Le volume du commerce entre les Etats membres de l'Organisation de la coopération islamique a évolué, passant de 271,45 Mds de dollars en 2005 à 694,23 Mds de dollars en 2015. Toutefois, les échanges entre les pays arabes et africains restent faibles. En dépit de leurs immenses potentialités respectives, les pays arabes et africains ne s'imposent pas en tant que leaders du commerce mondial. Dans l'optique d'inverser cette tendance et de faciliter les échanges entre ces Etats partenaires, la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC) a organisé récemment à Rabat, en partenariat avec la Banque islamique de développement (BID) et le ministère délégué chargé du Commerce extérieur, le forum de lancement du programme Arab-Africa trade bridges. Cet ambitieux programme, qui s'étale sur trois années, a pour vocation de booster les échanges entre les Etats arabes et africains, et ce grâce au renforcement des capacités. Les échanges commerciaux entre les pays précités se caractérisent par leur faiblesse (autour de 2,1% en 2015). Cette manifestation internationale a été rehaussée par la présence d'éminentes personnalités, pour ne citer que Mamoun Bouhdoud, ministre délégué chargé des Petites entreprises et de l'Intégration du secteur informel, Bandar Mohammed Hajja, président de la BID, Zied Ladhari, ministre de l'Industrie et du Commerce de la Tunisie, et Alioune Sarr, ministre du Commerce et du Secteur informel du Sénégal. Ce forum d'échanges a permis de mettre en évidence les principaux obstacles aux échanges commerciaux arabo-africains. Il s'agit des problèmes d'accès aux marchés, le manque d'information sur les marchés et sur les opportunités d'affaires ainsi que les difficultés logistiques. Certains intervenants ont fait remarquer l'opportunité de développer le commerce entre les pays arabes et africains dans un contexte qui s'y prête parfaitement. En effet, certains blocs et pays occidentaux (USA, UE) sont de plus en plus tentés par le protectionnisme. Ce qui laisse augurer des perspectives plutôt sombres pour les exportations des pays du Sud. Les facteurs de succès A en croire le président de la BID, le choix porté sur le Maroc pour le lancement du programme Arab-Africa trade bridges n'est pas le fruit du hasard, puisque le Royaume s'évertue à développer des relations exemplaires avec les pays africains. «Nous sommes fiers d'être le deuxième pays investisseur en Afrique subsaharienne. Entre 2003 et 2015, près de 47% des investissements marocains à l'étranger ont été réservés au continent», rappelle Mamoun Bouhdoud. L'intérêt porté sur le programme, qui devrait bâtir de solides passerelles commerciales entre les Etats arabes et africains, est conforté par le fort engagement des partenaires financiers. Il y a lieu de citer la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, la Société islamique d'assurance des investissements et des crédits à l'exportation, le Fonds monétaire arabe et le Fonds de l'OPEP. Par ailleurs, s'il est clair que cette initiative a une grande propension à développer la complémentarité régionale, son succès est tributaire de la circonscription et de la prise en compte d'une kyrielle de facteurs, en l'occurrence la spécificité des économies africaines dominées par l'informel et les PME, la jeunesse des populations des pays arabes et africains et la nécessité d'accroître la confiance entre les Etats susmentionnés. «Il est nécessaire de développer les synergies entre les deux blocs partenaires. Certains pays ont les minerais, d'autres ont le pouvoir financier et bon nombre d'Etats disposent de connaissances et d'expertise dans plusieurs domaines», souligne Bouhdoud. Cela dit, certaines voix émanant de l'auditoire ont plaidé pour la transformation des défis climatiques en opportunités pour les échanges commerciaux arabes et africains. Dans la perspective de dynamiser les flux commerciaux arabo-africains, le ministre tunisien de l'Industrie et du Commerce a prôné l'harmonisation des règles, l'amélioration de la qualité des produits, le soutien aux industries et aux PME et l'amélioration de l'intégration sous-régionale. Par M. Diao
Le secteur privé, la panacée ? Tous les intervenants se sont accordés à dire que la dynamisation du secteur privé est la principale clef de succès du programme Arab-Africa trade bridges. D'où la nécessité pour les Etats de créer un environnement propice au développement de l'entrepreneuriat et à l'essor industriel. Le développement du capital humain dans les pays arabes et africains revêt aussi une grande importance en raison de sa propension à augmenter les gains de compétitivité. A en croire certains intervenants, le plus grand défi des années à venir pour les Etats arabes et africains est l'anticipation des besoins des entreprises en ressources humaines. De ce point de vue, les autorités publiques ont un grand rôle proactif à jouer dans le domaine de la formation et dans la promotion de l'économie de la connaissance.