◆ L'Ordre national des ingénieurs géomètres topographes (ONIGT) a mis en place deux commissions pour faire le suivi de la situation des effets de la pandémie sur la profession. ◆ Le point avec Khalid Yousfi, président de l'Ordre national des ingénieurs géomètres topographes.
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : Quel est l'impact de la crise sanitaire sur votre activité ? Khalid Yousfi : La crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19 a impacté tous les secteurs économiques de notre pays dont principalement l'immobilier, le bâtiment et les travaux publics. La profession de l'ingénierie topographique, qui est transverse, est liée étroitement à ces secteurs, et par ricochet tous les cabinets d'ingénieurs géomètres topographes (IGT) ont connu un arrêt quasi-total de leur activité. Ainsi, et depuis le 16 mars 2020, l'enjeu principal de l'Ordre national des ingénieurs géomètres topographes (ONIGT) était de maintenir les emplois au niveau de la profession, accompagner les IGT en leur apportant des solutions appropriées aux difficultés rencontrées et collaborer avec les pouvoirs publics, les partenaires institutionnels et les acteurs professionnels. A cet effet, et afin de suivre de plus près la situation sur le terrain, l'ONIGT a mis en place deux comités : le «Comité de veille et de crise» (CVC), qui a pour vocation de formuler des réflexions et des propositions de mesures d'urgence et de suivre les effets de la pandémie sur la profession. Le deuxième comité, qui regroupe les présidents du Conseil national et des Conseils régionaux sous le nom de «Comité des présidents» (CDP), a pour mission d'assurer la coordination des actions de l'ONIGT avec les IGT au niveau des différentes régions du Royaume.
F.N.H. : Quel rôle joue le digital pour remédier aux contraintes imposées notamment pour faire face aux restrictions de déplacement ou dans vos relations avec vos partenaires notamment la conservation foncière ? K. Y. : Depuis octobre 2016 et conscient de l'apport important et l'impact très positif du digital sur la profession, l'ONIGT s'est engagé dans ce processus. Aujourd'hui, en ces temps difficiles, nous sommes fiers des divers partenariats que nous avons actés avec d'importantes administrations et institutions publiques dont l'Agence nationale de la conservation foncière du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) et le Groupe Barid Al Maghrib. Ces partenariats concernent la digitalisation de divers services et prestations rendues par l'IGT. Ceci réduit énormément les contraintes liées aux restrictions de déplacement. Par ailleurs, l'ONIGT s'est inscrit, et d'une manière intuitive, aux processus de dématérialisation lancés par d'autres partenaires, notamment le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, concernant les services rendus par les Agences urbaines, et le ministère de l'Intérieur dans la mise en œuvre de la plateforme Rokhas, qui est aujourd'hui dans sa 3ème version.
F.N.H. : Vous êtes à quelques mois de la fin de votre mandat. Quelles sont les mesures prises pour la mise à niveau de votre activité et l'amélioration de ses relations avec ses partenaires ? K. Y. : Depuis l'élection de l'actuel Conseil national que je préside, nous avons mis en œuvre le plan d'action 2016-2020, «nouvelle vision pour une nouvelle ère de l'ONIGT». Aujourd'hui, nous sommes fiers des diverses collaborations que nous avons actées au niveau national avec d'importantes administrations et institutions publiques, et au niveau international avec des organisations professionnelles similaires à la nôtre. Les partenariats les plus importants, qui sont au service de l'IGT et du citoyen, concernent la digitalisation de divers services et prestations rendues par l'IGT. Ceci évidemment dans le cadre du Plan Maroc numéric. Il y a aussi l'apport de l'expertise des IGT au rural dans le cadre des demandes d'autorisations de construire, acté avec le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme. Durant ce mandat, nous avons renforcé l'arsenal juridique qui régit la profession par la publication du décret portant Code des devoirs professionnels (CDP) au BO, tant attendu par l'ensemble des IGT depuis plus de deux décennies. Parmi les dispositions réglementaires les plus importantes, je citerai d'abord les normes techniques nécessaires à l'amélioration de la qualité de nos prestations. Ensuite, il y a le Guide référentiel des honoraires (GRH), pour une concurrence plus loyale. Enfin, il y a la capacité d'encadrement qui a pour objectif de maîtriser la taille des cabinets d'IGT privés et de leurs structures. Bien sûr, la formation continue a eu aussi une grande place dans notre plan d'action et conscient de son importance pour la mise à niveau de la profession, nous l'avons intégrée comme disposition obligatoire dans le CDP. Ainsi, nous avons organisé plusieurs séminaires, rencontres et ateliers durant ces quatre dernières années. Je n'oublierai pas de citer l'une des grandes réalisations durant ce mandat : la mise en place de la plateforme de gestion des contrats électroniques de l'IGT, dont l'un des objectifs principaux est la lutte contre la fraude et l'exercice illégal de la profession. Cette plateforme a été élaborée dans le respect total de la législation relative à la protection des données personnelles. D'ailleurs une autorisation a été délivrée à l'ONIGT par la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP). Aussi, l'ONIGT a été co-fondateur du Conseil professionnel du cadre bâti (CPCB), aux côtés de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), de la Fédération marocaine de l'ingénierie des essais et du contrôle (FEDEC) et de l'Ordre national des architectes (CNOA). L'objectif principal de ce Conseil est la réalisation du cadre bâti du citoyen marocain dans les meilleures conditions de vie. L'Ordre national des notaires a rejoint ce Conseil très récemment.
F.N.H. : L'ONIGT regroupe des membres du secteur public ainsi que ceux du secteur privé. Quels sont les efforts déployés pour faire converger les intérêts des deux parties ? K. Y. : L'ONIGT, créé par la loi 30-93, est une institution professionnelle dotée de la personnalité morale. Il a pour mission la réglementation et la gestion de l'exercice de la profession d'IGT au Maroc. Il défend les intérêts moraux et matériels de ses membres, tout en mettant en œuvre toutes actions devant rehausser le niveau de la profession par l'organisation de sessions de formation continue, de manifestations scientifiques et professionnelles. Il veille également au respect des règles déontologiques de la profession et mène des actions sociales. Toutes ses missions se traduisent sur le terrain par des actions qui concernent tous les IGT, qu'ils soient du secteur public ou du privé. D'ailleurs, les conseils, national et régionaux, sont constitués d'IGT du privé et du public, pour veiller au bon équilibre des décisions, et pour créer une synergie entre le privé et le public dans l'intérêt général du pays.