attestant de la fiabilité de son système de management et de la sécurité de l'information. Quels changements avez-vous entrepris en matière de sécurité et de transparence ? F. B. : Bien évidemment, le système d'information de Maroclear représente un patrimoine essentiel et critique qu'il convient de protéger, et nous nous réjouissons de l'obtention de cette certification qui témoigne de la fiabilité de notre SMSI. Nous nous sommes dotés de tous les outils nécessaires à une évaluation pertinente des risques dans le but de protéger l'information contre toute perte ou intrusion et d'apporter encore plus de sécurité et de transparence à nos affiliés et à l'ensemble de la place financière de Casablanca. Maroclear est d'autant plus fier de cette certification qu'elle est la première institution financière au Maroc à obtenir cette certification sur l'ensemble de ses activités. F.N.H. : Vous travaillez maintenant sur une nouvelle grille tarifaire. Pourquoi ce choix et quels sont vos projets sur les prochaines années ? F. B. : Conscients de notre rôle d'entreprise de marché à vocation de service publique, nous souhaitons mesurer la pertinence de notre système de tarification. Pour cela, une étude approfondie est en cours de réalisation. Elle est d'autant plus importante que nous ciblons désormais des acteurs régionaux et qu'il est important, outre Maroclear, que l'ensemble des acteurs de la place soient compétitifs en termes de coûts de prestations. F.N.H. : Concrètement, quel est l'impact du changement opéré sur le marché des capitaux au Maroc ? F. B. : Globalement, les réformes engagées couvrent l'essentiel des maillons de la chaîne, cela va du cadre législatif et réglementaire, en passant par l'infrastructure du marché et bien sûr par l'élargissement de l'offre et de la demande de produits. Ainsi, toutes les conditions nécessaires pour réussir la transformation de la place de Casablanca, en référence régionale, sont prises en compte, qu'il s'agisse de renforcer l'indépendance et la responsabilité des régulateurs (Autorité marocaine du marché des capitaux et Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale), d'élargir le cadre opérationnel (Bourse des valeurs, marché à terme d'instruments financiers ...) ou de permettre l'émergence de nouveaux produits d'investissement (titrisation/sukuk, obligations sécurisées, prêt emprunt de titres ...).