◆ Une plateforme «web» verra bientôt le jour afin de leur faciliter l'accès aux marchés. ◆ Plusieurs entreprises publiques et privées y émettront des appels d'offres.
Par B. Chaou
Les autoentrepreneurs figurent parmi les tranches socioprofessionnelles qui ont le plus subi les effets économiques de la crise sanitaire. Dépendant d'un travail journalier ou encore de prestations sous forme de «freelance», la majorité d'entre eux s'est retrouvée sans revenus à partir de la période du confinement. Il est ainsi devenu important de pouvoir réintégrer au plus vite cette catégorie de travailleurs dans le tissu économique, surtout que depuis le début de la crise, leur nombre n'a cessé d'augmenter. «Suite aux pertes d'emplois, plusieurs personnes se sont réfugiées dans le statut autoentrepreneur, dont le nombre a ainsi nettement augmenté, passant de 130.000 à 237.000 actuellement. Il faut réinventer de nouvelles solutions pour les accompagner à trouver des débouchés, d'où le prochain lancement de la plateforme Dati», nous déclare Zakaria Fahim, président de l'Union des autoentrepreneurs du Maroc. Justement, à l'initiative d'un autoentrepreneur marocain, et encouragée par l'Union des autoentrepreneurs du Maroc, cette plateforme aura pour vocation de faciliter l'accès aux autoentrepreneurs aux différents marchés. D'ailleurs, plusieurs entreprises marocaines du secteur privé ou public, à l'image de la CCG (Caisse centrale de garantie) rejoindront cette initiative afin de «booster» les appels d'offres. «Cette plateforme offrira également des formations ainsi que des moyens technologiques, majoritairement à titre gratuit, pour aider les autoentrepreneurs à se familiariser avec les nouveaux outils de travail. Des compagnies comme Microsoft et IBM on rejoint cette initiative afin de prêter main forte en termes d'outils et d'accompagnement en formation», explique Zakaria Fahim. Une approche multidimensionnelle La création de plateformes telles que «Dati» permettra sans aucun doute d'explorer de nouvelles pistes qui aideront à l'émergence des travailleurs indépendants. Ce genre d'initiative instaure, en effet, une approche multidimensionnelle dans laquelle les acteurs du privé ainsi que ceux du public contribueraient à élargir le marché en faveur des autoentrepreneurs, dans une optique d'inclusion socioéconomique. Un besoin qui ne saurait attendre, surtout en l'état actuel de la situation économique. Notre interlocuteur ne manque d'ailleurs pas de rappeler que «moins de 15% des autoentrepreneurs arrivent aujourd'hui à réaliser un chiffre d'affaires, et il s'agit uniquement des professionnels exerçant dans le secteur informatique. Il faut donc trouver des solutions et des initiatives rapides et efficaces pour les épauler durant cette phase économique critique». Financement et couverture sociale Par ailleurs, d'autres «besoins» de cette tranche socioprofessionnelle sont à rappeler, dont l'absence jusqu'ici de sécurité sociale. Pour les professionnels, c'est un chantier sur lequel il faut s'empresser d'avancer. «Suite au discours de Sa Majesté sur l'élargissement de la couverture sociale, nous comptons avancer sur ce dossier au plus vite. Car il demeure inconcevable que les autoentrepreneurs paient des impôts sans bénéficier de couverture, ce qui rend leur situation socioéconomique encore plus désastreuse, et nous avons déjà attiré l'attention sur cette problématique auparavant», explique Zakaria Fahim. Il déplore également le manque de soutien financier en faveur des autoentrepreneurs. D'après lui, il faut examiner d'autres pistes pour diversifier les sources de financement, à l'image du crowdfunding. Il ressort ainsi des propos des professionnels que les autoentrepreneurs appellent aujourd'hui les responsables à leur faciliter l'accès au financement et aux marchés. Et ce, à travers de nouvelles solutions qui passeraient par des initiatives telles que «Dati». Ils souhaitent bénéficier également des avantages sociaux.