La Banque islamique de développement a mis en place une nouvelle feuille de route pour mieux répondre aux aspirations de ses 57 pays membres, dont le Maroc. La BID ambitionne de passer de la stature de banque de financement à celle de facilitateur du développement.
Par M. Diao
Renforcer la solidarité entre les pays membres et promouvoir leur développement économique au service des populations : telle est la raison d'être de la Banque islamique de développement (BID), créée en 1973, qui a organisé sa 44ème rencontre annuelle à Marrakech. La tenue de cet événement dans la ville ocre, avec à la clef la participation de plus de 2.000 décideurs et experts n'est pas fortuite. Il faut dire que le Royaume, un des pays fondateurs de l'institution financière, entretient d'excellentes relations avec celle-ci. «La BID a financé à hauteur de 6,7 Mds de dollars le secteur du développement durable au Maroc», a révélé Bandar Hajjar, président du groupe de la BID, qui a profité de l'ouverture officielle des rencontres annuelles pour détailler les piliers qui structurent les nouvelles orientations de l'entité financière conformément aux attentes des pays membres. Sachant que ceux-ci font face à plusieurs défis qui ont été rappelés par Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie et des Finances, dans un contexte mondial en proie aux incertitudes liées à la faiblesse de plusieurs indicateurs macroéconomiques (croissance mondiale atone, recul du commerce et des investissements internationaux, hausse de la dette mondiale, etc.). «Plusieurs pays membres qui affichent un taux de croissance moyen de 1,6% du PIB, sont en récession et font les frais de la faiblesse du niveau de leurs exportations», constate l'argentier du Royaume qui, dans le même temps, a mis en exergue l'incapacité des pays membres à s'adapter aux changements climatiques, tout en insistant sur leur grand potentiel en ressources naturelles et humaines. Ceci dit, les pays marchés émergents devraient aussi servir d'exemple d'autant qu'ils représentent près de 37% de l'économie mondiale. «Il en est de même pour la Turquie et la Malaisie, deux pays membres de la BID qui prouvent que l'industrie constitue la voie pour l'amélioration des conditions de vie des populations», assure Benchaâchoun. Par ailleurs, la thématique de la rencontre annuelle : «La transformation dans un monde en mouvement : un cheminement vers les Objectifs durables de développement», structure en quelque sorte les nouvelles orientations de la BID, qui ambitionne de passer de la stature de banque de financement à celle de facilitateur du développement des pays membres en proie aux défis technologiques (montée en puissance de l'intelligence artificielle, blockchain, etc.), à la forte démographie et la résurgence des conflits armés. Pour rappel, la population des Etats membres devrait atteindre 2,2 milliards de personnes à l'horizon 2030 (contre 1,7 milliard en 2015), avec l'entrée sur le marché du travail de 100 millions de jeunes. Autre chiffre éloquent qui renseigne sur l'ampleur de la tâche : 30 des 50 conflits mondiaux enregistrés concernent les pays très actifs au niveau de l'institution financière islamique, qui faudrait-il le rappeler, a financé le commerce à hauteur de 78,1 Mds de dollars contre 56,7 Mds de dollars pour les projets.
Ce que propose la BID Le message de Bandar Hajjar a le mérite d'être clair. La BID, renforcée par son Plan quinquennal, aidera ses membres pour atteindre les ODD qui nécessiteront plusieurs Mds de dollars d'investissement. Pour ce faire, tout en faisant preuve de flexibilité et d'innovation, la banque aidera les 57 pays membres dans les domaines où ceux-ci ont un réel avantage comparatif. A ce titre, le Maroc, outre l'appui traditionnel, bénéficiera d'un coup de pouce dans le domaine de l'aquaculture. En clair, la BID épaulera les Etats pour la transformation des ressources naturelles. Des accords ont été signés avec trois pays à Marrakech. Il s'agit du Gabon, du Maroc et des îles Maldives. Le Gabon qui n'est autre que l'expérience pilote, sera épaulé pour la valorisation du bois et du manganèse par le biais de la transformation. Un processus pourvoyeur d'emplois industriels. La formation des ressources humaines afin de permettre aux Etats d'atteindre les ODD constitue également un axe important des nouvelles priorités de la BID, qui projette d'investir dans cinq secteurs clefs (textile, pétrole, BTP, agriculture, finance islamique) afin de générer à terme une dizaine de millions d'emplois dans les 57 pays membres. ◆
Soutien à l'innovation et à la recherche scientifique La BID est consciente du fait que le développement économique passe de nos jours par l'innovation. La banque est un acteur clef du fonds Transform, qui soutient les initiatives scientifiques, technologiques et d'innovation permettant de faire face aux challenges du développement. L'institution financière qui a créé plusieurs autres leviers destinés au financement des TPE en Palestine et en Tunisie, participe à hauteur de 100 millions de dollars au fonds Transform, doté d'un capital total de 500 millions de dollars.