L'étude du Conseil de la concurrence sur les professions libérales et l'ouverture de «ce marché» à la libre compétition a été vécue comme une attaque par les concernés. Depuis que cette étude a été rendue publique, les représentants de ces professions sont montés au créneau pour dénoncer les conclusions du Conseil. Pour rappel, le Conseil de la concurrence a relevé plusieurs écueils qui entravent l'exercice d'une concurrence loyale dans les professions libérales (www.financenews.press.ma). Processus universitaire long et sélectif, barrières financière et morale à l'entrée, absence de passerelles interprofessionnelles entre différents métiers et une fixation des prix qui ne répond pas aux lois de l'offre et de la demande, sont autant de critiques que l'étude a soulignées. «Il existe une problématique de barrières excessives à l'entrée en comparaison avec l'Europe. Ces barrières rendent l'accès à la formation difficile, et cela n'est guère justifié», déclare le chargé de l'étude. Il ajoute que «même pour les métiers qui prévoient des passerelles comme le notariat, le prétendant doit d'abord démissionner de son poste avant de passer le concours. En cas d'échec, il se retrouve sans emploi». Par ailleurs, le Conseil rappelle que la plupart des professions libérales bénéficient d'un «droit exclusif de monopole», couplé aux fortes barrières à l'entrée.Cela crée une baisse de l'offre pour une demande captive (méconnaissance du service et obligation d'y souscrire), ce qui entraîne des abus. Le Conseil constate également que ces professions sont encore fermées à la forme sociétale et à l'actionnariat externe, comme ce que l'on peut retrouver ailleurs avec des entreprises regroupant avocats, architectes et notaires, par exemple. Cette situation, selon les analystes du Conseil, plaît aux professionnels qui ne s'en plaignent pas. Pourquoi les professionnels sont mécontents La première raison à ce mécontentement est d'abord l'objet de l'étude. «Pourquoi avez-vous fait cette étude ? A-t-elle été commandée ?», demande un intervenant. Pour les professionnels, cette étude est une première étape pour une libéralisation accrue du secteur, une sorte de prétexte. D'autres n'ont pas apprécié que des métiers aussi sensibles soient traités comme des commerces, avec tout ce que cela implique en termes de concurrence et de stratégies commerciales. «Il faut faire attention à ne pas traiter tous les services comme de la marchandise. Ces professions ont un rôle important pour la société», a déclaré un pharmacien. D'autre part, les professionnels n'ont pas apprécié la comparaison du Maroc avec des pays européens. «Vous avez défoncé des portes ouvertes. Nous n'avons pas besoin d'une étude pour savoir qu'on est en retard par rapport à la Grande Bretagne». Il aurait été plus adapté, selon les professionnels, de comparer le Maroc à des pays comparables ou alors adopter une approche régionale à l'intérieur du pays. Les professionnels ne sont pas du tout d'accord pour rendre ces activités capitalistiques. Le développement de la forme sociétale devrait entrainer une plus grande situation de monopole. En somme, l'idée est que les grands cabinets d'architectes et d'avocats de Casablanca et de Rabat pourront à travers cette forme de sociétés dominer tout le territoire national.