Romain Devai, Senior Manager au sein du Cabinet Ailancy Le rythme en termes d'innovation a tendance aujourd'hui à s'accélérer. Les grandes institutions se doivent d'avoir des systèmes d'information modulaires, ouverts à l'extérieur. Propos recueillis par B. Chaou
Finances News Hebdo : En quoi consiste votre activité ? Romain Devai : Ailancy est un cabinet de conseil en organisation et management spécialisé dans les services financiers. Nos clients sont des institutions financières, notamment les banques, les assureurs, les brokers. Nous travaillons énormément sur les problématiques d'innovation ainsi que de transformation digitale. Nous avons eu l'opportunité d'accompagner aussi bien de grandes institutions financières que des start-up ou encore des fintech.
F.N.H. : Quel est le défi pour une structure comme la vôtre au cœur de cette transformation digitale ? R. D. : La difficulté est qu'il y a énormément d'innovations en termes de technologie. Elle s'améliore de jour en jour, et ainsi de nouvelles solutions atterrissent dans les marchés. Aujourd'hui, nous parlons de Big data, d'intelligence artificielle, de blockhain et tout le mouvement autour des «API». Le rythme en termes d'innovation a tendance aujourd'hui à s'accélérer vers des technologies assez riches et à fort potentiel. Puis, il y a aussi des innovations au niveau des produits et de l'usage; c'est ce que proposent les fintech, et ce n'est pas seulement et purement de la technologie, mais aussi de nouvelles manières d'investir et d'épargner ou de faire du crédit. La difficulté principale, encore une fois, est de pouvoir suivre tout ce qui se fait comme nouveauté tant au niveau technologique, qu'en termes d'usage en vue de réussir à faire dialoguer les start-up, les fintech et toutes les personnes qui innovent ainsi que les établissements qui, eux aussi, veulent innover et qui ont besoin d'aide pour cela.
F.N.H. : Quelle est concrètement la finalité de ces nouvelles technologies ? R. D. : Nous évoquons en ce moment beaucoup de technologies au regard de ce qui se fait en termes d'innovation, mais ce sont au final des solutions qui viennent résoudre des problèmes. Elles se définissent comme étant un moyen et un instrument pour la création de nouveaux produits et services ainsi que de nouvelles idées. Nous devons partir sur la base de nouveaux business basés sur la réalité du terrain. Cela ne sert absolument à rien d'adopter une technologie sans qu'il y ait un besoin concret derrière elle. L'idée est d'aller trouver de nouvelles réponses à des problématiques d'entreprises grâce à des solutions technologiques.
F.N.H. : Peut-on supposer que l'avenir de la finance est intrinsèquement lié à la technologie ? R. D. : Historiquement, la technologie a toujours été un volet important dans le domaine de la finance. Nous pouvons remonter au début du 18ème siècle où il y avait le télégraphe optique qui était utilisé pour toute l'activité liée au trading en Bourse. Personnellement, je pense que la technologie est inhérente aux services financiers. Nous constatons aujourd'hui que les grands mastodontes financiers travaillent sur des technologies qui sont désuètes. Ils ont donc le souci de la «Legacy» de systèmes informatiques qui ne sont plus à la pointe, et ont souvent besoin d'aide pour mieux appréhender les nouvelles technologies que sont la blockchain, le Big data, etc… et qui vont dans le sens de l'Open banking. Autrement dit, c'est de pouvoir ouvrir les systèmes d'information et ne plus avoir des outils technologiques à base d'informations monolithiques, mais avoir des systèmes d'information modulaires, ouverts à l'extérieur et permettant l'utilisation de services par «briques» ou des services qui vont être aussi fournis par des entreprises ou des concurrents et qui peuvent s'intégrer aux systèmes déjà existants des institutions financières. Par exemple, dans le cas d'une banque qui a besoin de mettre en place un système de pricing de ses produits financiers, elle peut le faire auprès d'une fintech spécialisée dans ce service. De plus, si une entité bancaire dispose d'une «brique de service de paiement», elle pourra la fournir à des fintech qui pourraient en avoir besoin et qui n'ont pas forcément l'agrément pour proposer ce type de services ou aussi à d'autres banques ou partenaires.
F.N.H. : Quels sont les risques de ce type d'ouverture ? R. D. : Bien évidemment, au niveau technologique, il y a beaucoup d'entités et de nouveaux services qui se mettent en place. Ce qui est intéressant, c'est que finalement les grands acteurs du digital, que ce soient les banques, Google ou autres, qui ont eu à faire face aux problèmes liés à la cyber sécurité, ont continuellement le souci de la protection des données et des clients. Les acteurs financiers ont pris conscience du revers de la médaille, et ont pu se positionner comme étant des acteurs de confiance à qui nous pouvons confier nos propres données, notre argent… Les institutions aujourd'hui aspirent à se poser en champion de la sécurité, car cela leur donnera encore plus de crédibilité auprès de leurs clients. ◆