Pathétique, ce que font les caporaux généraux d'Alger ! Les voilà en effet qui décident la fermeture «immédiate» de l'espace algérien à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu'aux appareils immatriculés au Maroc. Ils invoquent quelles raisons ? «Des provocations et pratiques hostiles du côté marocain», sans plus de précisions.
Cette décision va affecter les appareils du Royaume dont les plans de vol et les trajets survolant le territoire de ce pays voisin. Depuis un an et demi, les frontières aériennes de l'Algérie sont pratiquement fermées en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19. Elles n'ont rouvert que depuis le 1er juin dernier vers sept pays seulement – le Maroc n'en fait pas partie… Mais il y a plus et d'après certaines sources , le jeudi 23 septembre courant, des éléments de l'armée algérienne ont pénétré sur le territoire marocain dans la localité de Oued-Zelmou à Bouarfa. Munis de mégaphones, ces militaires ont sommé les habitants de quitter le territoire sous prétexte qu'il est algérien. Informations vite démentie par le Forum des FAR qui rappelle Qu'il s'agit en fait d'une commission militaire conjointe qui se réunit régulièrement.
La tension a augmenté visiblement quelques heures heures après la fermeture de l'espace aérien aux avions civils et militaires marocains.
En mars dernier, l'on se souvient d'un autre acte hostile, avec l'occupation des terres d'El Arja à Figuig en territoire marocain par l'armée algérienne.
Que veulent donc les officiels d'Alger ? Ils sont engagés dans une escalade conduisant à une montée des périls aux conséquences imprévisibles. L'on voit bien ce dont il s'agit : l'appareil d'Etat ne peut plus remplir ses fonctions essentielles. Il en résulte non seulement des troubles et une crise interne, mais aussi des prolongements extérieurs - intervention, contagion de l'instabilité...Un dysfonctionnement de ses institutions de gouvernance lié à des raisons internes comme la corruption ou la mauvaise gestion ?
Indicateurs au rouge
L'état économique de l'Algérie en 2021 témoigne bien du sinistre d'une politique mise en œuvre depuis des décennies. La métaphore est celle d'un tango au bord du gouffre. Les hydrocarbures auront été décidément une malédiction - c'est d'ailleurs propre aussi à des matières premières-, une thèse validée par toute une théorie économique du développement ou plutôt du mal développement.
Le système rentier en Algérie tient à ces données : les hydrocarbures constituent 20% du PIB. Et avec la récession économique mondiale et l'impact de la pandémie Covid-19, tous les indicateurs sont au rouge : un taux de croissance en fort recul de 6% en 2020, un chômage en aggravation autour de 5%, avec 20% et plus encore chez les jeunes et les femmes, un déficit budgétaire de 16%, des réserves de change en chute de 24% à 46 milliards de dollars en 2020 et des prévisions encore plus pessimistes en 2021 avec 32 milliards de dollars.
Ce système rentier est-il réformable ? Le discours officiel du président Tebboune le dit, mais qui peut lui accorder quelque crédit ? En l'état, ce système est malsain; il n'assure pas la distribution équitable du revenu national; il décourage le travail et l'esprit d'entreprise sauf à être branché sur des réseaux d'intérêts liant les généraux et des opérateurs; il empêche au final toute diversification de l'économie.
Menace sur la paix et la sécurité régionale
La politique algérienne de voisinage est ce qu'elle est : hostilité permanente à l'endroit du Maroc, mobilisation de l'appareil diplomatique dans ce sens dans toutes les instances internationales - une forme de glaciation qui ne permet d'espérer aucun infléchissement dans ce domaine.
L'Algérie n'a pas construit un Etat inspiré de ce que les libéraux appellent le «State-building»; elle n'a pas veillé à créer de nouvelles institutions gouvernementales et étatiques renforçant et transformant celles qui étaient en place. Elle ne s'est mobilisée que pour une gestion sécuritaire intérieure couplée à une hostilité graduelle pour son voisin de l'ouest.
C'est un appareil, mais dans un Etat fragile qui ne peut à terme qu'entrer en crise de par sa vulnérabilité aux chocs internes et peut-être même externes. Le principe démocratique pouvant fonder et conforter une stabilisation sur une base d'adhésion participative est évacué.
L'on en a eu une dernière illustration voici quatre mois à peine, avec des élections législatives où le taux de participation n'a pas dépassé 23%, avec le système des acteurs partisans «conservateurs» (FLN, RND) composantes astructurelles du système. L'Algérie Etat failli ? Etat effondré ? Etat abattu ? Etat fragile ? Un «mix» de tout cela !
Difficile d'escompter quoi que ce soit avec un régime de cette nature : il s'apparente à un «bateau ivre» dans le Maghreb. Une menace pour la stabilité et la sécurité régionale.