Un taux de croissance moyen de 5,5 % pour les cinq prochaines années: c'est ce à quoi s'est engagé le gouvernement Benkirane. D'ores et déjà, les plumes braillardes affichent leur scepticisme. Et il y a de quoi. Difficile, en effet, d'être optimiste au regard de la conjoncture actuelle. Il faut dire qu'il y a encore trop d'éléments qui militent pour moins d'enthousisame, d'autant que le taux de croissance de l'économie nationale a toujours été tributaire de facteurs tant endogènes qu'exogènes. Sur le plan interne, l'élément déterminant de la croissance reste la campagne agricole, quand bien même, au cours de ces dernières années, le PIB hors agricole tend de plus en plus à se développer. C'est dire que tout dépendra de la pluviométrie. Or, pour qui connaît la météo et ses caprices, autant dire que rien n'est garanti. Sur un autre registre, le principal partenaire économique et financier du Royaume est à l'agonie. La crise de la dette souveraine en Europe aura donc inéluctablement des conséquences néfastes sur l'économie nationale, tant en ce qui concerne les investissements directs étrangers, le tourisme, les transferts des MRE que la demande adressée au Maroc. Pour couronner le tout, les projections de la Banque mondiale restent peu flatteuses. L'institution prévoit ainsi une croissance mondiale d'à peine 2,5% en 2012. Croissance qui sera de 1,4% dans les pays à revenus élevés… et négative dans la zone euro (-0,3%) où il n'y a encore aucune visibilité sur l'évolution de la situation économique dans les prochaines années. Et ce n'est pas mieux en Afrique du Nord et Moyen-Orient où la croissance se situerait à 2,3% en 2012 et 3,2% en 2013. Bref, rien de bien encourageant. Mais convenons que Benkirane et son équipe ont raison de se fixer des objectifs ambitieux. C'est l'attitude à avoir : fixer la barre très haut pour réaliser le maximum. Et, en fin de compte, qui s'en plaindra ? ■