◆ L'analyse des résultats par BMCE Capital Research fait état d'un repli historique des bénéfices, impactés, entre autres, par les contributions au Fonds Covid-19. ◆ En termes de revenus, les contre-performances des valeurs industrielles ont été atténuées par la bonne résilience globale du secteur bancaire.
Par Y. Seddik
Comme attendu, les sociétés cotées, terrassées par la crise sanitaire, ont vu leurs bénéfices fondre comme neige au soleil au terme de ce premier semestre. Peu sont celles qui y ont échappé. En effet, la masse bénéficiaire agrégée de la cote a chuté de 54,3% à 7,2 Mds de DH, pénalisée principalement par les contributions au Fonds Covid-19. BMCE Capital Research (BKR) a analysé les comptes semestriels 2020 des sociétés cotées. Le premier constat relevé par la cellule de recherche est la résilience des revenus grâce aux banques. «Au volet commercial et en dépit des arrêts d'activité complets ou partiels de plusieurs secteurs suite aux mesures sanitaires décrétées par les autorités à partir du mois de mars, les revenus totaux des sociétés cotées limitent leur recul à -5% pour se fixer à 113,2 Mds de DH», écrivent les analystes. Dans le détail, la baisse a été plus marquée chez les industriels, dont le chiffre d'affaires (CA) a reculé de 10,1% à 70,2 Mds de DH. La recherche de BMCE explique cela par «l'impact négatif de la pandémie sur l'activité commerciale des immobilières, des opérateurs gaziers, du secteur BTP et des distributeurs automobiles». Toutefois, cette mauvaise dynamique a été légèrement atténuée par l'accroissement des revenus de la grande distribution, qui a profité notamment de la hausse du taux de fréquentation de l'ensemble de ses points de vente ainsi que l'engouement des clients pour les produits de première nécessité (effet stockage). Mais aussi par le bon comportement du Core business de Maroc Telecom et l'intégration dans son périmètre de consolidation de la nouvelle filiale Tigo Tchad. Les sociétés financières sauvent les meubles Les sociétés financières, les banques en premier lieu, ont permis de limiter la casse des revenus. Le PNB du secteur bancaire coté a progressé de 6,3% à 34,3 Mds de DH. Cette hausse émane essentiellement de la hausse de 8% des marges d'intérêt et de l'amélioration de 5% du résultat sur opérations de marché suite à la baisse des taux obligataires au Maroc au deuxième trimestre. L'autre composante du PNB, la marge sur commissions, a reculé de 1,7% suite vraisemblablement à l'instauration de la gratuité des services, notamment sur le canal digital. Une résilience est aussi relevée chez les assureurs dont les revenus ont diminué de 1% à 8,6 Mds de DH, intégrant des replis de 1,4% du CA dans la branche Vie et de 0,8% dans le segment non-Vie. Baisse historique des bénéfices à relativiser En termes de bénéfices, et en prenant en compte l'intégration totale ou partielle des contributions au profit du Fonds spécial pour la gestion de la Covid-19, le RNPG global cède 54,3% pour atteindre 7,2 Mds de DH. En zoomant, la masse bénéficiaire des sociétés non-financières s'est dépréciée de 49,2% à 4,1 Mds de DH, plombée principalement par la comptabilisation «one-shot» de la contribution au Fonds Covid-19, notamment 1,5 Md de DH pour Maroc Telecom et 600 MDH pour LafargeHolcim et Ciments du Maroc. Chez les banques, la capacité bénéficiaire a reculé de 58,2% à 2,8 Mds de DH, s'expliquant par la montée en flèche du coût du risque (+240%, soit un taux du coût du risque moyen de 1,9% contre 0,8% au S1-2019) et par l'impact de la contribution au Fonds Covid-19. Par ailleurs, le résultat déficitaire de Wafa Assurance (-191,5 MDH) a pesé sur le secteur, qui enregistre une détérioration de 71% du RNPG à 265,8 MDH. Rappelons que le résultat négatif de la compagnie est expliqué par un provisionnement prudent, une contreperformance des marchés financiers et par l'annulation, la suspension ou le report des versements de dividendes de certains émetteurs. Selon BMCE Capital Research, 6 Mds de DH ont été versés par les sociétés cotées au Fonds Covid19. Hors impact des contributions, le RNPG de la cote ressortirait en baisse de 29% à 11,2 Mds de DH.