* Pour lutter contre l'institutionnalisation» du piratage, un Comité national pour la lutte contre ce fléau sera créé, en tant que structure chargée de centraliser toutes données et capable de réagir. * Un projet de décret a été déposé au Secrétariat général du gouvernement afin d'activer ce nouvel organisme dans les plus brefs délais. Cest devant la Chambre des conseillers que Nabil Benabdellah, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, a annoncé la création d'un Comité national pour la lutte contre le piratage. A l'instar de la stratégie poursuivie dans la lutte contre les accidents de la circulation, ce comité réunira tous les départements ministériels concernés. Afin que les actions projetées puissent bénéficier de l'adhésion et de l'implication de tous les acteurs engagés dans cette lutte. C'est le conseiller Abderrafi Jouahri, de l'USFP, qui a soulevé le débat concernant la stratégie nationale prônée pour la sauvegarde de la propriété intellectuelle. «L'ampleur de cette pratique est devenue telle, a-t-il relevé, que toutes les catégories de la production intellectuelle et artistique sont devenues l'objet d'un piratage systématique». Il faut dire que notre pays est en passe de devenir l'un des champions du piratage, toutes catégories confondues, dans le monde arabe. Le laxisme des pouvoirs publics en matière de lutte contre ce fléau doit cesser. Car on constate aussi que les acteurs principaux impliqués dans cette lutte n'ont pas réussi, pour leur part, à trouver une plate-forme intégrée qui puisse les réunir et donc donner un sens commun à leur action. La création de ce nouveau Comité national pour la lutte contre le piratage fournira aux services de la douane, aux services de sécurité, à l'Office marocain de la protection de la propriété industrielle et commerciale de sérieux atouts pour agir. Outre le fait que le piratage commence à prendre des dimensions inquiétantes portant préjudice à l'image du Maroc, le manque à gagner annuel est estimé à 2 Mds de DH. Ce qui veut dire que ce fléau et devenu une véritable économie souterraine qui recouvre beaucoup de secteurs et freine l'attractivité du Maroc. Par rapport aux autres pays arabes, le Maroc avoisine un taux de piratage de 70%, alors que le moyenne mondiale est de 36%. Le champ de la piraterie englobe, d'après des chiffres et des données fiables, la quasi-totalité des programmes informatiques, les cartes de récepteurs satellites, les compacts Disc (CD), les Video CD (VCD), les Digital Video Disc (DVD), les cassettes audio. Le matériel de pointe acquis par les pirates et qui facilite leur tâche atteste, d'un autre point de vue, que des réseaux bien organisés se trouvent derrière la progression du piratage au Maroc. Pour le volet artistique, le taux de remplissage des cinémas jugé le plus faible depuis l'indépendance du Maroc, indique que le piratage risque de miner de l'intérieur tous les efforts menés par le Centre Cinématographique Marocain (CMM) qui débloque annuellement des millions de DH pour donner un nouveau souffle à la production nationale. Les prix abordables des produits contrefaits indiquent aussi que la lutte contre le piratage au Maroc ne sera pas une tâche aisée. Les responsables marocains qui seront regroupés dans le cadre de ce comité savent très bien que la faiblesse du pouvoir d'achat de la grande masse des consommateurs marocains pourrait leur jouer de vilains tours. Toujours est-il que la lutte contre ce fléau est enfin dotée d'une structure, avec les organismes qui y seront représentés, avec une force de détermination et d'action qui ont souvent manqué dans la stratégie de la lutte contre le piratage.