La croissance de l'économie mondiale devrait atteindre 3% en 2019, son niveau le plus bas depuis 2008-09, a indiqué le Fonds Monétaire International (FMI) qui a fait état d'un ralentissement considérable de l'activité manufacturière et d'un accroissement des incertitudes dues à l'augmentation des tensions commerciales et géopolitiques. Dans son dernier rapport semestriel "Perspectives de l'économie mondiale", publié mardi, le FMI a revu ainsi à la baisse de 0,3 point de pourcentage ses prévisions pour 2019 établies en avril dernier, notant qu'après avoir fortement ralenti au cours des trois derniers trimestres de 2018, le rythme de l'activité économique mondiale reste faible. La faiblesse de la croissance est due à une forte détérioration de l'activité manufacturière et du commerce mondial, avec des tarifs plus élevés et une incertitude prolongée sur la politique commerciale, préjudiciable aux investissements et à la demande de biens d'équipement. En outre, l'industrie automobile se contracte également à cause de divers facteurs, tels que les perturbations dues aux nouvelles normes d'émission dans la zone euro et la Chine qui ont eu des effets durables, explique l'Economiste en Chef du FMI, Gita Gita Gopinath, notant que, dans l'ensemble, la croissance du volume des échanges au premier semestre de 2019 est tombée à 1%, le niveau le plus faible depuis 2012. Contrairement à la faiblesse des industries manufacturières et du commerce, le secteur des services continue de se maintenir presque partout dans le monde. Cela a permis au marché du travail de rester porteur avec une croissance des salaires et des dépenses de consommation saines dans les économies avancées, relève-t-elle, faisant toutefois état de signes de ralentissement dans le secteur des services aux Etats-Unis et dans la zone euro. L'augmentation des tensions commerciales géopolitiques ont accru les incertitudes quant à l'avenir du système commercial mondial et à la coopération internationale en général, nuisant à la confiance des entreprises, aux décisions d'investissement et au commerce mondial, constate l'Institution de Bretton Woods. Une évolution notable vers une politique monétaire plus accommodante - par l'action et la communication - a atténué l'impact de ces tensions sur le climat et l'activité des marchés financiers, tandis qu'un secteur des services généralement résilient a soutenu la croissance de l'emploi, relève le FMI, faisant état de perspectives "précaires". Ainsi, la croissance devrait atteindre 3,4% en 2020 (une révision à la baisse de 0,2 point par rapport aux prévisions d'avril), reflétant principalement l'amélioration attendue des performances économiques dans plusieurs marchés émergents d'Amérique latine, du Moyen-Orient et d'Europe émergente et en développement qui sont sous tension macroéconomique. Cependant, compte tenu des incertitudes quant aux perspectives de plusieurs de ces pays, du ralentissement prévu en Chine et aux Etats-Unis et des risques de dégradation importants, un rythme d'activité mondial beaucoup plus modéré pourrait se matérialiser, estime l'institution. Pour prévenir un tel résultat, le FMI recommande que les politiques visent résolument à désamorcer les tensions commerciales, à redynamiser la coopération multilatérale et à fournir un soutien opportun à l'activité économique, le cas échéant. Pour renforcer la résilience, les décideurs devraient s'attaquer aux vulnérabilités financières qui présentent des risques pour la croissance à moyen terme, ajoute le Fonds. Au niveau multilatéral, les pays doivent résoudre leurs différends commerciaux de manière coopérative et éliminer les tarifs de distorsion récemment imposés. Réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter les conséquences de la hausse des températures et des événements climatiques dévastateurs sont des impératifs mondiaux urgents, ajoute le FMI. Une tarification du carbone plus élevée devrait être la pièce maîtresse de cet effort, complétée par des efforts pour favoriser la fourniture d'énergie à faible émission de carbone et le développement et l'adoption de technologies vertes. Au niveau national, les politiques macroéconomiques devraient chercher à stabiliser l'activité et à renforcer les bases d'une reprise ou d'une croissance continue. Une politique monétaire accommodante reste appropriée pour soutenir la demande et l'emploi et pour éviter un ralentissement des anticipations d'inflation. Alors que les conditions financières plus faciles qui en résultent pourraient également contribuer à renforcer les vulnérabilités financières, il sera essentiel de mettre en place des politiques macroprudentielles plus strictes et une approche prudente en matière de surveillance pour renforcer la solidité des bilans et limiter les risques systémiques, conclut l'institution.