Il ne se passe rien en ce début d'année. Ou presque. La seule bonne nouvelle nous est venue de Marrakech, avec notamment l'important projet que le Souverain y a lancé lundi dernier, d'un montant global de 6,3 Mds de DH (voir page29). A par cela, les polémiques stériles continuent à alimenter la vie politique. Deux hommes font les choux gras de la presse : Abdelillah Benkirane, le Chef de gouvernement, et Hamid Chabat, Secrétaire général du Parti de l'Istiqlal. Encore ! Encore, parce que depuis la rupture fracassante de leur alliance qui a valu au PI de coulisser dans l'opposition (www.financenews.press.ma), les deux hommes ne font guère d'économie dans les joutes verbales. Donnant ainsi une piètre image de ce que sont les arcanes de la politique, où tous les coups semblent permis. Pis encore, la scène politique marocaine semble être malheureusement réduite, depuis quelques mois, à une guerre des tranchées entre deux fortes têtes. Et le dernier incident en date risque d'atterrir devant la Justice (voir page 38). Benkirane, en tant que Chef de gouvernement, devrait justement avoir une posture de chef. Un chef doit fédérer pour mieux gouverner, chercher continuellement le bon compromis tout en étant ferme, trancher quand il faut et, surtout, être au-dessus de ces petites polémiques récurrentes qui peuvent nuire à sa crédibilité. Enfin, un chef ne s'aventure pas dans des allégations intempestives, dictées par l'humeur du moment, qui peuvent lui revenir dessus tel un boomerang. Tout autant, Chabat, en tant que leader d'un parti d'opposition, devrait pouvoir prendre de la hauteur par rapport à certains faits et inscrire l'action de son parti dans un cadre plus pertinent : celui d'une opposition qui s'exonère de querelles inutiles et qui ne se construit pas une notoriété en organisant un tir groupé sur un seul homme. Si l'on consent que Benkirane est, tout à son tort, parfois maladroit, il ne faut tout de même pas oublier qu'il est «jeune» en matière de conduite des affaires du Royaume, le PJD n'ayant hérité du pouvoir que depuis 3 ans. Non pas qu'il faille être indulgent à son égard, mais c'est juste pour rappeler, et il semble utile de le faire de temps à autre, qu'il gère le legs de décennies de gouvernance de ceux qui sont actuellement dans l'opposition. Et c'est parce que la gestion du pays a été peu convaincante que le peuple a choisi de porter le parti de Benkirane au pouvoir. Bref, un jour ou l'autre, il va bien falloir que Benkirane et Chabat nous disent vraiment la cause de cette hostilité sidérale. Laquelle ne saurait être uniquement expliquée par leurs divergences sur la conduite des affaires du Royaume.