La quatrième édition des Intégrales de la finance organisée par CDG Capital a été l'occasion de revenir sur l'intérêt premier des marchés financiers et qui est l'accompagnement de l'économie. Que ce soit Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances, ou Hamid Tawfiki, DG de CDG Capital, ils sont tous revenus sur l'urgence de mettre en place des réformes. "Fondamentaux, fondamentaux puis fondamentaux». C'est à travers ces mots que Hamid Tawfiki a expliqué l'importance première du marché financier qui est d'accompagner et de refléter l'état de l'économie. Selon lui, «tôt ou tard, il faut revenir aux fondamentaux». L'objectif de ces Intégrales était de relever les défis auxquels est confronté le marché financier marocain tout en essayant de mesurer leur impact. Dans son discours, Hamid Tawfiki s'est longuement arrêté sur le marché de la dette, aussi bien publique que privée. Car c'est le compartiment qui draine le plus de volumes et il est directement relié à l'industrie bancaire de distribution de crédit. Nous parlons ici d'un marché de plus de 300 Mds de dirhams. Fidèle à lui-même, Hamid Tawfiki a directement relevé l'importance de mettre en place une courbe des taux zéro coupons. En effet, ce type de courbes permet aux gérants obligataires d'avoir un indice de référence qui peut leur servir de benchmark pour la gestion passive, à l'instar de ce qui existe pour le marché des actions. En plus, ce marché n'a toujours pas de méthode de valorisation standard permettant aux investisseurs de prendre rapidement des décisions sur une base comparable. Les instruments de couverture sont pour leur part inexistants, alors que les volumes de transaction sont importants. Enfin, le marché de la dette a besoin de market makers, ces institutions qui offrent de la liquidité au marché et qui sont généralement les salles de marché des banques. Le Directeur général de la CDG a mis l'accent sur l'importance de différencier cette activité de celle du Trading qui consiste à prendre des positions directionnelles sur les marchés. Sur le prêt-emprunt de titres, les intervenants ont expliqué que, pour l'heure, il serait plus utile pour le marché obligataire que pour le marché action. Ce mécanisme permettrait à son tour aux gérants d'être encore plus réactifs. En attendant la mise en place de ces réformes, il y a lieu de relever quelques anomalies sur le marché de la dette. En effet, la courbe des taux longs est aberrante à l'image de la courbe des taux à dix ans qui, aujourd'hui, comporte une prime de risque plus importante qu'un portefeuille de prêts hypothécaires. Une situation qui montre que les investisseurs ne sont pas du tout confiants quant à la situation budgétaire du Royaume. Liquidité et compensation: Les deux variables qui plombent le marché financier «Le marché financier est un organisme vivant. Il doit évoluer avec les besoins de l'économie», a déclaré Hamid tawfiki pour expliquer le retard pris par certains compartiments de notre marché financier. Pour lui, le développement d'un marché financier solide est un critère réel de compétitivité pour notre économie. Il s'est basé sur les travaux du World Economic Forum pour appuyer ses dires. En effet, l'institution internationale considère la maturité du marché financier pour évaluer la compétitivité d'un pays, car le développement de ce dernier offre aux entreprises des conditions de financement optimales. Et sur ce point, le Maroc est classé à la 64ème place sur un total de 144 pays. Pour sortir de cette situation, le développement d'une chambre de compensation pour de nouveaux produits financiers paraît indispensable. La problématique de la compensation est d'ailleurs devenue à la mode. De plus en plus d'économistes expliquent que ce point n'est pas toujours évoqué lors des discussions sur le développement d'un marché financier, car ces chambres de compensation sont perçues comme ayant de simples fonctions administratives ou supports. Or, une chambre de compensation efficace donne au marché financier plus de crédibilité en augmentant la confiance des investisseurs. Selon Tawfiki, «dans le cadre du prêt emprunt des titres, une chambre de compensation efficace sera nécessaire et je pense qu'elle sera sous la tutelle de Bank Al-Maghrib». Le deuxième talon d'Achille de la place casablancaise est la sous-liquidité. L'une des solutions proposées est d'institutionnaliser la notion de Market Making sur le marché boursier également. Mais, de l'avis de Tawfiki, le plus important est que les investisseurs comprennent bien le fonctionnement des marchés financiers. Ils doivent savoir appréhender le risque. Aussi, la diversité des intervenants n'est-elle pas suffisante. Ils doivent en plus s'exprimer différemment avec des profils et des perceptions différents. «Le marché ne peut pas être liquide lorsque tout le monde agit de la même manière et dans le même sens», a t-il expliqué. Selon lui, le marché doit disposer d'investisseurs de court terme, de long terme, d'investisseurs en valeurs et de tous autres profils possibles pour que les institutionnels puissent correctement intervenir. Pour ces derniers, il a exprimé son souhait de les voir se regrouper en associations, à l'image des sociétés de Bourse et des sociétés de gestion, pour mieux communiquer et faire valoir leurs intérêts.