A mi-parcours du contrat de gestion déléguée, Lydec a mis en branle son nouveau projet d'entreprise «Synergies 2020». Eclairage de Jean-Pascal Darriet, DG de Lydec. Finances News Hebdo : Comment se décline le projet d'entreprise «Synergies 2020» ? Jean-Pascal Darriet : Lydec doit s'adapter en permanence aux nouveaux enjeux de la Wilaya du Grand Casablanca. En effet, le rythme d'urbanisation s'accélère de plus en plus, ce qui engendre de nouvelles problématiques sociales et environnementales. Ces dernières se traduisent en termes d'infrastructures par de nouveaux challenges techniques et financiers. A mi-parcours du contrat de gestion déléguée, Lydec s'est engagée dans une démarche ambitieuse et novatrice. Elle a bâti son nouveau projet d'entreprise «Synergies 2020» et ce, en associant toutes les parties prenantes, à travers une large écoute, au processus de réflexion stratégique : clients, représentants de l'autorité délégante, élus, actionnaires, collaborateurs, fournisseurs, partenaires institutionnels ou financiers, associations... Cet exercice avait pour objectif d'établir le bilan des quinze premières années d'activité de l'entreprise et de construire une nouvelle vision à l'horizon 2020 en réponse aux attentes des parties prenantes et les enjeux du Grand Casablanca. Synergies 2020 a défini trois orientations stratégiques majeures fondées sur un socle commun. Elles constituent des lignes de force qui guideront les actions de l'entreprise à horizon 2020 : Etre à l'écoute et au service de tous les clients; Etre le partenaire quotidien des collectivités, de leurs habitants et de leurs représentants; Etre la référence professionnelle durable des entreprises de service public; En s'appuyant sur une équipe mobilisée, fière de ses métiers et qui s'adapte à son environnement. Ces trois orientations stratégiques ont été déclinées en six enjeux majeurs qui sont répartis en 32 projets stratégiques : client, RH, image et culture d'entreprise, RSE, contrat de gestion déléguée et excellence opérationnelle. F. N. H. : Comment Lydec compte-t-elle accompagner l'élargissement du périmètre urbain du Grand Casablanca ? J. P. D. : Notre entreprise a un rôle extrêmement structurant au sein de la collectivité et elle gère des services essentiels, anticipe et accompagne le développement du Grand Casablanca qui enregistre une constante transformation. Dans ce cadre, Lydec a réalisé des schémas directeurs pour les 4 métiers de l'eau, de l'assainissement, de l'électricité et de l'éclairage public en se basant sur le Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) du Grand Casablanca. Ces schémas directeurs métiers ont permis d'identifier les besoins en investissements nécessaires pour accompagner le développement du Grand Casablanca. Ces besoins en investissements sont classés par ordre de priorité et de criticité. Ils se déclinent ensuite en un projet de programme d'investissement dont la validation est faite par l'autorité délégante. Cette stratégie de Lydec a pour objectif essentiel d'assurer la continuité des services essentiels couverts dans le cadre du contrat de gestion déléguée, tout en améliorant la qualité du service. F. N. H. : Lydec projette d'investir 20 milliards de DH, quelles seront alors les sources de financement ? J. P. D. : Le montant de 20 milliards de DH correspond aux besoins en investissements des services de la gestion déléguée à l'horizon 2027 (avec des hypothèses d'extension du périmètre urbain de plus de 20.000 ha). Ce montant a été évalué dans le cadre des schémas directeurs mentionnés dans la réponse à la première question. Concernant les sources de financement, elles sont encadrées par le contrat de gestion déléguée (établi avec une hypothèse d'extension urbaine de l'ordre de seulement 4.400 ha). Ce dernier se décline en un programme d'investissement validé conjointement par Lydec et l'autorité délégante. Deux types de ressources alimentent les investissements de Lydec : La ressource d'origine délégataire qui «est alimentée par la tarification, c'est-à-dire les ventes de fluides». Le Fonds de travaux «quant à lui est alimenté par les participations perçues dans le cadre des projets de lotissements et de promotions immobilières». Aujourd'hui, ces ressources doivent être complétées pour satisfaire l'ensemble des besoins qui ont explosé depuis 2010 suite à la validation du nouveau SDAU avec plus de 20.000 ha ouverts à l'urbanisation. Dans ce contexte, la gestion déléguée réfléchit à toutes les solutions d'ingénierie financière ou d'extension d'activité afin d'identifier des sources de financement supplémentaires. F. N. H. : La STEP de Médiouna est un projet innovant. D'autres sites du même genre seront-ils déployés à Casablanca? J. P. D. : La Station d'épuration (Step) de Médiouna est une avancée environnementale considérable. Elle répond à la Charte nationale de l'environnement et du développement durable initiée par Sa Majesté le Roi et au Plan directeur anti-pollution de la Wilaya du Grand Casablanca. Grâce à ces équipements innovants, elle permet d'éviter le déversement des eaux usées à l'état brut dans le milieu naturel et minimise ainsi grandement les risques de santé publique et les nuisances olfactives et visuelles pour une population estimée à 40.000 habitants. De plus, la Step permet la réutilisation des eaux traitées dans le domaine de l'irrigation agricole. Plus largement, le schéma directeur prévoit la réalisation de trois stations d'épuration supplémentaires dans les communes situées à l'intérieur des terres dont une correspond à l'extension de la Step de Médiouna. F. N. H. : Comment se déroulent les travaux de dépollution du littoral de Casablanca, sont-ils conformes aux objectifs ? J. P. D. : Le système antipollution de Casablanca se divise en deux parties : la partie Ouest qui est déjà en service et la partie Est qui est en cours de travaux. Ce système antipollution Est consiste à intercepter les rejets d'eaux usées de Casa port jusqu'à Mohammedia avec une station de pré-traitement située à Sidi Bernoussi et un refoulement via un émissaire marin qui rejette les eaux prétraitées dans l'océan. Les travaux de ce grand projet seront finalisés fin 2014 et permettront d'atteindre un taux de dépollution de 100% pour le Grand Casablanca. Ce projet améliorera le cadre de vie des Casablancais, revalorisera la façade maritime qui pourra espérer bénéficier du Label pavillon bleu. Le potentiel touristique de la zone pourra ainsi être pleinement exploité. F. N. H. : Le Tram de Casablanca est opérationnel depuis une année, comment assurez-vous un approvisionnement adéquat en électricité à ce moyen de transport ? J. P. D. : Afin d'alimenter le tramway de Casablanca, un système d'alimentation dédié a été conçu. Ainsi, 23 postes électriques ont été réalisés. En effet, pour garantir la continuité de service nécessaire pour une telle infrastructure, Lydec s'est assurée que 3 postes successifs soient alimentés par 3 sources différentes afin de pouvoir prendre le relais en cas de panne, ce qui sécurise le réseau du tramway et permet d'assurer une bonne qualité de service.