Près de 50 millions dunités (CD, DVD, cassettes) sont «reproduites» annuellement au niveau du marché marocain. Les autorités veulent entamer une croisade contre le piratage dans toutes ses formes. Cependant, ce discours ne date pas daujourdhui Des cassettes vidéo et audio, des DVD, CD et autres cartes de récepteurs numériques piratées, inondent le marché marocain. Une véritable industrie «clonée» qui réalise des chiffres daffaires inimaginables. Il faut dire que les chiffres relatifs au piratage ne peuvent laisser indifférent. Les sociétés «fantômes» qui changent souvent de raison sociale, peuvent produire 400.000 cassettes audio et 600.000 CD piratés par semaine. Malgré les différentes campagnes de sensibilisation, le taux de piratage au Maroc a atteint 70%, dépassant largement les taux continental (56%) et international (36%). Selon des sources européennes, près de 50 millions dunités (CD, DVD, cassettes) sont «reproduites» annuellement au niveau du marché marocain. Ce fléau engendre un manque à gagner de 2,5 milliards de DH pour léconomie nationale. Rien quà Derb Ghallef, ou encore à «Kissariat Chaouia», des milliers de cassettes et CD piratés sont écoulés quotidiennement. Les montants qui en résultent se chiffrent en millions de DH pour les grossistes. 2005, année de lutte contre le piratage Lors dune rencontre sur le piratage informatique et intellectuel, tenue à Rabat le 22 mars dernier, Nabil Benabdellah, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, a déclaré que son département fera de lannée 2005 lannée de la lutte contre toute forme de piratage. Selon le ministre, «le piratage est devenu un problème réel qui porte préjudice à limage du Maroc à léchelle mondiale et détruit le champ de la créativité, de la production et de lédition». Organisée par le ministère de la Communication et le Bureau marocain du droit dauteur (BMDA), la conférence avait pour objectif de trouver des solutions permettant de venir à bout de ce fléau. Lors des ateliers, les intervenants ont examiné essentiellement laspect réglementaire et législatif. En effet, certaines lois doivent être révisées, tandis que dautres ne sont pas du tout appliquées; ce qui rend la tâche facile aux «pirates». Plusieurs mesures sont à prendre : renforcement des sanctions pénales et civiles, création dune brigade spécialisée dans la lutte contre le piratage au sein de la Direction Générale de la Sécurité Nationale (DGSN) qui disposera des prérogatives nécessaires pour mener une lutte efficace, etc. La promulgation dune circulaire conjointe du ministère de la Justice et du département de lIntérieur visant à simplifier les procédures et lapplication de la loi en faveur des ayant-droits est également prévue. Les intervenants ont convenu de la nécessité damender les dispositions relatives aux droits dauteurs et droits assimilés, prévus par le Dahir du 15 février 2000, et dactiver la promulgation du décret portant création de la Commission nationale permanente de lutte contre le piratage. Sensibilisation de formation Lapplication des lois et des sanctions envers les pirates demeure un facteur déterminant dans la lutte contre la piratage. Mais, rappelons-le, malgré les différentes campagnes de sensibilisation initiées, le fléau du piratage a pris de lampleur au Maroc; ce qui, cependant, ne diminue en aucun cas limportance de la sensibilisation. Dailleurs, le deuxième atelier de la conférence de Rabat sest penché sur les actions de linformation et de la sensibilisation. Dans ce cadre, de nouvelles campagnes sont prévues. Autre élément important soulevé par les intervenants : celui de la formation de tous les acteurs concernés par ce phénomène. Il sagit essentiellement des juges, des agents de la douane et de la police judiciaire. Des programmes de formation continue sur les droits dauteur se concrétiseront dans les mois à venir. Le phénomène de la contrefaçon, qui touche la bijouterie, la maroquinerie, lhorlogerie et le prêt-à-porter à été également débattu lors de la conférence. Tous les intervenants ont reconnu la gravité du piratage informatique et intellectuel au Maroc et lurgence de renforcer larsenal juridique réglementant les secteurs touchés. Reste à savoir si les différentes résolutions prises lors de cette rencontre se traduiront par du concret.