La prise en charge des urgences dans les établissements hospitaliers au niveau de toutes les régions du Maroc constitue à l'heure actuelle une priorité du département de la santé. En réponse à une question posée par des parlementaires le Lundi 9 Juillet 2012, relative à l'amélioration des prestations au niveau des services d'urgence, le ministre de la santé Houssein Louardi, a apporté tous les éléments que son département a mis en place en vue de procéder à l'amélioration du fonctionnement des services des urgences. Zoom sur les services des urgences. Les services d'accueil des urgences sont sous les feux de la rampe. Ce n'est pas nouveau, pas étonnant non plus, surtout quand on connaît toute l'importance que revêt aujourd'hui la prise en charge de l'urgence au sein de nos structures hospitalières. Les citoyens sont très bien informés sur la réalité des services d'urgences. Tous reconnaissent que ce sont des services essentiels, que les urgences sont disponibles à toute heure, les week-ends et les jours fériés, que les urgences sont efficaces et que l'on beaucoup de chance de s'en sortir en cas de problèmes sérieux. Par ailleurs les médecins, les chirurgiens et les infirmiers sont qualifiés, très compétents, savent et maitrisent tous ce qu'ils font. Les citoyens reconnaissent aussi que les personnels de santé sont en nombre insuffisant. On sait tous que les services d'urgence font face à une activité soutenue depuis quelques années, qu'il y a un problème d'effectifs en ce qui concerne les médecins et les infirmiers, que par conséquent la charge de travail est rebutante, que cette situation influe énormément sur les relations avec les citoyens, que le climat est parfois tendu, des médecins et des infirmiers sont souvent agressés physiquement , ce qui bien entendu pose un réel problème de sécurité . Comme on le voit, il y a des hauts et des bas, tout n'est pas rose, mais tout n'est pas noir. Il faut dire les choses comme il se doit, les difficultés existent, elles sont réelles, bien qu'inégales d'un établissement à l'autre. C'est la rançon du succès des services des urgences. Mais il faut dire que les services des urgences font face depuis des années à de nombreux problèmes qui entravent le bon fonctionnement de ces services. Dans sa réponse aux parlementaires, le professeur Houssein Louardi a passé en revue certains obstacles qui freinent le développement des urgences Parmi les points soulevés par le ministre de la santé au sujet des dysfonctionnements qui sont relevés concernant les services des urgences, il y a lieu de citer : 1. Différence entre l'offre et la demande 2. Il n'y a pas une vision claire et une approche concertée entre les différents intervenants (secteur public – secteur privé et protection civile) 3. Absence d'un système d'information entre les intervenants 4. Il n'y a pas de concertation, ni de complémentarité entre les différentes parties qui interviennent dans la prise en charge de l'urgence. 5. La formation en matière d'urgence est en deçà de ce qu'elle doit être. 6. Pénurie de professionnels de santé, le manque de matériel adéquat nécessaire à la prise en charge des urgences. 7. Le non respect du circuit de soins, les fausses urgences qui constituent de véritables goulots d'étranglements au niveau des services d'urgence. Plus de 4 millions de Marocains fréquentent annuellement les services des urgences, avec un accroissement annuel de 10 %, et les urgentistes doivent parfois faire face à un manque de ressources et d'organisation. Abordant ce volet très important de notre système de santé, le professeur Louardi en spécialiste des urgences et catastrophes, a présenté les nouveautés en ce qui concerne les services d'urgences tant hospitalières que pré-hospitalières : Mise en place d'une filière d'urgences médicales à 3 niveaux Mise en place de 80 unités d'urgence médicale de proximité Amélioration du fonctionnement des SAMU et son renforcement par 15 SMUR (Normalisation des ambulances). Normalisation et modernisation des services de réanimation Développement de pôles d'urgences spécialisées (Traumacenter, brûlés, psychiatrie, néonatalogie...) Initiation