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Entretien : Un chiffre d'affaires à l'international multiplié par 10 en 7 ans
Publié dans Finances news le 11 - 10 - 2012

La semaine prochaine, la SCR rendra publique la notation BBB que vient de confirmer S&P.
Un plan stratégique 2013-2017 en cours d'élaboration.
Pour faire face à la suppression de la cession légale, la SCR a initié une offensive à l'international.
Doter le secteur d'une table de mortalité nationale est toujours au stade de projet.
A. Chaffai, Directeur général délégué à la SCR, nous éclaire sur toute l'actualité du secteur dans un contexte très mouvementé.
- Finances News Hebdo : L'agence internationale de Rating A. M. Best a confirmé votre note de B++ pour la solidité financière avec «perspectives stables». Peut-on savoir quels sont les enjeux de cette notation et aussi quels sont les horizons qu'elle ouvre au réassureur national au le plan international ?
- Abderrahim Chaffai : L'objectif d'une notation est de donner une image sur la solidité financière d'une entreprise, d'un Etat ou d'un organisme. Nous avons vu comment des Etats ont vu leurs notes se dégrader à cause des dettes publiques qui ont augmenté considérablement. Lorsque vous êtes dans des transactions principalement internationales, pour que les partenaires puissent connaître le niveau de votre solidité financière, la notation est l'un des principaux indicateurs, principalement dans notre activité qui est la réassurance. Plus la notation est basse, plus ça devient spéculatif et plus il y a un risque de défaillance de l'entreprise. S'il y a une défaillance, c'est la prestation qui sera payée a posteriori qui risque d'être compromise.
La SCR est notée par deux organismes S& P et A.M. Best. Comme vous l'avez souligné, A. M. Best a confirmé la note B++ et puis S&P vient de confirmer la notation BBB (elle sera publiée la semaine prochaine). La notation est captée par celle d'un pays. BBB est la notation du Maroc (dette souveraine). Donc, une entreprise qui investit ses actifs dans un pays ne pourra dépasser sa notation.
Ce qui est intéressant, c'est qu'au-delà de la valeur exacte, c'est la valeur relative, c'est de dire que depuis des années la notation de la SCR n'a pas été dégradée et n'a pas subi de modifications. Ce qui témoigne de la solidité financière et de la continuité, et ce malgré un contexte difficile.
Il faut rappeler que dans le domaine de la réassurance, depuis la catastrophe de Katerina aux USA, 2011 a été l'année la plus catastrophique. En 2011, il y a eu aussi le tremblement de terre au Japon, les inondations en Thaïlande, le tremblement de terre en Nouvelle-Zélande et d'autres évènements peut-être de moindre ampleur.
Dans le marché de la réassurance, les résultats techniques se sont dégradés au niveau des réassureurs et certains ont vu leurs notations baisser ou, au mieux, maintenues.
Le second pavé de notre activité est le résultat financier. Or, lorsqu'on regarde les perturbations de l'économie mondiale, la baisse des Bourses, de la rentabilité d'une manière générale des actifs, on peut dire que même les résultats financiers impactent négativement ceux du secteur assurance et réassurance.
Donc, malgré ces deux phénomènes, on garde cette notation.
Pour résumer, je peux dire que c'est une notation qui reste importante pour nous afin de maintenir et continuer notre développement à l'international et avoir la confiance de nos partenaires.
- F. N. H. : Sous d'autres cieux la crise financière a frappé de plein fouet le secteur des assurances, essentiellement la branche vie. Quel a été l'impact sur vos affaires en réassurance ? En d'autres termes est-ce que la crise s'est traduite par des opportunités suite à la survenance d'autres risques qui méritent d'être couverts ?
- A. C. : Effectivement, lorsqu'on regarde la crise financière et principalement la crise de la dette européenne, on peut dire que c'est une crise qui touche la zone Euro. Or, notre activité à l'international est surtout dans les pays en développement. Notre principal champ d'activité est l'Afrique et l'Asie, y compris le Moyen-Orient. Ce sont des pays qui, en terme de croissance, n'ont pas connu de grands risques de récession.
- Si on regarde la partie financière, l'avantage que nous avons est que l'ensemble des actifs de la société sont placés au Maroc. Nous n'avons pas souffert de la baisse de rendement suite aux perturbations essentiellement dans la zone Euro. On a vu le taux d'intérêt de la zone euro sur tout ce qui est obligataire chuter. Il y avait des emprunts français qui étaient faits avec des taux négatifs. Cependant, nous sommes impactés comme les investisseurs institutionnels au Maroc par l'évolution négative de la Bourse de Casablanca et l'augmentation des taux d'intérêt.
