Au lendemain du Symposium international de la micro-finance, la FBPMC a opéré un grand virage dans son existence. La fondation s'appelle désormais Attawfiq Micro-Finance, ce changement devant accompagner de grandes mutations de l'Association de micro-crédit. Quelques jours après le dévoilement de la stratégie nationale de la micro-finance à Skhirate et alors que la nouvelle loi sur le micro-crédit est en cours d'adoption, la Fondation Banque Populaire pour le micro-crédit a pris tout le monde de court. En effet, la Fondation a organisé les 19 et 20 octobre à Marrakech sa première convention du personnel sous le thème «Pour une micro-Finance responsable», rencontre durant laquelle la Fondation a dévoilé sa nouvelle dénomination et identité. La FBPMC n'est plus, c'est désormais avec Attawfiq Micro-Finance qu'il faudra compter. Evidemment, cette nouvelle page qui s'ouvre dans la vie de l'Association du micro-crédit, puisque le statut reste le même du moins jusqu'à aujourd'hui, accompagnera nombre de changements d'ordre institutionnel qui se profilent à l'horizon, notamment le renforcement de ses positions sur le segment de haut de marché des TPE, le développement de nouveaux produits et services et l'élargissement de son activité à de nombreux pays africains et arabes. Ouvrant les travaux de cette convention du personnel, Mohamed Benchaaboun, PDG du Groupe Banque Populaire, a rappelé les grandes étapes par lesquelles est passée la Fondation, aujourd'hui Attawfiq Micro-Finance, avant d'insister sur le fait que l'Association «prendra toute sa part dans la réalisation de la nouvelle vision stratégique du secteur de la microfinance à l'horizon 2020, telle qu'elle a été soumise à SM le Roi lors du symposium international de la micro-finance... Il s'agit donc de fortifier le rôle social de la Fondation et de chercher à maximiser l'impact des produits et services qu'elle offre sur la situation économique et sociale des bénéficiaires tout en assurant une meilleure qualité de service à un coût raisonnable». «Nous étions attentifs à l'évolution du micro-crédit un peu partout dans le monde et nous essayons de suivre cette évolution. Prenons, à titre d'exemple, l'expérience du Pérou en la matière. Dans ce pays l'activité du micro-crédit a démarré comme au Maroc, c'est-à-dire à travers des associations monoproduit. Désirant répondre aux besoins des bénéficiaires, l'activité a été élargie à la micro-épargne, à la micro-assurance et au transfert d'argent. Et effectivement, cette population toute pauvre, comme on peut le croire, a besoin qu'on lui assure ces services. Les banques n'ayant pas de structures adaptées à cette mission, c'était en effet aux associations de micro-finance de s'en acquitter. Au Maroc, les pouvoirs publics sont favorables à cette évolution, preuve en est le texte de loi qui est actuellement en discussion au Parlement pour permettre un saut institutionnel et probablement une transformation des statuts par filialisation. Nous étions attentifs à ces changements et nous voulions en être les précurseurs. La FBPMC a d'ailleurs participé à l'étude stratégique», explique non sans émotion Mustapha Bidouj, le Directeur général de la FBPMC, appelée désormais Attawfiq Micro-Finance. Il faut dire que ce changement d'identité intervient après 14 ans d'activité, avec le lancement de son premier site pilote le 17 juillet 1998 à Korea, à Casablanca. Et depuis l'obtention de son agrément en 2000, la Fondation a servi plus de 1,4 million de crédits, pour un montant de 12,5 millions de DH au profit de 658.000 bénéficiiares, dont 56 % de femmes. Selon les chiffres d'Attawfiq Micro-Finance (ex-FBPMC), cette dynamique a porté le nombre des clients actifs à plus de 220.500 et l'encours à 1,6 milliard de DH. «Attawfik a réussi tout simplement parce qu'elle porte les standards et les normes de son groupe. La caractéristique de cet acteur économique se distingue par une certaine rigueur et discipline liées aussi bien à la gestion de l'information, des contrôles internes et de l'approche des risques qui permettent à cette association d'avoir des résultats pareils. Ses performances à fin juin sont probantes. Et ce qui vient d'être annoncé par le groupe pour investir le plan régional confirme cette maturité de l'association», explique Abdelkarim Farah, le Directeur général de Jaïda, Fonds de financement des organismes de micro-finance au Maroc. Ces performances ont d'ailleurs valu à la Fondation plusieurs reconnaissances au niveau national et international à travers plusieurs prix et distinctions, notamment le Certificat de la transparence financière accordé par la MIX en 2008, ou encore le prix de la meilleure performance accordé par le réseau arabe Sanabel en 2010. Abdelkarim Farah estime que le secteur du micro-crédit, de manière générale, présente de belles perspectives de développement. Et ce pour deux raisons, la première est la potentialité du secteur avec 5 millions de bénéficiaires alors qu'aujourd'hui nous comptabilisons seulement 800.000 clients (soit 16% de taux de pénétration). L'autre élément qui promet un développement du secteur est le montant du financement annoncé pour atteindre 50.000 DH. En effet, actuellement, les associations de micro-crédit ne dépassent pas les 10.000 DH par dossier. Le relèvement de ce plafond permettrait de financer des projets de TPE sachant que le moindre équipement peut coûter à ces dernières entre 100 à 200.000 DH. Et dans ce cas, la TPE peut appeler à une solidarité entre AMC pour répondre à un besoin de financement.