◆ Le développement durable passe également par la croissance inclusive, qui est un pare-feu contre les inégalités. ◆ Aussi paradoxal que cela puisse paraître, à l'échelle mondiale, les milliardaires ont vu leur fortune augmenter de 3.900 milliards de dollars entre le 18 mars et le 31 décembre 2020.
Par M. Diao
Assurer un développement durable va au-delà de la mise en place des mécanismes efficaces allant dans le sens de la protection de l'environnement. Bâtir un environnement national et international propice à une croissance inclusive qui ne bénéficie pas uniquement aux plus fortunés fait partie des piliers d'un développement durable davantage profitable sur le long terme. La crise liée à la pandémie, qui continue de sévir dans la plupart des pays, devrait chahuter les résultats bien modestes liés aux Objectifs du développement durable (ODD) à l'horizon 2030, notamment dans les pays du Sud. C'est en cela que le rapport d'Oxfam, intitulé «Le virus des inégalités», revêt une importance particulière à l'heure où le nationalisme vaccinal est une énième preuve de la prédominance au niveau des Etats développés du chacun pour soi. Une attitude fustigée par l'ONU et l'OMS. Le principal enseignement que l'on peut tirer du document produit par Oxfam est l'accentuation des inégalités économiques et sociales déjà existantes bien avant la crise entre les riches et les pauvres. Pour preuve, à l'échelle mondiale, 2.000 milliardaires détiennent plus de richesses que ce qu'ils pourraient dépenser en l'espace de 1.000 vies. Sachant que près de la moitié de l'humanité doit composer avec moins de 5,50 dollars par jour. En effet, les auteurs du document mettent en évidence le fait que les 1.000 milliardaires les plus fortunés ont retrouvé le niveau de richesse qui était le leur avant la pandémie en seulement neuf mois. Tandis qu'il faudra 14 fois plus de temps aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques du coronavirus, soit plus d'une décennie. L'autre information révélée et non des moindres est que les richesses accumulées par les 10 milliardaires les plus riches depuis le début de la crise, seraient amplement suffisantes pour éviter que quiconque à l'échelle mondiale ne sombre dans la pauvreté à cause du virus et pour financer le vaccin contre la Covi-19 pour tous. L'urgence du changement de cap Les projections de la Banque mondiale recommandent de la part des Etats aussi bien développés que ceux en passe de le devenir la mise en place de politiques de relance soucieuses du développement durable et donc de la réduction des inégalités. A croire l'Institution de Bretton Woods, si les pays interviennent sans attendre pour réduire les inégalités, la pauvreté pourrait redescendre à son niveau d'avant la crise en seulement trois ans, contre plus d'une décennie sans action immédiate. «Les gouvernements du monde entier doivent réformer de toute urgence le système économique actuel, qui exploite et exacerbe le patriarcat, le suprématisme blanc et les principes néolibéraux», recommandent les auteurs du rapport de l'organisation internationale qui a fait de la lutte contre la pauvreté, les inégalités et la protection de la planète son principal cheval de bataille. «Ce système a généré des inégalités, une pauvreté et des injustices extrêmes, et qui n'a pas du tout préparé notre monde à affronter la crise lorsqu'elle a frappé», lit-on dans le rapport.
Des chiffres qui donnent le tournis Le document d'Oxfam précise qu'avec le coronavirus, les riches sont devenus plus riches et, hélas, les pauvres davantage démunis. «À l'échelle mondiale, les milliardaires ont vu leur fortune augmenter de 3.900 milliards de dollars entre le 18 mars et le 31 décembre 2020. Leurs fortunes cumulées s'élèvent désormais à 11.950 milliards de dollars, ce qui équivaut aux montants dépensés par les gouvernements du G20 pour faire face à la pandémie», révèle le rapport. Dans le même temps, des centaines de millions de personnes ont perdu leur emploi et sont confrontées au dénuement et à la faim. D'après les estimations, entre 200 et 500 millions de personnes supplémentaires pourraient avoir basculé dans la pauvreté en 2020. Oxfam fait savoir qu'il faudra sans doute attendre plus d'une décennie avant que le taux de pauvreté ne retrouve son niveau d'avant crise.