C'est officiel : le Maroc aura droit à une quatrième ligne de précaution et de liquidité pour une durée de 2 ans. Le gouvernement aura bien besoin du parapluie du FMI pour lever de la dette auprès des marchés internationaux dans des conditions optimales.
On la croyait dernière nous, mais elle est bel et bien de retour : le Maroc aura droit à une nouvelle Ligne de précaution et de liquidité. Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a en effet approuvé, à la demande du Maroc, un accord sur deux ans en faveur du Royaume au titre de la LPL, pour un montant de 2,97 milliards de dollars. L'accès au titre de l'accord pendant la première année sera équivalent à 1,73 milliard de dollars, précise l'institution. Il s'agit du 4éme accord du genre après ceux de 2012, 2014 et 2016. Les autorités marocaines ont l'intention de considérer ce nouvel accord comme un accord de précaution, comme elles l'ont fait pour les trois accords précédents (2012, 2014 et 2016). En d'autres termes, le gouvernement n'envisage pas de tirer sur cette ligne de crédit, la considérant uniquement comme un «parapluie» contre d'éventuels chocs externes. L'argumentaire du FMI pour justifier cette LPL n'a pas véritablement changé depuis toutes ces années. En dépit de vents contraires, comme la forte hausse des prix mondiaux du pétrole, le FMI estime que les autorités marocaines ont réduit la vulnérabilité budgétaire et extérieure du pays, et ont mis en œuvre des réformes importantes, avec l'appui de trois précédents accords.
«C'est bien, mais…» Mitsuhiro Furusawa, Directeur général adjoint du FMI et président par intérim du conseil d'administration, a en effet mis en exergue les progrès réalisés par l'économie marocaine. «Le Maroc a accompli des progrès considérables dans la réduction de sa vulnérabilité intérieure au cours des dernières années. La croissance est restée robuste en 2018 et devrait s'accélérer progressivement à moyen terme, sous réserve d'une amélioration des conditions extérieures et d'une exécution soutenue des réformes». Les déséquilibres extérieurs ont diminué, l'assainissement des finances publiques a progressé et les cadres d'action et institutionnel ont été renforcés, notamment grâce à la mise en œuvre de la récente loi organique relative à la Loi de Finances, au renforcement de la surveillance du secteur financier, à l'assouplissement du régime de change et à l'amélioration du climat des affaires. Au chapitre des bons points, figure aussi l'adoption de la loi sur la Banque centrale et la poursuite de la mise en œuvre des recommandations du programme d'évaluation du secteur financier 2015 qui contribueront à renforcer le cadre d'action dans le secteur financier. Néanmoins, alerte le FMI, ces perspectives restent exposées à des risques extérieurs notables, parmi lesquels une montée des risques géopolitiques, une croissance lente chez les principaux partenaires commerciaux du Maroc et la volatilité des marchés financiers mondiaux. Comme à son habitude, le FMI a insisté sur la nécessité, pour les autorités marocaines, de poursuivre les réformes structurelles. Les réformes à entreprendre sans plus attendre concernent la fiscalité et la fonction publique, une décentralisation budgétaire «judicieuse», un renforcement de la surveillance des entreprises publiques et un meilleur ciblage des dépenses sociales. Ces réformes doivent permettre la poursuite de l'assainissement des finances publiques afin de réduire le ratio dette publique/PIB à moyen terme, qui émerge à plus de 81% du PIB, tout en garantissant le financement des dépenses d'investissement et des dépenses sociales qui sont prioritaires. L'institution de Bretton Woods insiste par ailleurs sur les réformes de l'éducation, de la gouvernance et du marché du travail, ainsi que l'amélioration continue du climat des affaires. En attendant que ces réformes voient le jour et qu'elles produisent les effets escomptés, le Maroc ne peut se passer de la LPL du FMI. En janvier dernier pourtant, le ministère des Finances assurait que le gouvernement n'avait pas l'intention de reconduire une nouvelle LPL. Mais, entre-temps, le déficit budgétaire du Royaume a quitté sa trajectoire baissière pour attendre 3,8% du PIB, et 2 agences de notations ont dégradé la perspective de la note souveraine du Royaume de «stable» à «négative», mettant notre «Investment grade» sous surveillance.
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Par ailleurs, le Maroc, après plus de 4 ans d'absence, va solliciter le marché obligataire international pour une levée de fonds début 2019. Dans ce contexte, le gouvernement aura bien besoin du parapluie du FMI pour lever de la dette auprès des marchés internationaux dans des conditions optimales. Le Maroc n'a ni les armes ni les reins assez solides pour évoluer, de manière totalement autonome, au sein de la sphère économique mondiale. ■