Dans le cadre de ses activités culturelles, la fondation Al Mada célèbre, du 27 octobre au 27 janvier 2021 aux villas des arts de Rabat et Casablanca, l'artiste Azemmouri, Bouchaïb Habbouli, à travers une exposition rétrospective qui retrace la démarche picturale de l'artiste. Ce n'est pas si souvent qu'on peut se vanter d'exposer Habbouli, car cet «incontournable certainement, trop discret assurément» porte un sentiment tellement exclusif à sa ville natale, Azemmour, qu'il ne peut s'en éloigner qu'à son corps défendant. Né en 1945 à Azemmour - où il vit et travaille -, Bouchaïb Habbouli est un peintre autodidacte. Son goût du dessin et de la couleur l'amène à suivre, au lendemain de l'indépendance, une formation d'animateur plastique dispensée par le ministère de la Jeunesse et des Sports. De 1957 à 1963, il fréquente les ateliers de La Mamora (à Rabat) et encadre en même temps les enfants, qui occupaient régulièrement l'espace de la maison des jeunes de sa ville natale. L'artiste peintre a suivi des formations de base en art plastique et s'est consacré à l'enseignement sans pour autant arrêter sa recherche plastique profonde entre le modernisme occidental et la culture marocaine. D'une seule et unique teinte, souvent sombre - utilisant beaucoup le brou de noix -, Bouchaïb Habbouli a tiré une multitude de nuances chromatiques qui nourrissent ses formes doublées, disséminées sur la toile, ou étalées pour créer des dégradages plus ou moins nets. Donnant ainsi à voir une anthologie des visages aux volumes divers : élancées, aplaties, à peine suggérées et élaborées dans des traits vigoureux. La démarche, par excellence, est mythique. Cette ascèse plastique permet au peintre de privilégier la forme et ses variations, de les retravailler pour en tirer le maximum d'interprétations possibles. Le collage lui a permis de transfigurer les portraits et de les livrer à une renaissance formelle. Ses aplats de couleurs et ses dégradés chargés d'émotion sont une invitation à l'évasion et à la réflexion.