Pour les bas revenus, l'offre en logements locatifs est faible, essentiellement cantonnée dans les quartiers populaires ou périphériques et ne répond pas aux standards de l'habitat. Le logement locatif social n'est pas investi du fait de l'absence de l'intérêt de la part des opérateurs du secteur. Le logement locatif est un axe majeur pour atténuer la pression sur la demande en habitat, surtout dans les grandes métropoles qui connaissent un essor économique et démographique important. Cette dernière décennie, l'Etat a décidé de booster le secteur de l'habitat, notamment au niveau du segment du social. Le nombre de propriétaires au Maroc par rapport aux locataires s'est nettement amélioré. Mais le locatif reste toujours un créneau très porteur, vu les potentialités existantes sur le marché et vu la demande. Pour l'immobilier d'affaires ou le haut standing, il y a assez d'offre par rapport à la demande, mais c'est au niveau des bas revenus et des revenus intermédiaires que la situation est problématique. Cette population n'arrive pas à accéder au logement social du fait de l'exigence d'une avance de 50.000 DH. Une somme qui est dissuasive pour une bonne partie de ces personnes. Un logement répondant aux standards modernes (genre appartement) n'est disponible dans des villes comme Casablanca ou Rabat qu'à partir de 2.000 DH, soit l'équivalent du SMIG. L'offre existe essentiellement dans les quartiers périphériques, ce qui n'est pas à la portée de plusieurs familles. L'offre la plus fréquente concerne une ou deux pièces dans les quartiers populaires où les toilettes sont exploitées en commun avec d'autres locataires. Les prix pratiqués commencent à partir de 1.000 DH. Ce locatif populaire est notamment caractérisé par des locations domestiques dans des maisons marocaines à loyer modeste et avec une cohabitation. L'accès pour ce genre d'habitat nécessite le plus souvent des pas de porte ou de grosses avances qui oscillent entre 10.000 et 30.000 DH. Conscient de cette situation, le gouvernement a commencé à se pencher sur cette question à partir de 2011. Depuis son investiture à la tête du ministère de l'Habitat, Nabil Benabdellah a déjà évoqué ce sujet et lancé des pistes de réflexions. Les cadres du département de tutelle ont étudié un schéma pour présenter une offre. L'idée est de lancer des mesures incitatives pour doper ce créneau. Il est question d'intéresser des acquéreurs pour le logement locatif social. Une option qui ne peut pas intéresser les personnes physiques, du fait que le loyer serait limité à moins de 1.200 DH. Le retour sur investissement n'est assuré que pour le long terme sachant que ces propriétaires ont la possibilité de louer facilement à plus de 2.000 DH. Donc, le logement locatif social est un créneau qui ne peut séduire que les institutionnels comme les banques, les compagnies d'assurance, ou les caisses de retraites. Mais encore faudrait-il les inciter pour ce genre de projet ? Dossier réalisé par C. Jaidani Le niveau des locataires en baisse Les statistiques du Haut commissariat au plan (HCP) font ressortir que le parc du logement locatif au Maroc est estimé à près de 930.000 unités pour une nombre global de logement de 3,2 millions, soit un taux de 29,2%. Ces chiffres arrêtés dans le cadre du recensement général de la population effectué en 2004 ne reflètent pas assez la situation actuelle du marché. Puisque, depuis cette date, le schéma de l'habitat au Maroc a nettement changé, avec la percée notoire du logement social qui a permis à plusieurs milliers de Marocains d'accéder à la propriété. Ces données montrent clairement que le locatif a nettement reculé au profit de la propriété. Les estimations tablent sur un niveau de locataires urbains à moins de 20%, alors qu'il était à 27% en 2001. Mais la demande du logement locatif, sous l'effet de la croissance démographique et économique, est assez présente et elle est concentrée dans les grandes métropoles où l'axe Casablanca-Rabat regroupe près de la moitié de cette demande