L'année 2013 aura été riche en évènements sur le plan national. La conjoncture économique délétère aura ainsi rythmé l'actualité, avec en toile de fond la situation inquiétante des finances publiques qui appelle à trois mesures urgentes : les réformes du système des retraites, de la fiscalité et de la compensation. Trois dossiers qui n'ont pas, in fine, connu d'avancements majeurs. Le type de réforme à mettre en place concernant la retraite a été clairement identifié, sans plus, alors que l'on notera l'essai raté du gouvernement dans sa tentative de réformette fiscale, confinée uniquement en un tripatouillage des taux de la TVA. Côté compensation, le gouvernement a néanmoins osé mettre en œuvre le système d'indexation partielle des prix des carburants. Un premier pas vers une réforme plus globale visiblement «acceptée» par les citoyens, malgré les cris d'orfraie lancés par les uns et les autres lors de son adoption au mois de septembre dernier. Globalement, le gouvernement Benkirane aura été très critiqué tout au long de cette année dans ses choix économiques, dictés par la nécessité de rééquilibrer les finances publiques. Surtout que les esprits rebelles voyaient dans ses choix le diktat du Fonds monétaire international qui, en contrepartie de ses largesses financières, exige un certain nombre de réformes, dont celles citées ci-dessus. Mais l'année 2013 aura été surtout celle des politiques. Celle de deux partis, deux ex-alliés de la majorité qui ont réussi, à force d'arithmétique politicienne, à paralyser l'économie nationale durant plusieurs mois. L'alliance PJD-Parti de l'Istiqlal, rompue avec fracas et avec une violence des mots assez rare pour être relevée, a montré au grand jour l'une des faces sombres de la realpolitik : celle qui sacrifie les idéologies politiques pour s'accommoder d'alliances contre-nature nourries par des promesses de quelques portefeuilles ministériels. Forcément, ce type d'alliance ne résiste pas à l'usure du temps, surtout si les têtes d'affiche se nomment Abdelilah Benkirane (PJD) et Hamid Chabat (PI). Leurs chamailleries politiques, sanctionnées par le retrait du PI du gouvernement, ont bloqué l'institution économique pendant plusieurs mois, avant que ne se forme, en octobre dernier, une nouvelle majorité très hétéroclite, un peu plus féminisée, où les technocrates essayent d'exister aux côtés de vieux roublards de la politique. Pendant ce temps-là, de l'autre côté, l'opposition, que vient de rallier l'Istiqlal, devient encore plus braillarde. Mais si l'USFP s'attelle à... s'opposer, du côté du PI, on a visiblement du mal à rester dans l'ombre. Actuellement, ce parti est en proie à de véritables dissensions internes et est au bord de l'implosion, d'autant que Chabat vient d'exclure certains cadres du Conseil national (www.financenews.press.ma). Suffisant pour mettre le PI de nouveau sous le feu des projecteurs. Et la récente décision du tribunal administratif de Rabat, qui a souscrit au recours déposé par les militants pour invalider les élections qui ont propulsé Chabat à la tête du parti, nous permet d'espérer un alléchant feuilleton politico-judiciaire en 2014. Ah la politique ! Bonne année.