C'est devant un parterre très dense d'investisseurs et spécialistes des placements que s'est tenue la deuxième édition des rencontres scientifiques de la Caisse marocaine des retraites (CMR), cette semaine à la Rabat, sous le thème : «Investissements des institutionnels : opportunités et contraintes». Un débat de qualité sur les alternatives de placement qui s'offrent aux institutionnels marocains, dans le contexte actuel marqué par la baisse durable et prolongée des rendements. L'occasion pour la Caisse de récompenser les travaux de recherche qui s'intéressent à la problématique des retraites au Maroc. Lotfi Boujendar, Directeur général de la CMR, a bien voulu répondre à nos questions en marge de l'événement. Finances News Hebdo : Pourquoi associer le monde universitaire à votre réflexion ? Lotfi Boujendar : La deuxième édition de nos rencontres scientifiques que nous organisons aujourd'hui découle d'une réflexion que nous avons menée depuis plus d'une année et qui nous a fait comprendre qu'il n'existe pas assez d'ouverture et de coordination entre le monde universitaire et le monde professionnel. La première édition était l'occasion de créer ce lien, à travers la signature d'une convention avec le centre national pour la recherche scientifique et technique. Ensuite, durant cette année, nous avons travaillé sur la première thématique objet de cette rencontre. Le thème exact de cette édition est «Investissements des institutionnels : opportunités et contraintes». Nous avons invité des experts et des universitaires, l'occasion de s'informer sur les pistes de collaboration que l'on peut créer. Et l'une des recommandations phares de cette journée est qu'il va falloir travailler encore, dans le cadre d'un groupe de réflexion, sur la réussite de ce rapprochement. Ce n'est pas évident, car le monde professionnel a appris à travailler d'une certaine manière qui exclut le monde universitaire. Pourtant, il y a des points à approfondir avec les universitaires, notamment en orientant la recherche et se baser sur l'expertise des chercheurs marocains. La rencontre a montré que cette expertise, notamment dans le domaine des retraites, existe et est de qualité. FNH : L'une des conclusions de la rencontre est que face à la baisse des rendements, les institutionnels doivent se tourner vers le non coté. Est-ce possible pour la CMR ? L.B : Je précise qu'à ce jour, la CMR n'est pas autorisée à investir dans le non côté. Il va falloir attendre une révision du cadre réglementaire et législatif pour avoir cette possibilité. F.N.H : Pourtant, vous avez réalisé un investissement dans 5 CHU pour 4,5 Mds de dirhams cette année... L.B : L'opération que nous avons réalisée cette année s'inscrit dans le cadre d'investissements immobiliers. Nous avons acquis, dans le cadre des dispositions législatives et réglementaires, 5 CHU comme investissements dans la poche immobilière.
«Il n'est pas question de faire des investissements à risque» F.N.H : D'autres investissements de la sorte sont à venir ? L.B : Nous sommes ouverts à toute opportunité qui pourrait à la fois assurer un rendement intéressant pour notre portefeuille et qui respecte les conditions de sécurité pour la CMR. Il s'agit de la gestion des fonds des affiliés et il n'est pas question de faire des investissements à risque.
Lire aussi : DG de la CMR : «Le non coté, une alternative réaliste et crédible» F.N.H : Parlez-nous de votre produit phare "Attakmili". Il a offert des rendements élevés dépassant 8% l'an dernier. Vous allez réussir à maintenir ce rendement cette année ? L.B : On aura un rendement intéressant cette année encore. Attakmili offrira un rendement fidèle à la tendance.
Le bilan de la gestion d'actifs de la CMR était très positif en 2018 malgré un contexte de marché difficile, particulièrement à cause des taux bas, tendance qui s'est accentuée en 2019. En dépit de cela, la gestion du Fonds de réserves du RPC (régime des pensions civiles) avait permis de générer, au titre de l'exercice 2018, des produits financiers nets pour un volume de 3,7 Mds de dirhams, correspondant à un taux de rendement comptable de l'ordre de 4,63%. Les professionnels de la gestion de l'épargne longue, à travers le monde, se tournent désormais vers d'autres classes d'actifs, non cotées, comme la dette privée, le Private Equity, l'infrastructure ou encore l'immobilier. Mais au Maroc, bien que ces classes d'actifs peuvent théoriquement être ciblées par les institutionnels, elles ne sont pas encore encouragées par le cadre réglementaire ou par le manque de profondeur et de liquidité sur ces marchés, le Private Equity en l'occurrence.