Le Conseil de gouvernement, réuni jeudi à Rabat sous la présidence du Chef du Gouvernement, Saâd Dine El Otmani, a adopté le projet de décret n°2.19.575 fixant le montant maximal des microcrédits. Présenté par le ministre de l'Economie et des Finances, ce projet vise à définir le plafonnement des petits prêts en vue de répondre aux demandes des personnes économiquement vulnérables pour le financement de leurs activités génératrices de revenus. Par ailleurs, ce projet de décret fixe le plafond des microcrédits profitant aux personnes à revenus faibles à hauteur de 50.000 dirhams, comme seuil maximal de financement de la création ou du développement d'une activité de production ou de services au profit de cette catégorie sociale en vue de garantir leur insertion économique. Il fixe aussi le montant de 100.000 dirhams comme seuil maximal servant de financement de l'achat, la construction ou la rénovation d'un logement privé, la rédaction de contrats d'assurance et l'approvisionnement en eau potable et en électricité. De même qu'il définit le montant de 150.000 dirhams comme plafond pour la mise en place ou la création d'une activité de production ou de services, en ciblant les personnes économiquement vulnérables qui répondent aux conditions suivantes: être inscrit sur le registre du commerce, être un entrepreneur autonome soumis à la taxe professionnelle et inscrit sur le registre des coopératives sous la forme d'une coopérative agricole ou d'un membre de l'une de ces coopératives.
Les microcrédits : De la micro à la mésofinance Avec l'adoption du projet de loi précité, le gouvernement prend acte et répond favorablement aux doléances des défenseurs des TPE dont l'accès au financement est loin d'être aisé au Maroc. Du côté des professionnels, cette nouveauté sonne comme une évolution naturelle d'un secteur qui gagnerait à diversifier son portefeuille clientèle et jouer pleinement son rôle de financeur de l'économie, et ce à l'instar de ce qui se fait sous d'autres cieux. Youssef Bencheqroun, Directeur général de Al Amana Microfinance, affirmait en substance dans nos colonnes : «le rehaussement du plafond de crédit est une bonne nouvelle pour la TPE, qui est mal adressée par les banques car trop petite en taille». Le relèvement du plafond du microcrédit introduit par la Loi de Finances 2019 pose les fondements de la mésofinance, un concept très développé dans les pays d'Europe de l'Est. Concrètement, la mésofinance est à cheval entre le secteur bancaire classique et l'univers de la microfinance. Les institutions de mésofinance qui devront inspirer les associations de microfinance, sont pourvoyeuses de solutions à valeur ajoutée à même de combler le chaînon manquant qui existe entre les banques traditionnelles et les entités de microfinance. Le financement de la TPE sera ainsi une nouvelle activité pour les acteurs du secteur qui constituent d'ores et déjà une source de financement de plus d'1 million d'activités génératrices de revenus (AGR) au Maroc. Au final, il y a lieu de souligner que les AMF devront déployer des efforts afin de mieux cerner les spécificités et les besoins de cette famille d'entreprises, dont certaines sont mal structurées.