L'impact de la crise dans la zone euro a impacté les exportations marocaines, les transferts des MRE et le secteur touristique, l'Europe étant notre premier client. Le développement des IDE est notre planche de salut à condition de faire sauter les verrous administratifs, politiques et réglementaires. Pour Eneko Landaburu, le Statut avancé est une opportunité qu'il faudra saisir, car la crise de l'euro ne signifie pas tourner le dos à l'Europe, tout en développant d'autres marchés. La Délégation de l'Union européenne auprès du Maroc et l'Eurocham Maroc ont organisé récemment un séminaire sur les «Perspectives économiques et réponses à la crise de la zone euro : Impact et réaction du Maroc». L'Ambassadeur de l'Union européenne auprès du Maroc, Eneko Landaburu, intervenant à l'occasion de ce séminaire, a rappelé la récente réunion à Bruxelles d'un sommet extrêmement intéressant où il y a eu une réponse collective pour répondre dans une perspective dynamique à la crise. «L'économie financière mondiale, ce capitalisme très bien décrit il y a quelques années par Karl Marx, qui n'est pas démodé, est tellement puissant qu'il peut faire et défaire n'importe quelle volonté populaire. Que faire alors ? Il faut s'unir pour qu'il y ait une résistance politique à cette réalité financière internationale. Et c'est là où c'est compliqué», souligne E. Landaburu qui s'est félicité de l'Accord sur le pacte budgétaire. «Cela sera inscrit dans les constitutions des pays membres, et sera un engagement irréversible pour qu'on ne soit plus dans les politiques de laxisme comme on y était précédemment». Egalement, on donne à la Banque centrale européenne la faculté et la compétence d'être un superviseur de banques, de systèmes de contrôle bancaire au niveau européen. Donc autonomie du système bancaire par rapport au système de la dette souveraine. Landaburu n'a pas caché son espoir que cette supervision et la création d'un Fonds de garantie européen pourrait en tourner cette triste page de crise que vit l'UE. Les IDE, planche de salut pour le Maroc Il est incontestable que la crise européenne a eu une incidence sur l'économie marocaine. Et cela se vérifie dans le volume des exportations vers l'Europe, le transfert des MRE, le tourisme ... «L'impact de la crise de la zone euro dans l'économie marocaine est inévitable car l'UE reste le principal partenaire du Maroc. L'effet de la crise s'étend par les canaux de l'économie réelle : le commerce extérieur, les transferts des Marocains résidants à l'étranger, le tourisme, les investissements. Autant de conséquences qui peuvent affecter les équilibres macro-économiques du Maroc et la croissance économique», c'est, en substance le résumé de l'impact de la crise euro sur notre pays. Une réaction normale quand on sait que les échanges commerciaux du Maroc se font principalement avec l'Europe, aussi bien pour les importations que pour les exportations. Mais un véritable problème de l'économie marocaine réside dans l'accroissement constant du déficit de sa balance commerciale, entre autres, avec l'Europe. En fait, la progression des exportations marocaines n'a cessé de régresser. «Que faire ? Fermer les frontières ? Certainement pas ! Il faut soutenir les efforts de diversification d'exportation pour trouver des niches dans d'autres marchés afin que les produits marocains soient mieux vendus...», estime Landaburu. Et en cela, on ne le répétera jamais assez, il faut que l'offre exportable du Maroc soit plus diversifiée et plus compétitive et cible une diversité de partenaires géographiques, en regardant vers d'autres régions comme l'Afrique, l'Asie et l'Amérique. D'ailleurs l'UE se félicite de la mise en place de programmes comme Maroc Export qui s'attèlent à cette lourde tâche, mais ô combien indispensable. Mais l'un des facteurs de croissance reste la promotion des IDE : «Il faut favoriser les IDE au Maroc, et cela passe par une politique beaucoup plus claire est déterminée pour améliorer le climat général des affaires», estime E. Landaburu. Aujourd'hui, la majorité des IDE vient de l'Europe, constituant la pierre angulaire du développement de l'industrie et des services du Maroc. Pour cela, le pays a mis en œuvre de nombreuses mesures pour améliorer le climat des affaires. Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui il y a trop de freins réglementaires, politiques et administratifs qui persistent au Maroc face aux IDE, désormais indispensables pour assurer une croissance économique nécessaire, poursuit l'Ambassadeur. Et cette promotion des IDE passe par la réforme de la Justice, par une lutte déterminée contre la corruption, par une meilleure gouvernance au niveau de l'administration publique ... Statut avancé, une opportunité ? «Nous avons, dans le cadre du Statut avancé, cette très grande ambition de plus de convergence entre l'UE et le Maroc dans différents domaines à travers le rapprochement des législations et pratiques européennes afin que l'économie marocaine puisse bénéficier au maximum d'un marché de 500 millions de consommateurs. Ça passe bien évidemment par des normes et des réglementations... c'est un immense chantier et dans lequel il faut avancer !», estime Eneko Landaburu. Pour lui, il est évident que dans un contexte où la crise en Europe affecte le Maroc, la solution n'est pas de se détourner de l''Europe, elle est pour des raisons tant géographiques que culturelles et humaines un axe incontournable de la stratégie d'ouverture et de développement du Maroc. Au contraire, c'est dans la consolidation de notre partenariat que nous trouverons des bénéficies mutuels. «La situation est grave, la crise est grave mais dans la crise il n'y a pas seulement un aspect négatif mais également un aspect d'opportunités. J'espère qu'on les saisira aussi bien du coté européen que du côté marocain parce que c'est indispensable...», conclut l'ambassadeur de l'UE auprès du Maroc.