d'un Héli-SMUR à Marrakech. Les systèmes d'information Ils sont mal organisés, il n'y a pas de concertations, de complémentarité entre le public, le semi-public, le privé et la protection civile, chacun travaille de son côté, les ambulances évacuent des patients vers les établissements sanitaires de leur choix sans tenir compte des réels besoins des malades. Les informations circulent très mal, il n'y a aucune traçabilité Pourtant, les buts et les objectifs des systèmes d'information des services d'urgence est d'améliorer la coordination et la traçabilité de la prise en charge de patients, la gestion des flux de patients, le partage des informations et l'évaluation descriptive des activités d'urgences dans le but d'améliorer la qualité et la sécurité de la prise en charge des patients et participe à la veille et à l'alerte sanitaire. Une nouvelle stratégie avait été proposée en 2002 pour définir les principes devant régir l'action des intervenants des secteurs public et privé. Elle devait en principe permettre l'organisation et la régulation des urgences médicales grâce à la mise en œuvre d'actions dans un cadre intégré, complémentaire et cohérent grâce au centre de régulation médicale, chargé de la coordination et de l'orientation des admissions en urgence au niveau de la wilaya du grand Casablanca, un centre qui a été inauguré en 2002 et qui se trouve au CHU Ibn Rochd. Mais depuis cette date, peu de choses ont été réalisées, bien plus, le SAMU et ses ambulances sensées se rendre sur les lieux de l'accident ou du drame pour procéder à la médicalisation des patients sur place et au transport médicalisé sont en rade. A ce sujet, le ministre de la santé a jugé inadmissible que le taux de mortalité en pré-hospitalier, c'est-à-dire de citoyens victimes d'un grave accident de la route qui meurent sur le lieu de l'accident ou au cours de leur transport en ambulance avant d'arriver à l'hôpital, puisse atteindre 63 %. Médecine pré-hospitalière : l'hôpital hors de ses murs Pourtant, on peut remédier un tant soit peu à cette situation en développant et en mettant en place une politique de proximité de la prise en charge des urgences hospitalières et surtout pré- hospitalière grâce à un système d'assistance médicale urgente (S.A.M. U). L'idée principal qui prévaut est d'amener aussi vite que possible un médecin sur les lieux de l'accident, celui-ci pourra procéder à la médicalisation des interventions sur les lieux mêmes des accidents. Pour ce faire, l'hôpital doit sortir de ses murs. Développer une politique de proximité de la prise en charge des urgences suppose la mise en œuvre effective d'une médecine d'urgence pré-hospitalière. Celle-ci nécessitera une nouvelle organisation plus performante qui devra prendre en considération plusieurs éléments qui sont des préalables à la réussite de la médecine pré-hospitalière. Tout d'abord, il faut en finir avec la théorie de la porte fermée au niveau de nos hôpitaux. Il est inadmissible, vivre aberrant qu'au 21e siècle, à l'heure de la télémédecine, de la greffe d'organes, de constater que nos établissements hospitaliers voient leurs responsabilités s'arrêter à leurs portes, en conséquence, les professionnels de santé (médecins- infirmiers...) ne peuvent pas sortir pour apporter aide et secours aux blessés graves, aux patients en situation d'urgence, aux parturientes et aux nouveau-nés là ou ils se trouvent afin de leur assurer un accès au système de soins par une prise en charge rapide et adéquate. La vie d'un blessé dépend dans bien des cas de la célérité avec laquelle celui-ci sera traitée, tout peut se jouer dans les 15 premières minutes et toutes les études et recherches montrent que le pronostic vital est étroitement lié à l'efficacité réelle de cette conception de l'urgence pré-hospitalière. Comme il n'est plus à démontrer que l'accueil hospitalier d'ailleurs décrit comme étant une étape ultérieure, et les techniques de réanimation spécialisées ne serviront à rien si les gestes des premiers secours ne sont pas réalisés à temps. L'organisation du fonctionnement de l'urgence pré-hospitalière améliore notablement le pronostic, et ce d'autant plus que l'alerte est précis, rapide et circonstanciée. 