Avec le rachat de Colina, le Groupe Saham pose un pied en Afrique. Après les banques, c'est donc au tour des assurances. Une belle bataille nationale hors territoire s'annonce dans le secteur de l'assurance. Le Groupe Saham, propriété de l'ex-patron des patrons marocains, Moulay Hafid Elalamy, vient de réaliser une opération de croissance externe d'envergure en prenant le contrôle de l'assureur panafricain Colina. Ayant un chiffre d'affaires en croissance moyenne de 12% sur les cinq dernières années et un résultat net de 3,492 millions F CFA en 2009, Colina est présent dans 11 pays du continent au travers de 15 compagnies d'assurance. Le holding Saham pose ainsi ses pieds en Afrique, marché au sein duquel il retrouve des établissements bancaires marocains déjà établis, entre autres, Attijariwafa bank et BMCE Bank. C'est dire qu'après les banques, ce sont désormais les compagnies d'assurances qui vont à la conquête de ce continent. Un nouveau créneau qui peut susciter des convoitises, surtout pour les deux groupes bancaires précités qui, en plus d'être en territoire connu, disposent chacun d'une compagnie d'assurance. De quoi promettre une belle bataille nationale hors territoire, particulièrement dans la bancassurance, un secteur où le potentiel de croissance reste immense en Afrique. Des opportunités de croissance à exploiter… Dire que l'assurance est indispensable au développement des pays du continent africain est une litote. Aucune économie ne peut prendre réellement son essor sans la présence et l'assistance d'une forte industrie de l'assurance. Elle contribue à mobiliser des flux d'investissements à même de financer la croissance économique, les infrastructures de base, les projets structurants, et donc l'emploi. Le développement de l'assurance est, en Afrique, plus qu'ailleurs, une nécessité. Aujourd'hui, avec l'amélioration de la situation économique du continent, le secteur est en pleine croissance, enregistrant un taux de croissance de 10% par an, tout en attirant de plus en plus les groupes internationaux. D'ailleurs, à l'occasion du Forum africain de l'assurance (FAA) dont les travaux se sont déroulés récemment à Marrakech sous le thème «Enjeux et perspectives de la bancassurance en Afrique», Norbert Fouques, associé AOA Conseil France, a souligné que «les pays en voie de développement se caractérisent par l'émergence d'une classe moyenne qui a rapidement le souci de se couvrir contre les accidents de la vie». C'est donc là «une transformation en profondeur, notamment, au travers de la prise de conscience du besoin de s'assurer, de la forte croissance du volume de primes et du passage de la simple assurance de responsabilité à l'assurance dommages aux biens et à l'assurance santé», signale-t-il. «Les banques sont au coeur de cette évolution car elles financent le plus souvent les biens, et donc elles ont une bonne connaissance du patrimoine de leurs clients», conclut-il. Sur ce même registre, Lotfi Elbarhdadi, directeur Assurance Standard & Poor's, estime, quant à lui, que «la bancassurance, en tant que réseau de distribution, est appelée à rester un outil clé pour la distribution de produits d'assurance; la banque comme propriétaire du réseau de distribution et l'assureur comme concepteur de produits d'assurance», ajoutant que cette «activité constitue un potentiel important dans les pays émergents». Cependant, au-delà de l'assurance obligatoire, le plus souvent lié à l'automobile, les produits d'assurance proposés en Afrique deviennent très diversifiés et adaptés aux besoins du continent. C'est dans ce sens que de nombreux assureurs commerciaux explorent de nouvelles niches comme la microassurance qui présente l'avantage de familiariser les populations avec le secteur de l'assurance. L'Afrique sub-saharienne apparaît ainsi comme un nouveau relais de croissance pour les groupes marocains, même si certains ajustements restent à apporter, notamment la réduction des prélèvements fiscaux sur les contrats.. S. E. M. (stagiaire) • Bancassurance en Afrique : Enjeux et perspectives Le Forum africain de l'assurance (FAA), organisé par i-conférences, a accueilli, à Marrakech, plus de 200 participants, regroupant représentants des gouvernements, autorités de tutelle de la région, dirigeants de compagnies d'assurance, organismes internationaux... Sous le thème «Enjeux et perspectives de la bancassurance en Afrique», les participants ont débattu pendant deux jours des opportunités liées au développement de la bancassurance et son impact sur la généralisation de l'assurance en Afrique. Il est ressorti lors des débats qu'en dépit de l'élan soutenu que connaît le secteur dans quelques pays d'Afrique du Nord, du Centre et de l'Ouest, beaucoup reste à faire, comme en atteste le taux de pénétration du secteur qui ne dépasse pas 0,5% du PIB. Ce qui offre un important potentiel de développement. Pour développer ce secteur, opérateurs et professionnels du secteur de l'assurance en Afrique s'accordent sur le fait que des mesures d'accompagnement s'imposent et que pouvoirs publics et opérateurs privés doivent redoubler d'efforts pour encadrer le marché et le professionnaliser.