Le bloc des urgences fait 5.000 interventions chirurgicales par an. Dans quelques mois, une bonne partie de l'activité sera transférée vers un hôpital flambant neuf qui est en cours de construction : l'hôpital Razi. Le nouveau SAMU couvrira une superficie de 1.000 m2, construite sur deux niveaux, avec une hélistation dans les urgences. Les ressources humaines sont le parent pauvre de ce service des urgences. Il est midi tapant. Le service des urgences d'Ibn Tofail est surbooké. Des files interminables dans les différents coins des services et le temps d'attente semble s'allonger pour les malades qui doivent prendre leur mal en patience. C'est le cas de cette femme du 3ème âge percutée par une moto. Après avoir été conduite par l'équipe de la Protection civile au service des urgences, elle a dû attendre beaucoup de temps pour être examinée. Après 3 longues heures d'attente, elle a passé la radio de la hanche. Une radio qui, d'après les dires de la femme, reste malheureusement dans l'hôpital pour des raisons obscures. Le premier point de la visite a concerné la salle de déchocage où atterrissent les grièvement malades qui proviennent de Marrakech jusqu'à Lagouira. Elle est appelée également la Sauve (salle d'admission des urgences vitales). Par la suite, après avoir subi scanner, radio ou opération, le patient est transféré directement à la réanimation. Or, du moment qu'il existe une seule salle de réanimation polyvalente de 10 lits, et qui est tout le temps comble, les malades restent parfois dans la Sauve plus que le temps nécessaire. C'est l'exemple d'un comateux qui, au moment de la visite, était à son sixième jour dans la salle de déchocage, sachant que le temps moyen est de six heures. Face à un afflux aussi important, les équipes sont sollicitées à maintes reprises et sont ainsi dépassées à cause de leur effectif réduit. «Heureusement, nous avons dans le déchocage une équipe qui fonctionne comme dans une réanimation», rassure encore Hicham Nejmi, Directeur de l'hôpital et Chef de service des urgences SAMU. Ceci étant, la visite du service des urgences de la ville ocre nous a permis de constater que, hormis quelques tracas, les Marrakchis sont mieux lotis que les habitants de Tanger ou ceux de la capitale économique. La différence est de taille ! Juste au-dessus de la porte des urgences, un afficheur branché à l'ordinateur d'admission renseigne sur la position (date d'entrée et service d'admission) de chaque malade hospitalisé en urgence. Encore faut-il que les citoyens fassent preuve de civisme et regardent automatiquement l'afficheur au lieu de bombarder le personnel de questions parfois inutiles qui versent dans les prises de bec. Mais là, c'est un autre problème, à savoir l'analphabétisation, qui ronge notre société. Une autre innovation, aussi importante, est l'existence d'une pharmacie informatisée dotée d'une reconnaissance digitale qui permet au médecin ou à l'infirmier d'avoir accès rapidement au médicament et, partant, d'être soulagé des lourdeurs des bons à remplir et de tout le temps que cela nécessitait auparavant. Aussi, depuis que le service a été doté d'une sorte de guichet unique, les choses vont-elles plus vite que par le passé, parce que l'agent peut ouvrir un dossier en un laps de temps court et disposer de la carte CNOPS ou professionnelle du patient. Le dossier est, par la suite, remis au Chef de service qui active, à son tour le processus. Des innovations ayant permis, entre autres, de réduire le temps d'admission qui reste l'ennemi numéro UN des malades. D'après le Chef des urgences, le temps d'attente du premier contact médical est de 30 minutes. Pour avoir l'avis du spécialiste, il faut ajouter 4 heures en moyenne. En somme, pour toute la procédure, il faut un délai de six heures. Il peut aller de 4h à 24h, voire même 2 à 3 jours si le malade a besoin de l'avis de plusieurs spécialistes. La salle de simulation se veut, également, une prouesse qu'on ne retrouve pas dans les services d'urgence de la capitale économique ou de la ville du Détroit, ou du moins qu'on n'a pas vue lors des visites respectives. Il s'agit d'un robot qui, tout en étant connecté à un ordinateur, peut être ausculté, subir toute intervention et réagir en conséquence. Tout est filmé et projeté dans la salle d'à-côté. S'ensuit le débriefing pour voir ce qui peut être amélioré pour aboutir in fine à une synthèse. A noter que des formations de ce type sont programmées à l'avance et nécessitent un peu de temps. La préparation se fait un jour à l'avance et la simulation prend tout un après-midi, sans compter le temps consacré au débat. Il ne faut pas se leurrer, car pour faire fonctionner les quatre composantes du SMUR de manière optimale, il faut 8 personnes par colonne d'activité. Huit personnes à plein temps sont nécessaires pour le déchocage, 6 à 8 personnes qui s'occupent de la réanimation, 6 à 8 pour le SMUR et le même effectif pour la formation. Il s'agit-là uniquement des médecins. Ajoutons à cela les infirmiers et les techniciens. La problématique des ressources humaines se pose avec acuité dans le domaine de la santé en général, et dans celui des urgences en particulier. C'est ce qui explique, entre autres, pourquoi le SAMU ne fait que le secondaire, à savoir le transfert. Pour faire le primaire, il faut disposer d'une équipe essentiellement dédiée qui peut intervenir dans le lieu de l'accident en 20 minutes au maximum. Dans quelques mois, une bonne partie de l'activité va être transférée vers un hôpital flambant neuf qui est en cours de construction : l'hôpital Razi. C'est là où va être érigé le nouveau SAMU sur une superficie de 1.000 m2 construite sur deux niveaux, avec une hélistation pour que l'hélico puisse atterrir quasiment dans les urgences. Cela permettrait d'alléger certainement, en partie, le service d'urgences d'Ibn Tofail.