Ahmed Zinoun, administrateur délégué de la Société centrale de réassurance (SCR), mise beaucoup sur l'ouverture à l'international pour faire face à un marché national de plus en plus concurrentiel. Entretien. ALM : Comment la SCR se porte-t-elle au terme du troisième trimestre de l'année 2006 ? Ahmed Zinoun : Nous consolidons notre position sur le marché marocain tout en opérant une belle percée sur les marchés extérieurs. En atteste notre chiffre d'affaires à l'étranger, en augmentation de 30%. Une continuité par rapport à l'année 2005 qui a vu le chiffre d'affaires de nos acceptations étrangères progresser de 100%. Sur le plan interne, nous avons réalisé en 2005 un chiffre d'affaires (total primes) de 2,2 milliards de dirhams, en augmentation de 6%. Les primes conservées s'élèvent à 1,75 milliard de dirhams, en progression de 8% d'un exercice à l'autre. Sur le plan de la gestion financière, le total bilan s'établit à 11 milliards de dirhams en 2005 au lieu de 10,5 milliards en 2004. Notre résultat net s'est chiffré à 125 millions de dirhams, en augmentation de 11%. Quels ont été les éléments structurants de votre bilan ? Nous avons consacré d'importants efforts à la formation, avec l'envoi de collaborateurs chez les partenaires européens, en vue de leur spécialisation. Une mission analogue, mais en sens inverse, s'est déroulée avec nos partenaires en Algérie, au Sénégal et en Libye. De même, nous avons organisé en avril 2006 au Maroc un séminaire sur la gestion actif/passif ayant réuni plus de 130 personnes d'Afrique, du Moyen-Orient et du Maroc. Le but était de les sensibiliser à une gestion affinée de leur bilan et de leurs engagements, afin de minimiser le risque que les compagnies d'assurance encourent traditionnellement. Nous avons aussi entrepris le chantier de la modernisation de l'outil de gestion de la compagnie. L'encadrement est équipé de PC portables, munis de la téléphonie IP et du système de Work flow. Notre engagement pour la qualité totale devra se traduire dès 2007 par la certification ISO 9001 version 2000. Le chantier est bien engagé. Et le projet de rating de la SCR ? La qualité et le savoir-faire sont déterminants dans un environnement concurrentiel. A cet effet, le projet de rating de la société avance bien. Deux agences internationales, à savoir Standards & Poor's et AM Best, ont été invitées pour analyser les points forts et les points faibles de la SCR. Plusieurs séances de travail ont été tenues avec ces deux agences qui ont donné lieu à un questionnement pointu et auquel l'ensemble de l'encadrement de la SCR a répondu. Nous attendons les résultats prochainement pour ce qui est des informations préliminaires, le résultat de l'audit serait bon . A signaler que la notation tient compte de celle du pays. A moyen terme, la SCR poursuit la réalisation de ses chantiers pour devenir un réassureur de référence avec les mêmes standards que les grands réassureurs européens. Où en êtes-vous avec le projet de loi sur les risques catastrophiques ? En tant que cellule de réflexion à la disposition du marché, la SCR a élaboré avec la DAPS et en concertation avec les compagnies d'assurance, les projets de lois sur les risques catastrophiques qui, nous espérons, verront le jour prochainement. L'adoption du texte donnera un véritable coup de pouce au secteur. Qu'en est-il des programmes de modernisation de la SCR ? Parmi les chantiers de modernisation, les experts de la SCR ont amélioré l'outillage de tarification, particulièrement le modèle RBC qui est mis à la disposition de l'ensemble des souscripteurs. Rares sont les compagnies de réassurance d'Afrique et du Moyen-Orient qui disposent de ce système. A l'avenir, la SCR va accentuer son marketing dans le marché national et à l'étranger. Elle est aidée en cela par les séminaires qu'elle organise, à des intervalles réguliers. Le prochain est programmé pour les 13 et 14 novembre 2006. Il s'agit d'une conférence régionale sur l'assurance et la réassurance des risques de catastrophes naturelles en Afrique organisée conjointement par la SCR et le Centre africain des risques catastrophiques (CARC), en coopération avec la Banque mondiale et l'Organisation des assurances africaines (O.A.A). Nous attendons plus de 140 participants venant d'Afrique, d'Asie, d'Europe et, pour la première fois, de la Roumanie et de la Pologne.