Cela fait un an que le PJD a accédé aux manettes du pouvoir. Eh oui, le parti de la lampe a également son jour de gloire : son anniversaire. Et il risque de s'en souvenir bien longtemps. Car, de mémoire d'homme, jamais une coalition gouvernementale n'aura essuyé des diatribes aussi acerbes. Ces derniers jours, en effet, les plumes braillardes ne lui auront fait aucune concession, allant même jusqu'à imputer les atermoiements et autres couacs du gouvernement non pas à l'ensemble de la majorité, mais aux seuls ministres PJD, dédouanant de fait les alliés istiqlaliens. Il faut dire qu'après 365 jours passés dans le fauteuil douillet de la Primature, Benkirane n'aura pas révolutionné la gouvernance des affaires dans le Royaume. Avec le recul, l'opinion publique a pu se rendre compte que la situation économique se dégrade de jour en jour et, surtout, qu'aucune grande réforme n'a encore émaillé la législature des islamistes. Mais bon, convenons-en quand même, ils sont bardés de bonnes intentions. A ce propos, il me semble utile de leur rappeler l'assertion de la romancière canadienne Antonine Maillet : «On le sait que c'est l'intention qui compte, mais ça aide de la farcir d'un brin de discernement, de temps en temps». A l'évidence, c'est ce «brin de discernement» qui manque à l'équipe gouvernementale. Un manquement qui, comme je le soulignais dans ma précédente chronique (www.financenews.press.ma), a fait des électeurs du PJD de braves «cocus». Restons toujours avec le gouvernement... et ses annonces choc ! Il vient de décider la mise en place d'un système de contrôle et de surveillance pour sanctionner les fonctionnaires qui font l'école buissonnière. Mais également ceux qui fonctionnent en mode horaire décalé, c'est-à-dire qui viennent ou partent du bureau à leur convenance. C'est à croire que Benkirane et son équipe... se radicalisent. Néanmoins, c'est une très bonne chose en soi que de vouloir sanctionner ceux qui ont le courage d'être payés pour ne rien faire. Encore faut-il que ce ne soit pas qu'un simple effet d'annonce, comme ce fut le cas lors de la publication des listes des détenteurs d'agréments de transport et d'exploitation de carrières de sable. On ne peut cependant s'empêcher de se demander si cette nouvelle posture du gouvernement changera quelque chose dans un pays où le championnat de l'absentéisme et du laxisme de la plupart des fonctionnaires est aussi populaire et enraciné que le chaabi (chant populaire marocain). Restons tout de même impartiaux : ces fonctionnaires reproduisent les mêmes comportements que ceux de leurs modèles; c'est-à-dire tous ces parlementaires qui deviendraient éminemment riches si on les rémunérait avec des jetons d'absence.