* Les banques commerciales ne sont pas restées complètement insensibles aux préoccupations des petits revenus. C'est le cas du Groupe Banques Populaires qui a créé une Fondation dédiée. * Dans ce rôle, la FBPMC doit être considérée comme une école exigeante où se forment des micro-entrepreneurs aux opérations de crédit, au respect du contrat et des autres engagements. * Entretien avec Mustapha Bidouj, Secrétaire général de la Fondation Banque Populaire pour le Micro-Crédit. Finances News Hebdo : La Banque Populaire est devenue pionnière en matière de micro-crédit avec la création de la Fondation Banque Populaire. Comment évaluez-vous cette expérience ? Mustapha Bidouj : Le Groupe Banques Populaires, soucieux de contribuer efficacement à l'effort national de lutte contre la pauvreté, avait décidé de créer une Fondation pour le financement et l'accompagnement d'une population économiquement défavorisée ou en situation précaire, désireuse de créer une activité génératrice de revenus. Cette initiative, conforme à la vocation première de notre Groupe, s'inscrit en droite ligne de son engagement permanent en faveur de la promotion d'une économie sociale qui fait du développement humain un impératif social autant qu'économique. La réussite de cette expérience et l'accueil favorable qui lui a été réservé par l'ensemble des opérateurs et experts , ont conforté globalement la démarche adoptée par la Fondation Banque Populaire pour le Micro-Crédit. Agréée en mars 2000, la Fondation Banque Populaire pour le Micro-Crédit s'est rapidement hissée au rang des leaders du secteur de la micro-finance marocaine. Un secteur national qui, grâce à sa croissance soutenue, ses performances, sa transparence, sa maîtrise des bonnes pratiques, place notre pays au tout premier rang de la Zone MENA. La Fondation Banque Populaire pour le Micro-Crédit a, bien entendu, contribué activement aux performances et au rayonnement national et international du micro-crédit. Elle a enregistré, d'une année à l'autre, une évolution remarquable de son activité qui s'est traduite, en 2006, par le franchissement du seuil symbolique de un milliard de dirhams de crédits distribués au cours de cet exercice, soit un cumul des déblocages depuis le démarrage de plus de 3 milliards de dirhams. F. N. H. : Cette tendance se poursuit-elle en 2007 ? M. B. : A fin mars 2007, cette tendance positive se renforce avec un encours des crédits de plus de 720 millions de dirhams bénéficiant à 160.000 clients actifs. La Fondation assure une politique d'accompagnement et de proximité à travers ses 135 branches réparties sur l'ensemble du territoire national et animées par un effectif de 533 personnes dont 459 agents du terrain. Nos bonnes performances ont été confirmées de manière éclatante, en juin 2006, par l'agence de rating américaine Micro Rate qui, après analyse et évaluation , a attribué à la Fondation Banque Populaire pour le Micro-Crédit, la note «alpha-tendance positive». Cette appréciation, qui équivaut à «l'Investment Grade», consacre aussi bien la solidité financière de l'institution que l'excellence de ses modes d'organisation et le développement soutenu de ses activités citoyennes. Micro Rate note en particulier l'augmentation constante du portefeuille de la Fondation, son très bon positionnement sur le marché, sa bonne méthodologie de crédit et, enfin, la compétence de ses équipes. Avec cette note, la FBPMC fait désormais partie des 16 institutions de micro-crédit les plus performantes du monde. F. N. H. : Chaque année, de nouvelles branches d'activité sont créées. À ce jour, combien y a-t-il de branches au sein de la Fondation ? M. B. : Sur la base des résultats encourageants des premières expériences, la Fondation a entamé, depuis 2000, une politique de développement de son réseau en privilégiant les zones dites prioritaires ; ainsi, de la création de 20 branches par an, on est passé à 40 branches en 2006 et l'on s'apprête à ouvrir 100 branches supplémentaires en 2007. Ainsi, ce réseau totalisera quelque 235 points de vente à la fin de cet exercice. A l'horizon 2009, la FBPMC compte ouvrir 200 nouvelles antennes et 26 guichets mobiles pour le rural enclavé et prévoit le recrutement de 1.100 agents supplémentaires. F. N. H. : La Fondation est-elle soutenue par la banque-mère ? M. B. : Il nous faut souligner d'abord que le Groupe Banques Populaires, et c'est tout à son honneur, est le principal soutien financier du secteur du micro-crédit national. Toutes les AMC qui ont fait le choix de la transparence, des bonnes pratiques et d'une gouvernance saine, ont pu se refinancer auprès de la Banque Populaire sans aucune exclusive. En ce qui concerne notre Fondation, il était naturel que le Groupe lui assure un soutien dense aussi bien au niveau de l'assistance technique que du financement bancaire. Ainsi, lors du démarrage, le GBP l'a dotée des moyens humains et financiers nécessaires pour le développement de cette activité. Cet accompagnement est aussi porteur d'une grande exigence de qualité en termes d'organisation, de professionnalisme et de gestion, gage de la pérennité et de la réussite de notre mission. Depuis 2003, la Fondation a pu établir son autonomie financière, ce qui lui confère la capacité nécessaire pour recourir au marché bancaire pour financer son activité. À ce jour, la FBPMC a pu lever près de 450 millions de dirhams sous forme de prêts successifs auprès de la Banque Centrale Populaire et des Banques Populaires Régionales. F. N. H. : Existe-t-il une quelconque politique de transfert de la clientèle de la Fondation vers la banque-mère ? M. B. : Grâce à une politique de proximité et à un programme jumelé conciliant le financement et la formation, la Fondation s'est fixé quatre objectifs prioritaires : Favoriser la création d'activités génératrices de revenus pour les populations en situation précaire ; Concourir au développement et à la modernisation des unités productives soutenues par son programme ; Faciliter le passage progressif de ces unités du secteur informel vers le secteur organisé de l'économie; Participer à la bancarisation des clients bénéficiaires. Dans son rôle, la FBPMC doit être considérée comme une école exigeante où se forment des micro-entrepreneurs aux opérations de crédit, au respect du contrat et des autres engagements , à la gestion de leur trésorerie et aux rudiments de la gestion d'une petite unité de production. En ce sens, la Fondation est une sorte d'antichambre de la Banque. Dans ce cadre, et afin d'accompagner les micro-entrepreneurs qui ont atteint les limites d'intervention de la Fondation et qui manifestent le désir de développer leur activité, les Banques Populaires s'engagent à les prendre en charge au niveau du réseau des agences et à leur offrir une facilité au moins égale au montant du dernier prêt reçu par la Fondation.