- Toutefois, nous avons une gestion actif-passif efficace avec des choix d'investissement à long terme, nous avons des comités d'investissement et de placement qui permettent un suivi régulier des impacts et de faire des choix en termes d'investissement à même de limiter l'effet de ces perturbations.
Pour ce qui est de la branche vie, la SCR opère sur ce segment dans le Maghreb. Je pense que la bonne performance, qu'affichent en terme de rendement les compagnies d'assurance, continue de développer la branche vie (croissance globale au cours du premier semestre de 8,48%). Je pense que le placement assurance vie avec les bons taux de rendement que les compagnies continuent d'afficher dope encore cette branche. Mais il est évident que si la baisse des rendements des actifs continue dans le temps, il peut y avoir un impact aussi négatif sur le développement de la vie. Jusqu'à présent, on peut dire que les acteurs marocains ont su éviter un impact fort des fluctuations des rendements des actifs sur la rentabilité des produits vie qu'ils commercialisent.
- F. N. H. : La Loi sur la protection contre les catastrophes naturelles est toujours au stade de projet. Peut-on savoir où en est le projet actuellement ? À quoi est dû le retard sachant que 2012 a été annoncée comme date de sortie dudit projet ? En cas d'approbation, quelles seront les modalités de financement ?
- A. C. : Comme je l'ai dit, il peut y avoir des éléments de croissance aussi internes. Le Maroc est également soumis à un certain nombre de risques catastrophiques, essentiellement les inondations et les tremblements de terre.
On se rappelle le séisme d'Al-Hoceima qui a engendré beaucoup de dégâts, les récentes inondations de Casablanca...
Pour le risque catastrophe naturelle, on ne va pas réinventer la roue. Ce risque n'est pas assurable commercialement et il n'y aura de demande que dans les zones exposées. Et donc, il ne peut y avoir de mutualisation et pas d'équilibre au niveau de l'activité. Or, la compensation et la mutualisation sont les grands principes de l'assurance. Généralement, c'est une loi qui va permettre de fixer ces conditions.
- Un grand projet tel que celui concernant les catastrophes naturelles, on ne peut se permettre de le sortir hativement avec le risque de se tromper parce que les conséquences seront dramatiques. Donc, pour chaque point qui a été considéré comme névralgique, il y a eu des études, des analyses pointues... tout en faisant appel à des experts nationaux et internationaux.
On peut dire qu'actuellement on arrive à une version quasi définitive qui a été approuvée par les Conseils de gouvernement et des ministres en 2010 et qui va être soumise bientôt au Parlement pour vote après sa validation par le secteur.
Je pense que cela va constituer un niveau intéressant pour le Maroc dans la mesure où on aura un régime global pour la population assurée et un autre pour celle non assurée contre les catastrophes naturelles.
Il est temps qu'on entre dans une couverture moderne. Cette loi va constituer une nouvelle étape en couverture contre les aléas naturels.
Il faut juste entrer les derniers réglages parce qu'une couverture est une mutualisation, un coût. Donc, il faut déterminer les niveaux de contribution et il faut que la contribution in fine ne constitue pas un handicap pour la compétitivité de l'entreprise marocaine et permettre l'équilibre du régime dans le temps.
- F. N. H. : En regardant de près les résultats affichés par le réassureur national au cours des dernières années, on remarque que les résultats suivent une courbe ascendante, et ce malgré la suppression de la branche de la cession légale. Comment la SCR est-elle parvenue à compenser un tel manque à gagner ?
- A. C. : Je rappelle que la suppression de la cession légale a démarré en 2006 et qu'elle va se terminer en 2013. C'est un processus qui s'installe sur à peu près 8 ans. En 2005, le management et le Conseil d'administration de la SCR avaient cherché de nouvelles opportunités de croissance pour compenser la perte du chiffre d'affaires pouvant résulter de la suppression de la cession légale.
Donc, dans la vision stratégique, c'est le développement à l'international. De 2004 à 2011, le chiffre d'affaires international de la SCR a été multiplié par 10. Nous avons jugé indispensable d'aller chercher la croissance là où les affaires se développent.
Si on prend l'exemple du Moyen-Orient ou de l'Asie, ce sont des pays qui ont connu une forte croissance pendant cette période, une croissance qui va, bien entendu, générer une grande demande au niveau de l'assurance et de la réassurance, surtout lorsqu'il y a de gros investissements dans les infrastructures. Donc, on peut dire que la suppression légale a été compensée. Mais ça mérite de poser une réflexion nouvelle : quel serait le plan de développement de l'entreprise ? Où peut-on trouver de nouveaux éléments de croissance ?
