Durant 2 jours, les différents intervenants à la Conférence régionale de lutte contre la violence à l'égard des femmes ont insisté sur la nécessité d'adopter une stratégie claire pour diminuer les conséquences de ce fléau sur la société et sur l'économie. 6 millions sur 9,5 millions de femmes marocaines âgées entre 18 et 64 ans ont subi des actes de violences en 2010. Le Conseil de l'Europe noue un partenariat avec le Maroc en apportant un soutien économique et technique dans la lutte contre ce phénomène. La violence à l'égard des femmes est un phénomène mondial présent aussi bien dans les sociétés occidentales qu'orientales et touche toutes les classes sociales. Il porte atteinte à la dignité de la femme, à ses droits humains et à sa stabilité sociale. La violence revêt plusieurs formes : physique, psychique, sexuelle et économique. L'enquête nationale sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes, réalisée par le HCP, révèle des chiffres alarmants puisque sur 9,5 millions de femmes marocaines âgées entre 18 et 64 ans, plus de 63%, soit près de 6 millions, ont subi des actes de violence au cours de l'année 2010. Et encore, selon les ONG, ces chiffres ne sont pas tout a fait représentatifs puisqu'une grande majorité de femmes violentées ne dénonce pas ces actes pour moult raisons. Dans cette optique, et pour trouver des solutions afin d'éradiquer ce phénomène dans notre société, le ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a organisé, en coopération avec le Conseil de l'Europe, une conférence régionale sur le thème : «La prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes», avec pour slogan : «Pour qu'elles ne souffrent plus, que cette violence cesse». Une conférence régionale à laquelle Abdelillah Benkirane a assisté ainsi que bon nombre de responsables gouvernementaux et d'experts internationaux venus des différents pays des deux rives de la Méditerranée. La présence du chef du gouvernement à l'ouverture des travaux de cette conférence prouve, d'après Philipe Boillat, Directeur général de la direction générale des Droits de l'Homme et Etat de Droit, Conseil de l'Europe, la volonté du gouvernement marocain de faire face et de combattre ce fléau. Pour sa part, le chef du gouvernement marocain a rappelé la place de la femme marocaine dans la religion musulmane et dans nos traditions. «Pour faire face à ce phénomène qui menace notre société, il faut absolument corriger les dysfonctionnements qui mènent à la violence à l'égard des femmes à travers l'approche éducative, culturelle et juridique» a-t-il précisé. La lutte contre cette violence nécessite l'implication de toutes les parties prenantes de la société à savoir les citoyens, les autorités, le gouvernement, la Justice, la société civile, le secteur privé, les organisations internationales, les femmes mais aussi les hommes. Le respect des droits de la femme et de l'enfant est le fondement d'une société démocratique où les droits de tout un chacun sont respectés et protégés. Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a précisé que «l'objectif de ce forum est d'échanger les connaissances, les expériences dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes avec les différents intervenants afin de tirer profit des expériences réussies dans le domaine de la gouvernance, du suivi et de l'évaluation liée à ce phénomène». Dans une continuité des efforts et des avancées enregistrées dans la lutte contre ce fléau au Maroc, le nouveau gouvernement de Abdelillah Benkirane a fait de la promotion et de la protection des droits des femmes victimes de violence une préoccupation majeure et l'une des priorités. Plusieurs initiatives et dispositions ont été engagées au cours des 10 dernières années aussi bien par le gouvernement que par la société civile dans ce domaine à travers des stratégies et des plans d'action. Lors de cette conférence Philipe Boillat a souligné que le Conseil de l'Europe (47 Etats membres) a décidé de proposer sa coopération aux Etats du Sud de la Méditerrané qui le souhaiteraient. «Pour la coopération entre le Maroc et le Conseil de l'Europe, le budget mis à la disposition est alloué par l'Union européenne dans le cadre du programme Sud et porte sur un montant de 400.800 euros», précise Philipe Boillat. Des experts européens vont partager avec leurs homologues marocains leurs expertises en matière de législation de justice, de lutte contre la corruption, contre le blanchiment d'argent et contre la violence envers les femmes... Aujourd'hui, ce délit entraine non seulement le déséquilibre de la société, mais porte atteinte également à l'économie d'un pays. «La violence, qui touche au Maroc les femmes entre 18 et 45 ans, a une conséquence très grave sur notre économie sachant que cette tranche est la plus active dans la société et contribue au produit intérieur brut (PIB)», a souligné le ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Après 2 jours de débats et d'échanges fructueux entre les différents intervenants, les travaux de la Conférence régionale sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes sous tous ses aspects, ont été achevés par l'adoption de plusieurs recommandations. Parmi ces recommandations: considérer la lutte contre la violence contre les femmes comme étant l'un des principaux piliers dans le cadre de l'autonomisation des femmes et améliorer leurs conditions; adopter une fine approche pour faire face à ce phénomène; intégrer le législatif et le juridique avec l'entrée culturelle et éducative; considérer ce séminaire régional, une continuité de la coopération euro-méditerranéenne pour cerner le phénomène dans toutes ses manifestations; accélérer l'adoption de la Loi contre la violence... Il est donc impératif que le Maroc passe à la vitesse supérieure en matière d'adoption et d'application des lois sur la protection des droits des femmes et passer de l'étape de sensibilisation à celle de la concrétisation en mettant en place une stratégie efficace pour éradiquer ce phénomène de notre société.