Inaugurée le 21 octobre 2008, la Galerie d'art L'Atelier 21 souffle sa 4ème bougie. La ligne éditoriale de la Galerie additionne deux âges et trois sensibilités en conjuguant les différentes générations d'artistes. Rencontre fascinante avec Aïcha Amor, Directrice associée de la Galerie d'art L'Atelier 21 qui nous a fait part de son expérience de galeriste et de sa passion pour l'art. - Finances News Hebdo : Après avoir passé 20 ans au service de la banque en tant que Directeur de la communication à la Société Générale, pourriez-vous nous dresser le bilan de votre nouvelle expérience en tant que Directrice associée de la Galerie d'art L'Atelier 21? - Aïcha Amor : En effet, j'ai travaillé pendant 20 ans dans le secteur bancaire, précisément dans la communication à la SGMB. Il faut dire que même si j'aimais tous les métiers de la communication, j'avais une passion pour la communication interne et pour la communication institutionnelle que la SGMB avait axées sur le patrimoine et le mécénat artistique. C'était une aventure magique cémentée d'une part par les acquisitions des œuvres d'art pour la constitution d'une collection cohérente, autour de la thématique du Maroc, d'artistes de renommée nationale et internationale. Et d'autre part la valorisation de cette collection, qui n'avait pas uniquement une valeur financière mais aussi historique, à travers l'organisation de plusieurs événements pour partager avec le public interne et externe les œuvres acquises. Ceci m'a permis de mieux forger mon expérience dans les arts plastiques marocains. Et depuis mon plus jeune âge, vers les années 70 à Rabat, j'étais enthousiasmée par ce monde où j'avais fait connaissance de nombreux artistes marocains dont Kacimi, Melihi, Belkahia et bien d'autres peintres de l'époque. Il m'a permis pareillement d'élargir mes rencontres avec de nouveaux artistes, des médias... Une année après avoir pris ma retraite, je me sentais encore pleine d'énergie. Mais l'idée d'ouvrir une galerie d'art n'était pas dans mes projets, elle est venue, par la suite, naturellement pour répondre au besoin de reprendre une activité tout en étant dans ma passion. Toutefois, avant de me lancer j'avais réfléchi à plusieurs choses dont le facteur âge, sachant que lorsqu'on se lance dans un projet il faut se projeter à moyen et à long terme afin de le pérenniser. D'où l'idée de m'associer à Aziz Daki. un jeune bardé de diplômes dans l'art et ayant de l'expérience, contrairement à moi qui suis «un médecin aux pieds nus». Cette association ne s'est donc faite pas uniquement dans un souci de pérennisation mais dans une volonté de légitimité et de crédibilité vis-à-vis du public. De plus, depuis 2 années, est venue s'ajouter à ce tandem Nadia Amor, en tant que Directrice générale de L'Atelier 21 venue du monde de la finance ; diplômée de l'Université Paris Dauphine ; mais néanmoins avec une grande sensibilité artistique. Sa contribution à la stratégie et au développement de L'Atelier 21 est d'un apport certain. Le fruit de ce trio est la galerie d'art L'Atelier 21 qui a fêté ses 4 ans le 21 octobre 2012. Donc, le premier bilan en terme de choix et d'application de notre stratégie s'avère très positif. La ligne éditoriale de notre galerie est l'addition de deux âges et de 3 sensibilités. D'un côté, moi qui suis très imprégnée de tous les grands artistes marocains des années 70 et de l'autre côté Aziz Daki et Nadia Amor qui représentent à la fois tous les artistes de l'ancienne génération et les artistes contemporains. - F. N. H. : Selon vous, quel est le rôle des galeristes dans la promotion et le développement de l'art au Maroc ? - A. A. : Le rôle des galeristes est aussi important que celui des maisons de ventes aux enchères, des différents supports de l'art, des critiques d'art... Ce sont des relais qui font que chacun d'eux constitue un maillon important de la chaîne. Ceci dit, l'importance des galeries d'art repose sur leur capacité à faire découvrir et à accompagner les nouveaux artistes. Le travail d'une galerie ne se limite donc pas à vendre une œuvre d'art et à encaisser la commission. Au-delà, c'est la découverte, la recherche et surtout la promotion des artistes tout en leur donnant la possibilité d'appartenir à une entité qui leur apporte la légitimité vis-à-vis du public. Notre rôle ne se limite pas à exposer les œuvres sur les murs de la galerie mais aussi à les faire découvrir tant à l'échelle nationale qu'internationale, en participant aux foires. - F. N. H. : Quelles sont les difficultés de ce métier ? - A. A. : Je crois qu'il n'y a pas de difficultés insurmontables lorsqu'on a une passion. Là ou il y a de la volonté, il y a un chemin. Cependant, il est vrai que le marché de l'art souffre de quelques difficultés qui le gênent notamment : le manque d'experts, la vente de faux... À la galerie, nous ne souffrons heureusement pas de ces difficultés puisque nous connaissons les œuvres des artistes que nous exposons et que toutes les œuvres sortent avec un certificat d'authenticité. - F. N. H. : D'après les professionnels, le cadre juridique constitue un handicap majeur dans la mise à niveau du secteur. D'après vous, quelles sont les mesures à mettre en place pour faire face aux différentes contraintes ? - A. A. : En effet, aujourd'hui nous manquons de cadre juridique qui protège les acheteurs d'œuvres d'art au Maroc notamment de la contrefaçon et des escrocs. Cependant, il y aura un livre blanc de la culture dont les propositions ont été présentées au Premier ministre. L'une des propositions du livre blanc concerne la loi sur la protection des acheteurs. Ce vide juridique représente un danger aussi bien pour les professionnels du métier que pour les acheteurs. - F. N. H. : La galerie d'art L'Atelier 21 abrite l'exposition de l'artiste plasticien Zakaria Ramhani. Pourriez-vous nous parler de cette exposition ? - A. A. : Nous essayons au sein de L'Atelier 21 de faire venir les artistes marocains de la diaspora. Zakaria Ramhani est un prodige de Tanger qui travaille à Montréal. D'une certaine notoriété, il expose dans les plus grandes galeries du monde : Montréal, Dubaï, New York... Il a été classé par Artprice parmi les 10 meilleurs peintres du monde de moins de 30 ans. Il faut dire que c'était difficile de le convaincre à rentrer dans l'écurie de L'Atelier 21, puisque ces artistes qui vont à l'étranger travaillent suivant les normes internationales et n'ont ni la confiance nécessaire ni le souhait de revenir exposer au Maroc. Ceci dit, Aziz Daki a fait un travail énorme pour le convaincre de revenir au bercail. Cette exposition est une parfaite illustration de la ligne éditoriale de la Galerie L'Atelier 21 sachant que le jeune Zakaria Ramhani expose jusqu'au 2 novembre et que juste après aura lieu l'exposition du célèbre Saad Ben Cheffaj. - F. N. H. : Avez-vous ressenti l'effet de la crise financière qui touche notre économie? - A. A. : Dans le monde entier et à travers l'Histoire, lorsqu'il y a crise le secteur de l'art est le moins touché, bien au contraire les œuvres d'art constituent des valeurs refuges. D'ailleurs, en ce moment, on assiste à travers le monde, à des records de ventes puisque les valeurs ont grimpé. Propos recueillis par L.Boumahrou