Le secteur de la santé au Maroc se trouve une fois de plus paralysé par des mouvements sociaux. Une coordination syndicale regroupant six syndicats des professionnels de santé a d'ores et déjà annoncé la continuité des grèves en début 2025. Cette crise impacte à la fois la qualité des soins dispensés ainsi que les conditions de travail du personnel soignant. Les grèves massives menées par les professionnels de santé, notamment dans les hôpitaux publics, perturbent le fonctionnement des services de soins. Selon un rapport annuel publié par le ministère de la Santé et de la Protection Sociale, ces mobilisations ont conduit à une suspension partielle des soins non urgents et à l'annulation de nombreuses interventions chirurgicales programmées. En conséquence, les services d'urgence subissent un engorgement chronique, tandis que les délais de prise en charge augmentent significativement, affectant les patients les plus vulnérables. Les revendications des syndicats portent essentiellement sur l'amélioration des conditions de travail, la revalorisation salariale, et l'augmentation des moyens humains et matériels. D'après les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), environ 30 % des structures de soins publiques manquent de personnel qualifié. Cette situation accroît la surcharge de travail pour les équipes en place, aggravant ainsi leur sentiment d'épuisement et de frustration. Lire aussi : La Chambre des représentants adopte le projet de loi sur la grève Ces tensions ont des répercussions directes sur la qualité des soins, comme le souligne une enquête publiée par l'Ordre des Médecins du Maroc. Près de 40 % des professionnels interrogés se déclarent démotivés, ce qui influe sur leur engagement et la prise en charge des patients. Par ailleurs, le ministère de la Santé indique que cette situation a entraîné une réduction des services offerts, affectant particulièrement les populations les plus éloignées des centres de soins urbains. La crise actuelle exacerbe les enjeux budgétaires des hôpitaux publics, déjà confrontés à un manque chronique de financements. Selon un rapport financier du ministère de la Santé et de la Protection Sociale, les établissements publics affichent une dette cumulée dépassant 4 milliards de dirhams, limitant ainsi leur capacité à investir dans la modernisation des infrastructures et le recrutement de personnel qualifié. Les cadres paramédicaux, pourtant essentiels au fonctionnement des services de santé, dénoncent également des conditions de travail précaires et un manque de reconnaissance. Une étude récente menée par l'Association des Cadres Paramédicaux du Maroc (ACPM) met en lumière que 55 % des paramédicaux envisagent de quitter leur profession en raison d'une surcharge de travail et d'un déficit en formation continue. Le secteur de la santé marocain fait face à une pénurie de vocations, amplifiée par une fuite croissante des talents vers le secteur privé ou vers l'étranger. Selon un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) plus de 50 % des médecins marocains envisagent de quitter la fonction publique. Ce phénomène menace directement la durabilité du système public de santé. Les populations les plus vulnérables, notamment celles vivant dans les zones rurales, sont les premières victimes de cette crise. Le ministère de la Santé souligne que plus de 10 millions de citoyens résident à plus de 30 minutes d'un établissement de santé.