Retour sur la production des clips 2020 en cinq vidéos qui ont marqué nos regards sur sollicités et vissés aux écrans. Par R.K.H
Des événements traumatisants – des deuils cruels -, l'année 2020 en a comporté un certain nombre. Mais pas que ! Elle a connu son lot de sonorités prodigieuses qui tracent une profondeur dans le temps dans lequel on s'est enfoncé… On a scrollé du clip, des sentiments pixelisés, on a prospecté de l'amour en gigaoctets, à défaut de pouvoir câliner sans risquer de tuer par contamination notre voisin. Que s'est-il alors passé de marquant durant l'année 2020, celle où nos murs sont soudainement devenus nos pires ennemis ? Quels artistes y ont explosé ?... Ce gentil papier invite à se retourner, calmement, sur les plus belles trouées de temps de 2020.
Multiple et passionnante
L'ère confinée, si triste et propice à nous montrer que le temps pouvait s'arrêter ou pire, se distendre lentement, a pu à la fois connaître des productions foisonnantes, effervescentes et émulatrices. Il fut bon de danser aux côtés du cagoulé Snor, génie des sonorités joliment hurlantes. Se trémoussant de tout son soûl sur fond d'images sympas et multiplications d'ego, avec son clip LALALA, il a sorti ses doux-amères paroles comme autant de remèdes pour dériver vers l'infini.
Vous n'aurez pas une grande surprise à lire qu'«ElGrande Toto est l'artiste de l'année», d'autant qu'il a sur-occupé, et même saturé, l'espace médiatique. Un personnage que l'on n'a pas fini d'aimer. Une aventure que l'on n'a pas fini de parcourir dans les moindres détails afin de découvrir tous les mirages dessinés au quatre coins de 7elmat Ado, VitamineDZ ou encore Mikasa. Avec la sortie de Pablo, en 2017, il a subtilement déplacé les espoirs nés d'un début de carrière passionnant fait d'expérimentations et d'improvisations. Il impose désormais une posture de Rappeur beaucoup plus assumée. On a eu un gros faible pour son clip Halla Halla qui, avec son côté futuriste, nous transporte dans une sorte de voyage, d'exploration qui ne s'achève pas trop rapidement. On l'écoute en boucle. (Son portrait est à retrouver dans le numéro du 25 février de FNH)
Qu'aurait été cette pauvre année 2020 sans son armada de guerrier revendicateur, aux kicks voluptueux et millimétrés ? Pouvait-on voir plus ensorceleur que ce slow-rap d'Issam, alchimiste trap ? Nike, certes sublime, ne pouvait être sans les grâces du clip tout aussi halluciné, inestimable. Ici, textes résilients, et finement chantés.
Alors qu'Issam se retranche derrière le filtre des métaphores et de l'abstraction, Dollypran popularise des expressions que tout le monde reprend sans forcément en comprendre le sens. Avec son clip monstre Drill Hood à énergie survoltée et désirs explicites, il démontre qu'il continue à construire sa discographie comme un immense puzzle de mots et de pensées à assembler (ou pas).
Le hip-hop est aujourd'hui, plus largement, la musique dominante. Et si nos artistes tentent régulièrement de se détrôner les uns les autres, le monde bruisse aussi de femmes talentueuses et obstinées qui bousculent régulièrement les canons du rap. Khtek en est le parfait exemple. Elle est apparue de façon fracassante dans le chic et choc Hors Série (avec ElGrande Toto, Don Bigg et Draganov), et a continué à nous passionner…Voici donc Ftila, un clip d'une douce rêverie.
Le point commun de ces créations étant naturellement lié au fait que l'on n'a pas besoin de tout saisir du texte pour l'apprécier et le chanter à tue-tête. «Laaa la la laaa la la laaa, 3chiri tiq f'a7lamek wakha denya tqol lik la (traduction approximative et littérale : crois en tes rêves mon pote, même si la vie te dit non)».