11 milliards par an soit 2 % du P.I.B Médicaliser l'intervention sur le lieu même de l'accident Concevoir un système préhospitalier d'urgence s'appuyant sur un réseau de services efficace et efficient, permettant d'offrir à la population de toutes les régions du royaume une prise en charge immédiate et des soins préhospitaliers de qualité, est une démarche qui permettra de réduire considérablement la mortalité routière et autres incidents et accidents et surtout d'éviter des milliers d'handicaps. L'idée de médicaliser l'intervention sur le lieu même de l'accident n'est pas nouvelle Depuis des années, plusieurs réflexions, études, projets concernant la médecine pré-hospitalière sont entrepris par différents intervenants et plus particulièrement par le comité de pilotage des urgences à la Wilaya du grand Casablanca dans les années 2000 et par la suite par la société marocaine de médecine d'urgence et de catastrophe afin de soumettre des recommandations permettant d'implanter dans toutes les régions du royaume des services pré hospitaliers d'urgence. La médecine d'urgence pré hospitalière comme on peut le comprendre sera d'un apport considérable dans la réduction de la mortalité et de la morbidité, c'est une médecine qui se caractérise par la rapidité des prestations appropriées, efficientes et de qualité dont l'objectif est de venir en aide immédiatement à la personne en situation de détresse. Mais pour ce faire, une volonté politique et administrative de prioriser le secteur pré-hospitalier et d'y accorder les ressources humaines, financières, matérielles et informationnelles, sont nécessaires à la réalisation de ces objectifs et de ce projet qui remonte à quelques années. A quand la mise en œuvre effective du SAMU ? Avec 4.000 décès par an et des milliers de blessés et d'handicapés physique à vie, la situation actuelle de la prise en charge des accidentés et blessés graves dans notre pays reste en deçà de ce que nous sommes en droit d'attendre. C'est vrai que la plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu'elle et qu'à ce titre la protection civile fait ce qu'elle peut avec ses moyens et ses propres personnels, elle est le seul intervenant en phase pré-hospitalière, une situation qu'elle n'a pas choisie. Ces dysfonctionnements dans la chaine de secours et de la gestion médicalisée des urgences sur le lieu même de l'accident sont inhérents au retard accusé dans la mise en œuvre effective du SAMU de Casablanca qui pourra servir de modèle aux autres SAMU qui viendront par la suite. L'implantation des SAMU au niveau des différentes régions du royaume doit pouvoir s'inscrire dans les mesures prioritaires et stratégiques du ministère de la Santé , des mesures qui doivent être mises en place au cours des cinq prochaines années au cours desquelles l'actuel gouvernement pourra mettre en exécution un projet très important pour notre pays car il permettra l'implantation dans toutes les régions du Maroc d'une chaîne d'intervention rapide qui sauvera des milliers de vies humaines. Avec l'actuel ministre de la santé, le Pr Hossein Louardi, spécialiste en urgentologie, il y a tout lieu de croire que la mise en œuvre de ce projet et des changements indispensables pour les urgences pré- hospitalières pourront se réaliser plus facilement. C'est ce que nous espérons tous, c'est ce qu'attendent les citoyens, c'est ce que demandent nos élus, c'est aussi la politique de notre gouvernement et donc la modernisation des services d'urgences est un choix de société, celui de toute la nation, celui de notre roi Mohammed VI dont la sollicitude à l'égard de la santé des citoyens est constamment renouvelée. Pour tout cela et au regard des réels enjeux que représentent aujourd'hui des services d'urgences dignes de ce nom, l'urgence doit s'affirmer comme une mission de santé publique à part entière, qui doit impliquer l'ensemble de nos forces vives, des professionnels de santé (public-privé) des médecins, des infirmiers, des établissements hospitaliers ....... D'ici là portez-vous bien