Après un premier semestre décevant pour beaucoup de sociétés cotées, les investisseurs se tournent maintenant vers les résultats annuels de l'exercice 2012. Les sociétés de Bourse commencent à donner leurs estimations pour l'exercice achevé : baisse de 1,69% de la capacité bénéficiaire, selon Upline. Le comportement de la Bourse, à l'image de son indice qui a fait la plus grande contre-performance en 10 ans, montre que les intervenants anticipent le pire. Auront-ils raison ? Maroc Telecom ouvrira le traditionnel bal des publications et sera suivie par les valeurs bancaires et industrielles. A en croire l'évolution de l'indice depuis la publication des résultats semestriels des entreprises en septembre, il semblerait que le marché n'est pas du tout satisfait et anticipe des réalisations médiocres. Entre lancement de nouvelles activités à l'international et optimisation des coûts de production, chaque entreprise rectifie le tir à sa manière. L'objectif reste le même : maintenir la rentabilité. En ces temps de crise, il est possible de classer les entreprises cotées en trois catégories. Celles qui passent entre les mailles du filet en consolidant les acquis sans trop de dégâts, celles qui maintiennent un rythme d'investissement élevé à cause de la nature de leurs activités et celles qui réduisent leurs coûts. Dans la première catégorie, on retrouve le secteur financier et notamment les établissements de crédits. Cela semble paradoxal au regard de la crise mondiale qui touche principalement ce secteur. Mais, au Maroc, malgré une hausse des créances en souffrance due au contexte économique et un renchérissement des sources de financement à cause du contexte de liquidité, les banques semblent résilientes. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la structure de leur bilan dont le passif est principalement constitué de ressources à vue gratuites et de capitaux propres. Ce matelas financier, communément appelé le «gras», permettra, de l'avis des spécialistes, de résorber le ralentissement de l'activité de crédit grâce à la compétitivité des banques, ce qui leur confère une grande flexibilité quant à la fixation des prix. Parmi les entreprises qui maintiennent un niveau d'investissement élevé, on retrouve entre autres Maroc Telecom, les sociétés immobilières et les mines. Pour les deux premiers secteurs, cela semble être un impératif imposé par la concurrence accrue dans le Royaume. En effet, 2012 a été pour Maroc Telecom une année de consolidation des investissements faits en Afrique récemment, ce qui a permis de sauver le premier semestre. Les entreprises immobilières, à l'image d'Alliances et d'Addoha, ont entamé un nouveau cycle d'investissement en 2012 à l'international. Les investisseurs seront peut être sceptiques quant à la rentabilité de ces entreprises cette année, car le problème majeur du secteur reste l'accroissement rapide de l'endettement dans un contexte de ralentissement de la demande. Couplé aux plans d'investissement qui s'annoncent, les actionnaires devront s'attendre à une rentabilité laminée. Quant aux sociétés minières, à l'image de Managem et sa filiale SMI, elles profitent d'une santé financière correcte leur permettant d'augmenter leurs programmes d'investissement dans le continent. Là aussi, les investisseurs semblent sceptiques sur le timing de ces projets, car il coïncide avec une période de stagnation des cours des matières premières exploitées au niveau international (www.financenews.press.ma), d'autant plus que les problèmes de couvertures n'ont toujours pas été réglés. D'ailleurs, le scepticisme des investisseurs saute aux yeux lorsqu'on s'intéresse aux cours boursiers des mines qui ont fait du surplace en 2012, après avoir été les stars de la Bourse plusieurs années. L'industrie lourde et l'informatique, les plus impactés par la crise Sonasid, Snep, Samir ou encore Hps et Disway subissent une baisse flagrante des bénéfices et leurs cours boursiers en témoignent. Ils ont baissé respectivement de 46,9%, 37,3%, 54,1%, 31,3% et 47,2% en 2012. La situation des industriels est la plus préoccupante. Le cas Sonasid en est le meilleur exemple : la société qui, il y a quelques années, était considérée comme un fleuron de l'industrie marocaine, se retrouve aujourd'hui concurrencée de partout, alors même que la demande sur l'acier baisse considérablement depuis trois ans, en partie à cause du ralentissement de l'investissement public. Le résultat est sans appel : un déficit net de 13 MDH au premier semestre 2012 contre un bénéfice de 92 MDH la même période en 2011. La société avertit que le deuxième semestre ne sera guère meilleur. Pour les sociétés du secteur informatique dont le business model est tourné vers l'export, les bénéfices sont impactés à la fois par la baisse de la demande extérieure et par le ralentissement de l'activité monétique dans le Royaume.