Entre les restrictions en matière d'octroi de crédits et la hausse du prix du ciment, les promoteurs immobiliers ne savent plus à quel saint se vouer. Ils estiment que la situation est trop délicate, nécessitant une intervention des pouvoirs publics. Les dernières statistiques sur les transactions immobilières font ressortir une baisse de 6,7% au cours du premier trimestre de l'année en cours. Et la baisse est loin d'être terminée. Elle n'est pas propre au secteur de la pierre dans la mesure où d'autres pans de l'économie ont affiché une nette baisse pour des raisons liées peu ou prou à la morosité du contexte actuel. Aussi, la chute n'est-elle pas la même pour l'ensemble des segments des actifs immobiliers (biens résidentiels, commerciaux...). En glissement annuel, les transactions ont enregistré une baisse de 8,1%. Les conséquences de ce repli sont désormais visibles et même quantifiables. D'après les analystes, sur le plan macro-économique, le secteur du BTP, dont la composante principale est constituée par les activités liées à la construction de logements, a enregistré une baisse significative de sa valeur ajoutée et une perte en matière d'emplois. Les ventes de ciment, principal indicateur, ont accusé au terme des quatre premiers mois une baisse historique par comparaison aux évolutions enregistrées au cours de la même période des dernières années. Elles ont atteint 5 MT contre 6 MT pour la même période de l'année précédente, soit une baisse de 16,5%. C'est la baisse la plus importante enregistrée pour la même période au cours des sept dernières années. A l'occasion de la publication de leurs résultats annuels de l'exercice écoulé, les cimentiers ont tiré la sonnette d'alarme. Prévoyant une baisse d'activité de 5 à 10% en 2013, ils appellent les pouvoirs publics à agir et à écarter le scénario de nouvelles taxes. Dans un récent communiqué publié par l'Association professionnelle des cimentiers, nous apprenons que 50% du chiffre d'affaires du secteur alimentent les caisses de l'Etat sous forme de divers impôts et taxes. Une situation qui a entraîné le surenchérissement de 25% du coût de la construction. Ce qui n'est pas exempt d'incidences sur l'offre dans le secteur. «Cette situation va engendrer une baisse encore plus importante des investissements dans le domaine de construction à travers la variable des prix, ce qui va aggraver la situation du secteur», s'alarment à leur tour les conjoncturistes dans leur dernier bulletin. Le constat est donc unanime : si aucune action n'est engagée dans l'immédiat par les pouvoirs publics, le secteur connaîtra ses pires difficultés. D'après eux, la situation du secteur n'est pas rassurante et nécessite une intervention rapide, ciblée et intelligente de la part des pouvoirs publics, par le biais de mesures opérationnelles susceptibles de relancer le secteur dans le court et le moyen termes. La décélération ! Autre indicateur important, c'est l'encours des crédits à l'immobilier qui ont enregistré une hausse de 1,8% au premier trimestre 2013 contre 0,9% pour le trimestre précédent. L'encours des crédits destinés à l'acquisition des logements a augmenté de 2,1%. L'encours total des crédits à l'immobilier a atteint à fin mars 2013, le montant de 222 Mds de DH, soit une hausse de 7% par rapport à la même date de l'année 2012. Toutefois, cette hausse reste légèrement inférieure par rapport à la performance de l'année dernière qui a été de 8%. Cela dénote de la décélération de la production des crédits octroyés au secteur de l'immobilier par les banques, suite au ralentissement des composantes de l'investissement et des acquisitions du logement. Ce qui inquiète outrageusement les promoteurs immobiliers qui reprochent aux banques de trop rationner le crédit. La Fédération nationale des promoteurs immobiliers envisage même une rencontre avec le gouverneur de BAM pour trouver une issue. A rappeler qu'au courant du mois de mars 2013, les autorités monétaires ont décidé de maintenir le taux directeur à son niveau de 3%. Cette décision importante de la banque centrale qui vise la maîtrise des taux d'intérêts bancaires à des niveaux tolérables permettant de stimuler la croissance économique a eu les effets escomptés. Désormais, une nouvelle configuration se dessine ! Au-delà des acquis dont a bénéficié le secteur, de nombreuses contraintes continuent de le handicaper. On peut citer à cet effet, la faible concurrence qui n'exacerbe pas la compétitivité, la complexité des procédures, les difficultés d'accès au foncier, l'insuffisance des moyens de financement et la lourdeur de la fiscalité. On se rappelle chaque fois, le vieil adage «Quand le bâtiment va, tout va», lancé par Martin Nadeau, cet ancien maçon. Et donc, pouvoirs publics, promoteurs et cimentiers ne peuvent ne pas se serrer les coudes dans de pareilles circonstances.