Le piratage, une économie souterraine qui recouvre une large palette d'activités et freine le développement de l'emploi et de l'activité économique légitimes, enregistre au Maroc un taux ''des plus alarmants par rapport aux autres pays de l'Afrique et du Moyen-Orient'', a relevé le magazine économique bimensuel de la première chaîne de télévision (TVM) "EchoEco". Dans un spécial consacré au phénomène de piratage, diffusé mercredi soir en prime time par la TVM, le magazine a fait remarquer que le taux de piratage au Maroc avoisine les 70%, alors que la moyenne mondiale est de 36 pc, ajoutant que ce ''fléau'' touche la quasi-totalité des programmes informatiques, les cartes des récepteurs satellites, les Compact Disc (CD), les Video CD (VCD), les Digital vidéo disc (DVD), les cassettes audio ainsi que les vêtements et autres produits. L'émission a filmé de près des pirates professionnels en train de confectionner leurs produits contrefaits en se servant de matériel informatique de pointe, acquis pourtant à des prix bon marché. Ils écoulent leurs produits à des prix ''très'' compétitifs et à la portée de toutes les bourses. A Derb Ghellab, marché casablancais dont la notoriété dépasse les frontières marocaines, se concentrent les vendeurs de produits piratés tels les CD, les programmes informatiques, les logiciels et des cartes de décryptage des chaînes de télévision payantes. Ils présentent leurs produits sur étalage ou à même le sol à des prix imbattables : lecteur VCD (350 DH), VCD (4 à 5 DH), DVD (10 DH)... Selon le gérant d'un complexe de cinéma à Casablanca, les DVD et les VCD ont négativement affecté le secteur cinématographique. Outre les prix très bas des produits de contrefaçon, le taux de remplissage des salles de cinéma a considérablement chuté pour se situer aujourd'hui à 35%. ''Le piratage nous empêche aujourd'hui d'évoluer au Maroc. On a prévu une politique de développement sur d'autres villes du Royaume à travers la création d'autres multiplexes notamment à Rabat, Marrakech, Tanger et Agadir, mais ce fléau entrave la mise en oeuvre de nos ambitieux projets'', a dit cet investisseur étranger. Pour le Business Software Alliance (BSA), une association internationale qui regroupe les principaux éditeurs de logiciels et des entreprises développant du matériel et des technologies pour Internet et le commerce électronique, le piratage se concentre au niveau des PME du fait qu'elles n'ont pas de structures informatiques et ne disposent pas de responsables informatiques pour élaborer une stratégie pour l'entreprise. La BSA, dont la mission consiste à mieux faire connaître aux utilisateurs les droits de propriété intellectuelle applicables aux logiciels, a mené une campagne pour sensibiliser les revendeurs au danger du piratage à travers des visites physiques et engagé des actions en justice à l'encontre des éditeurs (8 au total). Mme Nadia Benbahtan, une responsable du BSA a indiqué que son organisme travaille, en partenariat avec les gouvernements et les institutions en charge de la protection de la propriété culturelle dans son sens le plus large. Il entame des actions de sensibilisation au niveau des circuits de distribution informatique et des revendeurs informatiques, et oeuvre à sensibiliser les segments des entreprises utilisatrices à l'usage exclusif des logiciels originaux. Le secteur des vêtements est un autre segment touché par le piratage dans la mesure où les marchés connaissent l'invasion de vêtements de marques imitées avec des prix dérisoires. Pour les vendeurs, ces prix sont à la portée des petites bourses marocaines. La contrefaçon touche également les vêtements et produits usinés au Maroc. Le piratage et la contrefaçon découragent l'innovation, le commerce et l'investissement, dérobent aux créateurs le fruit de leur travail, privent les gouvernements de recettes fiscales. Ils érodent également la confiance des consommateurs dans la qualité des produits de marque et présentent de sérieux risques pour l'économie nationale. "EchoEco", premier magazine télévisé diffusé sur Internet au Maroc, bénéficie du partenariat de nombreux établissements de presse, dont l'agence Maghreb Arabe Presse (MAP). La société productrice de ce magazine ''Chrysalide Communication'' a mis au point un site web (www.echoeco.com) qui offre, en plus de l'actualité économique, un forum de discussion et diffuse l'intégralité de l'émission.