Maintien des prévisions inflationnistes, maintien du taux directeur à 3,25%, revue à la baisse des prévisions de croissance pour 2011 (entre 4 et 5% au lieu de 4,5 et 5,5%) : ce sont les principales conclusions auxquelles a abouti le dernier Conseil de Bank Al-Maghrib. S'il y a absence de pressions inflationnistes, il y a pourtant lieu de rester vigilant, pour ne pas dire de s'inquiéter… de ce qui se passe en dehors de nos frontières. Précisément dans la zone euro, principal partenaire du Royaume, dont la situation économique délicate commence d'ores et déjà à produire ses premiers effets néfastes sur l'économie nationale, avec en toile de fond un déficit de la balance commerciale qui se creuse de 24% à 166,5 Mds de DH. Faudrait-il alors s'attendre à ce que la situation actuelle se dégrade? Difficile de répondre par la négative. Cela, d'autant qu'il n'y a pour l'instant aucun signe visible d'amélioration des économies des pays de notre cher voisin européen. Bien au contraire, les mauvaises nouvelles s'enchaînent, avec la dégradation de la note souveraine de plusieurs pays, alors que d'autres sont tenus en laisse par les agences de notation. Pour un pays comme le Maroc dont l'économie prête le flanc tant aux facteurs endogènes qu'exogènes, l'impact de cette crise européenne pourrait être non négligeable : une perte d'un point à 1,5 point de croissance. Dans le contexte actuel, on apprécie donc, dès lors, l'impératif pour le Royaume de chercher d'autres niches de croissance. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'intégration sud-sud revêt en ce moment tout son sens et pourrait être au moins une alternative face à une Europe désunie, minée par les conflits d'intérêt et plombée par des crises économiques répétitives. En tout cas, le prochain gouvernement aura du pain sur la planche : il se devra de répondre aux attentes du peuple dans un contexte économique global qui limite substantiellement ses marges de manœuvre. Saura-t-il naviguer en eaux troubles ? Wait and see. ■