Ce sont exactement 41,65 Mds de dirhams qui seront alloués à la compensation en 2014, dont 28 Mds de dirhams pour les produits pétroliers. Le reste sera réparti entre les produits alimentaires et les autres postes. En 2013, la compensation devrait coûter, rien que pour les produits pétroliers, 36,4 Mds de dirhams. Quelles ont été les hypothèses du gouvernement ? Et quel rôle jouera l'indexation partielle dans ces économies ? Dérive, éloignement, écartement malsain. Les mots ne manquent pas pour décrire cette situation devenue des plus normales dans le pays. Celle de voir le budget de la compensation dépassé, comme on dépasse une ligne droite sur une route nationale. Après tout, pour certains automobilistes, ce n'est qu'un trait. malgré le fait que le code de la route le décrive comme un mur. Cette année encore et jusqu'à fin août 2013, les cours du pétrole brut et du gaz butane ont enregistré des moyennes respectives de 109 $/bbl et 794 $/T, parallèlement à un taux de change de 8,5 DH/$. De ce fait, la charge globale de compensation, estimée pour cette période, est de 29,7 milliards de dirhams et devrait atteindre plus de 41 Mds de dirhams à fin 2013 dans le cadre du scénario «optimiste». Des gouvernements se sont succédé depuis l'indépendance et ceux qui ont respecté leur budget avaient tous le vent dans le dos, et les cours du pétrole leur ont fait des cadeaux. Le reste des gouvernements a dû subir les aléas des marchés avec comme conséquence une aggravation du déficit structurel. En d'autres termes, depuis plus de cinquante ans, le Maroc vit au-dessus de ses moyens, malgré que la cause soit noble. Le gouvernement actuel a subi, à son tour de plein fouet, les dérives du budget de compensation en 2012. Et en 2013, si le cours moyen du pétrole brut reste autour de 111 $/bbl, le budget de compensation engloutira 44 Mds de dirhams, alors qu'il lui a été alloué à peine 40 Mds de dirhams. Soit un écart de 10% sur un agrégat macroéconomique ! Mais une chose est sûre, ce gouvernement aura le mérite d'avoir, enfin, pris les choses en main à travers le mécanisme d'indexation qui s'inscrit dans une réforme globale de décompensation. Et si l'usufruit de cette mesure ne sera que peu tangible en 2013, en 2014 par contre, les économies seront certaines. Les premières prévisions crédibles de l'histoire ? Maintenant qu'un mécanisme de couverture a été mis en place pour la première fois de l'histoire, les prévisions deviennent enfin crédibles et c'est le premier point positif. Un budget avec une marge d'erreur importante n'en est pas un, surtout s'il est censé déclencher des procédures de financement lourdes et amortissables sur plusieurs années. Le deuxième point positif réside dans les économies que peut faire le Royaume en cas de hausse des prix sur les marchés. Ainsi, le projet de Loi de Finances pour 2014 estime à 41,65 Mds de dirhams les crédits de compensation annuels. 28 Mds de dirhams, soit 67% de ce budget, seront alloués aux produits pétroliers, alors que ce montant serait de 36,4 Mds de dirhams à fin 2013 pour ces seuls produits et ce, toujours sur la base d'un baril à 110$/bbl et un taux de change du dollar à 8,34 dirhams. Enfin, et pour la première fois de l'histoire, il y aura une relation directe entre le prix des matières premières et la consommation des ménages dans le Royaume. L'épisode iranien a, par exemple, soulagé les prix sur les marchés internationaux et la poursuite éventuelle de la baisse des cours devrait automatiquement se traduire par des économies relatives sur le panier de la ménagère. Soit le moyen royal de stimuler la consommation. Là aussi, ce sera une première dans l'histoire car, depuis longtemps, la consommation n'est que peu corrélée au prix du pétrole au Maroc. Une aberration qui, en plus de plomber les caisses de l'Etat, a faussé le jeu de la libre économie. Le courage paye au final, et la politique, lorsqu'elle est orientée vers le bien de la nation, peut être impopulaire au début, mais le résultat en vaut la peine. Le gouvernement aura gagné une manche et s'il réussit à entamer, ne serait-ce qu'un soupçon de réforme sérieuse sur la question des retraites et du train de vie de l'Etat, nous verrons alors le bout du tunnel se profiler. A la sortie, c'est une gouvernance souple et efficace qui nous attend. Saluons la mesure : une économie quasi certaine de 8 Mds de dirhams et un budget des plus exacts de l'histoire en sont les premières retombées positives.