C'est une sorte de séance plénière qui a eu lieu mardi dernier à Skhirate, en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont Abdellah Baha, Najib Boulif et des représentants de différents ministères et départements d'Etat. L'objectif de ce rassemblement, pour lequel beaucoup de députés Pjdistes ont fait le déplacement, était de discuter gouvernance. Le timing est quelque peu inopportun car cela a coïncidé avec la dégradation, la veille, du Maroc par Moody's qui le place maintenant dans la catégorie «spéculative». Alors que les analystes de l'agence de notation jugent que le déficit public de 2012 est élevé (7,1% du PIB), les membres du gouvernement eux, n'en disent pas un mot lors de leurs allocutions et choisissent plutôt de discuter de l'investissement public et de son expansion. Il s'agissait en effet d'une réflexion sur la possibilité de faire converger toutes les stratégies de développement sectorielles et autres visions et programmes existants dans des stratégies globales et plus ciblées. Najib Boulif, ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, explique le principe : «Au lieu d'avoir un programme pour le logement social et un autre pour l'emploi par exemple, il serait peut-être plus judicieux d'avoir un programme global pour la classe moyenne ou la classe défavorisée». Boulif ajoute que «certaines politiques sectorielles telles qu'établies actuellement n'atteindront pas leurs objectifs. Il faudra rectifier le tir en regroupant peut-être toutes ces stratégies». Aujourd'hui, seul l'INDH est considéré comme programme transversal et horizontal. Le programme du gouvernement devrait s'inscrire dans une démarche participative et partenariale de mise en cohérence des politiques publiques en cours de mise en œuvre, en particulier celles portant sur les objectifs du Millénaire pour le développement, plus connues sous le nom d'OMD. Sa conception et son exécution intègrent la contribution des ministères en rapport direct avec les OMD (Education nationale, Santé, Développement social) et celle du ministère de l'Economie et des Finances. Il vise le renforcement des capacités nationales en matières d'analyse et d'évaluation des politiques publiques, particulièrement celles relatives à la protection sociale. Selon Boulif «peu importe le modèle utilisé, l'objectif restera toujours d'élever le niveau de vie du citoyen». Le ministère des Affaires générales et de la Gouvernance détient le plus grand chantier dans ce sens : celui de la compensation. Le ministre préconise la définition et l'analyse des instruments de coordination, d'harmonisation et de suivi de l'action publique de l'ensemble des intervenants dans le processus d'élaboration, de budgétisation, de mise en œuvre et d'évaluation des politiques publiques liées à l'atteinte des OMD. Reculer pour mieux sauter C'est donc un mea-culpa timide que semble faire le gouvernement. Paradoxalement, cela se fait en grandes pompes et en présence de l'ensemble des décideurs économiques relevant du secteur public. La question qui se pose est de savoir si ce changement de cap apportera des solutions plus probantes que les précédentes politiques dont certaines, rappelons-le, existent depuis une décennie. Selon Boulif : «Il faut faire un choix entre faire converger les politiques sectorielles en amont, lors de la prise de décision avant de décliner la stratégie économique globale du Royaume en stratégies sectorielles ou en aval, en regroupant l'existant». Car les deux méthodes impliqueraient des systèmes de gouvernance différents, selon le ministre. En tout cas, la réflexion est lancée. Le gouvernement devrait, selon le ministre délégué des Affaires générales et de la Gouvernance, s'appuyer sur l'avis d'experts nationaux et internationaux en provenance des secteurs public et privé afin de comprendre les expériences internationales en la matière. Plusieurs ateliers déclinés en 16 activités majeures sont prévus. Il sera d'abord question de mettre en place une vision partagée et consensuelle sur la mise en cohérence des politiques publiques. Ensuite, il faudra mettre en place le dispositif permettant d'atteindre les objectifs fixés et notamment les OMD avant de les mettre en œuvre au niveau national avec des tests dans des sites pilotes. S'en suivra l'élaboration du dispositif de suivi et évaluation de la mise en œuvre et de la cohérence des politiques publiques. La dernière étape serait celle de l'accompagnement et de l'appui, notamment en matière de protection sociale. Le budget alloué à cette opération «de réflexion» serait selon un communiqué de presse de 1,15 MDH pour une période allant de 2012 à 2016.