Les parents d'élèves du privé se constituent en association pour faire face aux abus et aux pratiques des écoles privées. L'enseignement privé a gagné du terrain, durant les dernières années, face à la démission du système d'éducation public. En l'absence de suivi des instances de contrôle, les écoles privées dictent leur loi. Durant les dernières années, il y a eu une inquiétante perte de vitesse du système d'éducation public qui n'exerce plus son rôle, cédant la place à l'enseignement privé. Une réelle niche pour les écoles privées qui en font un business juteux. Ces établissements se sentent en position de force et dictent leur loi en l'absence de contrôle, de suivi, de veille et, surtout, de sanctions de la part des instances de contrôle. A savoir les délégations régionales et les académies qui ne remplissent plus le rôle déterminant qui leur incombe. Pour faire face aux pratiques et aux abus de ces écoles privées dont le rôle déterminant est de former les générations de demain, les parents d'élèves des écoles privées se sont mobilisés en créant une association. C'est lors de la première réunion des parents d'élèves scolarisés dans le privé, organisée le samedi 2 novembre, que les fondements de ladite association ont été dévoilés. L'objectif étant de faire respecter les droits fondamentaux et l'application des textes en vigueur pour réinstaurer un rapport de confiance entre les parents et les écoles privées, désormais mis à mal, comme l'a bien souligné Leïla Alaoui Benhachem, fondatrice et porte-parole du collectif des parents d'élèves du privé. Aussi, l'objectif est de redonner la parole aux parents, la réappropriation des droits élémentaires, notamment de se grouper en association afin de réunir autour d'une même table les deux parties d'une manière régulière pour entamer une discussion participative... Augmentations des tarifs des frais de scolarité non justifiés, problème de gouvernance et de formation, exclusion des parents de toute décision... sont autant de problèmes quotidiens auxquels font face les parents de plus en plus impuissants. Cette association, qui est un droit bien défini dans la Charte nationale de l'éducation et de la formation, permettra aux parents de ne plus se sentir isolés dans leurs actions et de faire respecter leurs droits longtemps bafouillés par une majorité des établissements privés. «Les parents qui redoutaient le droit à la parole parce qu'ils appréhendaient la pression que l'école pouvait exercer sur leurs enfants seront, désormais, sous la coupole d'une Association qui défendra leur droit», a précisé Leïla Alaoui Benhachem. «Si nous mettons autant de moyens, nous devons exiger autant de résultats tout en respectant nos droits. Ce qui n'est pas toujours le cas», estime un parent d'élève. En effet, les questions qui taraudent les esprits des parents : combien coûtent les études des enfants ? Y a-t-il un cadre réglementaire régissant le secteur de l'enseignement privé au Maroc ? Ces établissements respectent-ils la loi ? Le constat, aujourd'hui, est qu'une grande majorité des citoyens est contrainte de scolariser ses enfants dans le privé. Un choix forcé en l'absence d'alternatives et qui constitue une double imposition pour les parents qui, d'une part, payent leurs impôts sans pour autant bénéficier d'une éducation gratuite. Et, d'autre part, subissent les frais exorbitants des écoles privées pour assurer à leurs progénitures un enseignement digne. Le privé n'est plus une alternative ou un luxe, mais plutôt une obligation face à la passivité de l'école publique. Force est donc de constater l'urgence de mettre un cadre structurant pour que nul ne soit lésé.