Le taux directeur maintenu à 3%. Le déficit public devrait se situer entre 5% et 6% du PIB à fin 2012. L'inflation se situerait à 2%. Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu récemment sa réunion trimestrielle à Rabat. Lors de cette réunion, le Conseil a analysé l'évolution récente de la situation économique, monétaire et financière de nos partenaires commerciaux avant de se pencher sur la conjecture économique du Royaume. Une seule mesure monétaire a été prise à l'issue de la réunion. La Banque centrale a réduit le taux de réserves obligatoires des banques de deux points pour le ramener à 4%. Lors de la conférence de presse organisée à l'issue du Conseil de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri a commencé par commenter la situation de nos voisins de la zone MENA, de la zone Euro ainsi que celle des Etats-Unis. Le wali de Bank Al-Maghrib s'est félicité de la détente des taux sur les emprunts d'Etats européens après la nouvelle décision d'assouplissement monétaire concoctée par la BCE, tout en rappelant que les pays de la zone Euro sont toujours en récession et que ces mesures n'auront que des impacts à court terme. «Les mesures prises par la BCE et la FED vont se traduire par une certaine détente sur les différents compartiments des marchés financiers. Cependant, l'activité économique et ses perspectives restent globalement déprimées dans les pays avancés», souligne le gouverneur de BAM. Quant aux cours des matières premières, Abdellatif Jouahri rappelle la hausse des matières énergétiques et alimentaires enregistrée durant l'été dont l'impact sur l'inflation au niveau national est resté modéré (hors hydrocarbures après décision gouvernementale). Croissance à moins de 3% Les prévisions de croissance établies par Bank Al-Maghrib sont maintenues à moins de 3% pour cette année 2012, et ce malgré une récolte agricole qui sera au final meilleure que prévu mais inférieure à la moyenne. Pour leur part, les recettes ordinaires sont en hausse de 5,9%. Toutefois, cette performance est contrebalancée par des dépenses de fonctionnement en forte hausse de 12,1%. Ce qui brade les dépenses d'investissement et d'équipement qui baissent de 7,6%. Le déficit public devrait ainsi se situer, selon les déclarations de Jouahri, entre 5% et 6% du PIB pour l'année en cours. A fin juillet 2012, ce déficit budgétaire se chiffrait à 24,6 Mds de dirhams contre 21,4 Mds de dirhams à fin juin et 18,3 Mds de dirhams un an auparavant. «L'objectif du gouvernement est de ramener le déficit à 3% en 2016 pour honorer les engagements pris avec le FMI après l'octroi de la ligne de crédit de 6,2 Mds de dirhams en 2012», souligne Jouahri, non sans commenter longuement quelques articles de presse décrivant cette ligne de crédit comme un retour au programme d'ajustement structurel des années quatre-vingts. «Lors du PAS, le déficit public était à deux chiffres, l'inflation autour de 10% et le Maroc n'avait aucune réserve de changes. La situation n'est pas du tout comparable aujourd'hui et cette ligne est une précaution contre un choc exogène que nous n'aurions pas anticipé», explique Jouahri. Le gouverneur de Bank Al-Maghrib a également rappelé que le budget de la compensation pour l'année 2012 a déjà été consommé à fin juillet avec une dépense totale de 32 Mds de dirhams. Par ailleurs, Bank Al-Maghrib, dont l'objectif principal a toujours été la stabilité des prix, semble réussir son entreprise. En effet, l'évolution de l'inflation est restée modérée, en ligne avec les anticipations faites en juin 2012. Après 1,9% en juin et 1,7% en juillet, l'inflation en glissement annuel s'est établie à 1% en août et cela bien que les prix de la rubrique «carburants et lubrifiants» aient progressé de 16,8%, en liaison avec la hausse des prix à la pompe intervenue en juin 2012. L'inflation sous-jacente, qui corrige l'inflation globale des éléments volatils, a atteint 0,4% en août, après 0,5% en juillet et 0,6% en juin. Les prix à la production industrielle subissent une hausse de 1,1% en juillet, après 3,2% et 4,8% en mai en glissement annuel. Perspectives Après la baisse du taux directeur, BAM s'attaque aujourd'hui à la réserve obligatoire des banques qui passe à 4% au lieu de 6% précédemment, ce qui est en soi une mesure d'assouplissement à la faveur d'une meilleure circulation de la monnaie. «Il y a un besoin durable de liquidités sur le marché monétaire et compte tenu des prévisions d'évolution des facteurs de liquidité, cette décision permettra au circuit bancaire de continuer à financer l'économie», précise Jouahri. Pour justifier ses choix, Bank Al-Maghrib s'appuie sur une hypothèse de croissance de 4% en 2013, tirée par les secteurs non agricoles et une inflation de 2%. Questionné sur le réalisme de ces hypothèse alors que la Caisse de compensation sera reformée lors de la prochaine Loi de Finances selon plusieurs sources gouvernementale, Jouahri a déclaré ne pas avoir pris en compte dans ses hypothèses des mesures non encore effectives.