Le ministère du transport et de la logistique a annoncé, vendredi 27 décembre, le report de l'entrée en vigueur de la norme européenne "Euro 6" pour plusieurs catégories de véhicules motorisés. Cette décision concerne les véhicules des catégories M2, M3, N1, N2 et N3, considérés comme des véhicules lourds, et s'applique aux procédures d'homologation et d'immatriculation. En revanche, les véhicules légers de la catégorie M1 ne sont pas concernés par cette mesure. Selon le communiqué du ministère, ce report, d'une durée de 24 mois, intervient à la suite de la publication du décret conjoint signé par le ministre du transport et de la logistique et la ministre de la transition énergétique et du développement durable. Ce texte, référencé sous le numéro 2094.24 et daté du 11 décembre 2024, modifie le décret conjoint précédent du 25 décembre 2010, relatif aux conditions d'homologation des véhicules en matière d'émissions polluantes selon les exigences des moteurs. Le nouveau décret a été publié au Bulletin officiel n° 7361 du 16 décembre 2024. Pour rappel, la réglementation initiale, introduite par le décret de décembre 2022, imposait l'application des nouvelles normes d'émissions pour les véhicules de la catégorie M1 dès le 1er janvier 2023, et pour les véhicules des catégories M2, M3, N1, N2 et N3 à partir du 1er janvier 2025. Par ailleurs, l'immatriculation des véhicules ne respectant pas les exigences de cette norme devait être interdite à compter du 1er janvier 2024 pour la catégorie M1, et du 1er janvier 2026 pour les autres catégories concernées. Ce report fait écho aux demandes réitérées des représentants des secteurs du transport touristique et routier. La Fédération nationale du transport touristique avait adressé une correspondance aux ministres concernés, plaidant pour un délai supplémentaire afin de permettre aux opérateurs d'adopter les nouvelles dispositions. Elle avait également réclamé des mesures d'accompagnement, notamment sous forme de subventions pour le renouvellement des flottes, à l'instar d'autres branches du transport. Dans ce cadre, la fédération avait mis en garde contre les conséquences économiques du décret, estimant qu'il pourrait entraîner une hausse significative des prix des véhicules conformes, compromettant ainsi le renouvellement des parcs de transport et la qualité des services proposés. «Ce type de mesures risque de fragiliser encore un secteur clé pour l'économie marocaine, à l'heure où le pays s'apprête à accueillir un afflux important de touristes dans les années à venir», a-t-elle indiqué. De son côté, l'Union marocaine du transport routier portuaire avait également alerté sur les répercussions de la norme "Euro 6" sur les coûts d'acquisition et d'exploitation des véhicules. Elle avait demandé un report d'au moins 30 mois pour permettre au secteur de surmonter les défis liés à la crise actuelle et d'ajuster ses capacités financières aux nouvelles exigences réglementaires. Ce report, selon des sources proches du dossier, est perçu comme une réponse aux préoccupations des professionnels du secteur, tout en offrant un délai supplémentaire pour adapter les infrastructures et soutenir les initiatives de transition écologique.