Casablanca, «ville sans bidonvilles» n'est pas pour demain. Et pourtant une enveloppe globale de huit milliards de dirhams a été réservée aux programmes de résorption de l'habitat insalubre dans la région du Grand Casablanca. Le retard est dû au manque de suivi des programmes de lutte contre l'habitat insalubre, mais surtout aux irrégularités qui entachent l'opération de recasement des bidonvillois. Ces derniers montent aujourd'hui au créneau et protestent contre cette lenteur et ces dysfonctionnements. Les habitants des bidonvilles «Carrières centrales», «Lakrimate», «El Kabla» dans la préfecture des arrondissements de Hay Mohammadi Aîn Sbaâ comptent organiser un mouvement de protestation demain mercredi pour dénoncer les irrégularités qui entachent l'opération de leur recasement dans des gîtes salubres. Au bidonville «Lakrimate», la tension est montée d'un cran après des jugements rendus à l'encontre des bidonvillois les sommant à évacuer les lieux sans pour autant bénéficier d'un toit décent. Ce qui a entraîné un état d'angoisse et d'agitation sur les lieux. Plusieurs associations humanitaires se sont mobilisées pour défendre leur cause. A Sidi Moumen, le nouveau pôle urbain intégré «Assalam», lancé par le Souverain et devant accueillir quelque 77.000 habitants des bidonvilles de Sidi Moumen, Sakouila, Thomas, Rhamna et Zaraba, ressemble aujourd'hui à un village anarchique. Les violations des dispositions du code de l'urbanisme sont flagrantes. Des rez-de-chaussée se sont transformés en locaux commerciaux sans aucun respect de l'environnement et des lois régissant l'urbanisme, en plus du mauvais accompagnement technique, social et financier de l'opération de recasement. S'ajoutent à cela les irrégularités ayant entaché le processus de recensement des bénéficiaires. Ce qui a poussé ces derniers à manifester leur colère au cours de la semaine dernière en organisant des sit-in devant le siège de l'arrondissement de Sidi Moumen. A Ain Chock, le maire de Casablanca avait inscrit en 2007 à l'ordre du jour d'une session de la commune urbaine un point concernant l'expropriation d'un terrain situé à la périphérie de la ville pour le recasement des bidonvillois de la zone. Finalement, il s'est avéré que la procédure du maire n'était qu'une manœuvre pour exercer des pressions sur les propriétaires du terrain en question en vue de le céder à l'un de ses associés. Cela a été évoqué à l'époque par les élus de l'opposition, notamment ceux du PPS et de l'USFP, devant les conseillers de la ville et le représentant de l'autorité locale. Le point concernant l'expropriation a été reporté et n'a jamais été abordé par la suite, alors que le terrain en question a été vendu !!! Voilà comment certains élus gèrent les fichiers explosifs des bidonvillois dans une métropole où il y a les plus grands et complexes bidonvilles à l'échelle nationale. Rappelons que le nombre de bidonvilles dans la région du Grand Casablanca s'élève à 480, soit 36 % du nombre total des bidonvilles sur l'ensemble du territoire national. Ces 480 bidonvilles abritent environ 100.000 ménages (500.000 personnes).