Voilà une étude de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) intéressante à plus d'un titre. La population africaine, estimée à plus de 1,04 milliard de personnes en 2011, compte autant de femmes que d'hommes. Mais, surtout, l'Afrique a une population très jeune, la plus jeune au monde : il y a pratiquement 200 millions d'habitants âgés de 15 à 24 ans. Et d'ici 2045, le nombre de jeunes devrait doubler et leur niveau d'instruction évoluer. Autre bonne nouvelle : malgré la situation difficile que traverse l'Europe, l'agence de notation financière américaine Moody's table, dans sa dernière étude, sur «un scénario de croissance soutenue en Afrique et s'attend d'une manière générale à une amélioration durable de la conjoncture économique». En clair, la croissance économique du continent pour les cinq prochaines années à venir devrait être «de l'ordre de 6%». Voilà qui devrait intéresser les opérateurs économiques marocains. Eux qui ont désormais fait (la plupart en tout cas) de l'Afrique leur terrain de chasse dans le cadre de leur stratégie de développement. Brandissant comme arguments la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud, surtout dans un contexte économique où les partenaires historiques, notamment les pays européens, sont malades et en mal de croissance. C'est donc légitime de chercher de nouvelles niches de croissance en terre africaine où tout reste à faire et où il y a beaucoup à offrir, particulièrement en terme de services. Et sur ce créneau, ce sont les institutions financières qui sont très en vue. BMCE Bank, Attijariwafa bank, Saham Finances, Wafa Assurance ou encore le Groupe BCP crient ainsi haut et fort leurs ambitions dans ce continent où l'étendard marocain devient de plus en plus visible. Elles ont compris que l'Afrique pouvait être un véritable relais de croissance, à travers notamment une offre de services financiers diversifiés et adaptés aux besoins de cette jeune population. Mais investir en Afrique, c'est aussi s'accommoder des risques politiques et de leurs conséquences néfastes sur le plan économique. Certains opérateurs bancaires en font actuellement l'amère expérience, quand bien même globalement les filiales africaines contribuent positivement à leur résultat net part du groupe. C'est cette instabilité politique persistante et récurrente dans certaines régions qui gêne les opérateurs marocains, mais surtout entrave le développement de l'Afrique dans son ensemble. Une instabilité dont l'origine est quasiment la même partout : la soif de pouvoir, avec à la clé des chouanneries meurtrières dont les peuples se relèvent difficilement.