- Actuellement, une nouvelle étude est en cours sur la nouvelle vision stratégique pour établir un plan stratégique 2013-2017. Nous aurons les visions que nous présenterons au conseil d'administration prochainement, et ce avant la fin de l'année. Le monde n'étant pas stable, il est toujours important d'évaluer le plan en cours et de pouvoir rebondir.
- F. N. H. : La suppression intégrale de la cession légale en 2013 est-t-elle toujours maintenue ?
- A. C. : Tout à fait. Il n'y aura aucune cession à partir de janvier 2014, et ce conformément aux accords de libre-échange signés par le Maroc avec les USA.
- F. N. H. : Jusqu'à présent, le Maroc ne dispose pas encore d'une table de mortalité nationale, pour plusieurs raisons. Durant votre dernier séminaire sur l'assurance décès emprunteur, il a été annoncé que l'agence de régulation du secteur et la FMSAR travaillent sur une table de mortalité d'expérience sectorielle. Pouvez-vous nous fournir des détails sur cette table et comment pourra-t-elle remédier à l'absence d'une table de mortalité nationale ?
- A. C. : Effectivement, il est anormal qu'on ait un développement énorme en matière d'assurance vie au Maroc et qu'on continue à travailler sur une table de mortalité étrangère. Généralement, la mortalité dépend de la région où vivent les gens. Parce qu'elle dépend d'un niveau de vie, d'un régime sanitaire...
Donc, on ne peut se permettre de continuer à travailler sur une table de mortalité étrangère, surtout que l'activité se développe d'une manière soutenue, comme en témoignent les chiffres.
Cependant, il faut noter que ce n'est pas un travail facile parce qu'il faut constituer des bases de données, revenir plusieurs années en arrière avant de constituer cette table.
Les travaux sont en cours et nous sommes toujours dans cette phase de collecte d'informations pour pouvoir établir les études qui aboutiront, je l'espère rapidement, à une table de mortalité d'expérience marocaine.
Le projet est toujours en cours de constitution, mais pas au point de fournir un résultat immédiat pour le marché marocain.
- F. N. H. : Comment le réassureur national va-t-il accompagner le développement de Takaful au Maroc ? Avez-vous élaboré quelques pistes de réflexion ?
- A. C. : Effectivement, il y a un projet de loi de modification du code des assurances afin d'accompagner cette particularité de l'assurance. Le Maroc a choisi de démarrer progressivement.
Lorsqu'une entreprise est autorisée à faire le takaful, elle ne va pas faire de l'assurance traditionnelle et vice-versa. Il va y avoir une séparation stricte. Je pense que c'est une bonne vision parce qu'il ne va pas y avoir de contestations et il risque d'y avoir un échec au niveau de ce développement.
Il va falloir attendre encore un peu pour avoir plus de détails au niveau des textes d'application pour savoir comment ça va marcher dans le détail.
À l'intérieur de la SCR, tous les besoins de réassurance des compagnies d'assurance vont trouver des solutions. Les travaux sont en cours avec une commission qui suit l'évolution du projet de loi pour proposer des produits de retakaful pour les entreprises marocaines.
- F. N. H. : Le retakaful ne pose-t-il pas le problème de spécialisation à l'instar du takaful ?
- A. C. : L'expérience pour le retakaful au niveau de la réglementation marocaine n'a pas demandé à ce qu'il y ait une structure chargée de faire le retakaful. Et même au niveau international, ça n'existe pas parce que la réassurance est très particulière et exige un niveau de mutualisation très important.
Donc, on ne peut démarrer avec une activité de réassurance dédiée uniquement au retakaful. Mais elle va être accompagnée d'une comptabilité analytique, une séparation assez forte au niveau des éléments avec l'approbation d'un organisme externe.
- F. N. H. : De quelle manière le réassureur national a-t-il contribué à la mise en place d'une agence de régulation autonome ?
- A. C. : Il s'agit d'une séparation entre le législateur et le contrôleur. Jusque-là, c'est la DAPS qui fait les lois et les propose au gouvernement parce que c'est un département du ministère des Finances. Et en même temps c'est un organe qui est chargé de contrôler l'application de ces lois.
- Je pense que la séparation du contrôleur d'avec le législateur est une bonne chose. C'est une des règles de la bonne gouvernance. Je pense qu'on s'inscrit dans une modernisation de notre secteur et de notre administration. Nous avons pu remarquer que tous les secteurs qui se sont dotés d'une agence de régulation ont mieux contribué à la création de la valeur ajoutée. C'est une séparation des pouvoirs ayant pour corollaire une bonne gouvernance.
Propos recueillis par Soubha Es-siari


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