La SCR vient d'obtenir la certification de son système de management de la qualité. Elle va bientôt boucler les modalités fixant son partenariat avec le réassureur sénégalais. La filiale de la CDG a des ambitions en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est. Challenge Hebdo : l'ouverture des frontières ne risque-t-elle pas de fragiliser les opérateurs marocains de la réassurance? Et plus particulièrement la SCR ? Ahmed Zinoun : en matière de réassurance, les frontières ont toujours été ouvertes. La SCR se trouve en compétition avec les réassureurs mondiaux, notamment Munich Ré, Suiss Ré et les Brockers londoniens qui représentent les souscripteurs des Lloyds et des compagnies nord-américaines. Depuis une dizaine d'années, la SCR a renversé la tendance en sa faveur au niveau de la réassurance concurrentielle. En effet, sur la cotation des traités du marché marocain qui subit de plein fouet la concurrence internationale, la part de la société est passée en moyenne de 25% il y a dix ans à 36% maintenant. Certaines compagnies marocaines ont des parts qui oscillent même entre 40% et 60%. En ce qui concerne la réassurance des grands risques, appelée dans le jargon «facultative», les compagnies nationales d'assurance font confiance à la SCR et lui cèdent 100% des risques. La SCR en fait son affaire pour en sécuriser le placement partiel sur le marché international. En cas de faillite du réassureur étranger, les cédantes marocaines ne connaissent que la SCR, mais pour les risques dont elle assure elle-même l'acceptation et le placement. C. H. : l'ouverture de succursales américaines dans le domaine de la réassurance peut-elle mettre en péril votre activité ? A. Z. : pour la cession légale, je vous rappelle que c'est une cession régie par la loi de 1961 qui prévoit la cession de 10% des primes. En contrepartie, la SCR règle 10% des sinistres et on l'oublie souvent. C. H. : la SCR va perdre la part émanant des cessions légales. Que risque-t-il de se passer? Comment comptez-vous compenser ces pertes ? A. Z. : s'agissant de ce volet, la suppression progressive des cessions légales est intervenue depuis maintenant 4 ans. La SCR ne peut que se trouver dans une meilleure position, puisque je rappelle que la cession légale a rendu énormément service aux compagnies d'assurance, particulièrement celles qui connaissaient un déséquilibre accentué au niveau des branches «automobile» et «TPV». La SCR n'a pas attendu la suppression progressive de la cession légale, puisqu'elle l'a anticipée en concertation avec les pouvoirs publics. Le plan stratégique adopté il y a quelques années envisage que pour les missions d'intérêt général, assurées par la cession légale notamment, et qui ne sont pas d'actualité, la SCR va le continuer sous d'autres formes, telles que la couverture de risques hors de portée des compagnies d'assurance. C. H. : de quoi s'agit-il concrètement ? A. Z. : il s'agit des risques catastrophiques (terrorisme, tremblement de terre, inondations, sécheresse….) et d'autres risques que les réassureurs étrangers refusent d'accepter tels que les risques des responsabilités civiles sous leurs différentes formes. D'autre part, se voulant un réassureur professionnel, la SCR entend devenir le réassureur régional de référence au niveau de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est. D'ailleurs, les primes acceptées de l'étranger à fin décembre 2007 se sont élevées de 320 millions de DH, progressant d'une année à l'autre de 46%, alors qu'elles ne s'élevaient il y a 5 ou 6 années qu'à 40 millions de DH. Cette percée au niveau de l'international a été facilitée par le «rating» qu'elle obtient de deux agences internationales, Standard & Poor's et AM BEST. L'obtention de la certification des processus de fonctionnement de la SCR selon la norme ISO 9001 Version 2000 va consolider sans aucun doute la position du réassureur national. ◆