Le programme «Villes sans bidonvilles» a connu un succès dans les petites et moyennes villes. Cependant, il est perturbé dans les grandes métropoles comme Casablanca, qui concentre plus de 30% des bidonvillois du Maroc. Leur nombre ne cesse d'augmenter malgré les recensements effectués avec l'objectif de les reloger. En 2007, Taoufik Hjira, à l'époque ministre de l'Habitat, avait annoncé que le programme de «Villes sans bidonvilles» (VSB) devrait s'achever en 2010. Trois ans plus tard, le ministre istiqlalien a été contraint de reporter la fin du programme à 2012. En 2013, le programme semble encore traîner le pas. Nabil Benabdallah a évité de fixer un échéancier précis, mais plusieurs experts en matière d'urbanisme et de développement local estiment que les objectifs sont difficilement réalisables, surtout dans les grandes métropoles, à commencer par Casablanca et Rabat. En tout cas, d'après les dispositions de l'actuel projet de la Loi des Finances, l'année 2014 connaîtra l'accélération du Programme VSB, à travers notamment la déclaration de 11 nouvelles villes sans bidonvilles, à savoir : Ksar Lekbir, Sidi Slimane, Ben Yakhlef, Kalaa des Sraghnas, Settat, Sidi Bennour, Al Hoceima, Berkane, El Brouj, Smara et Sidi Yahya Al Gharb. Il est clair que VSB connaît un succès dans les petites et moyennes villes, mais il est handicapé dans les grandes cités. Il faut dire que lors de son lancement, VSB ciblait 270.000 ménages, mais à fin 2010, ce programme a été réajusté pour toucher 326.000 familles, soit une progression de 21%. Le projet concernait 85 villes et centres urbains. Des milliers de ménages éligibles au recasement sont recensés annuellement. Selon le département de tutelle, cette croissance est due à l'expansion du périmètre urbain de certaines villes qui ont créé de nouveaux douars ou bidonvilles, au morcellement prémédité des baraques par la population et aussi à la poussée démographique. Pour Casablanca et Rabat, les objectifs ne sont pas atteints dans les délais. L'année 2012 a été déclinée comme date butoir, mais plusieurs obstacles, notamment fonciers et de financement, perturbent les projets. Le Grand Casablanca abrite le tiers des bidonvilles recensés au niveau du Royaume. Ainsi, le nombre des ménages conventionnés s'élève à près de 80.000 et sont concentrés, essentiellement, dans la commune de Sidi Moumen et Hay Mohammadi. Les bidonvilles restent l'un des points noirs de Casablanca. SM le Roi, dans son discours tenu récemment devant le Parlement a pointé sévèrement du doigt la mauvaise gouvernance locale à Casablanca. «C'est connu par tout le monde. C'est un business bien organisé que celui des logements de recasement. Certains bidonvilles ont vu leur nombre d'habitants doubler en un temps record, dépassant largement la moyenne nationale», souligne un Conseiller de la ville de Casablanca. Il a expliqué que «ce n'est pas un problème d'offre foncière, mais plutôt de contrôle de ces populations. C'est le manque de vigilance des autorités locales qui a fait pousser des «patelins» périphériques comme Lahraouyine ou douar Tkalya. Le nombre des bidonvillois ne cesse d'augmenter malgré les recensements effectués et arrêtés». Ces derniers temps, le ministère de l'Intérieur a démis de leurs fonctions plusieurs présidents de communes et autres conseillers pour non-respect des normes d'urbanisme. Cette mesure peut s'avérer dissuasive pour donner l'exemple et inciter les autres représentants locaux à se conformer à la loi. Mais dans la réalité, le «business» du logement clandestin est tellement lucratif qu'il continuera de séduire bon nombre de ces agents d'autorité. La réaction rigoureuse du département de tutelle ne peut être, à elle seule, dissuasive pour arrêter la prolifération de l'habitat clandestin. L'approche autoritaire a montré ses limites et ne peut résoudre le problème dans le fond, celui de l'insuffisance du nombre de logements.