Défensive par excellence, Maroc Telecom a historiquement fait mieux que la moyenne du marché actions en périodes de baisse. Un constat qui se reproduit en 2018.
Valeur de père de famille à rendement constant et à faible risque de marché, Maroc Telecom est une valeur défensive par excellence. L'action de l'opérateur historique prend 7% depuis le premier janvier 2018, contre -10 % pour le Masi. L'écart de performance se creuse même depuis juillet, date où la baisse s'est généralisée sur le marché actions. Il faut dire que l'attrait appuyé pour ce secteur peu cyclique témoigne à son tour de l'anxiété qui domine les investisseurs actuellement. Il s'agit d'un phénomène récurrent, puisque sur les 10 dernières années, Maroc Telecom résiste toujours quand le Masi décroche sur un semestre ou plus, et inversement, la valeur sous-performe quand le consensus est haussier et les investisseurs cherchent à prendre plus de risques en s'exposant sur des valeurs plus cycliques ou de croissance, de petites et moyennes tailles notamment. C'était par exemple le cas en 2017. Actuellement, la décorrélation est criante avec un indice général sur ses plus bas annuels, alors que IAM est collée à ses sommets de l'été 2018.
Résilience Fondamentalement, Maroc Telecom profite d'un bon alignement des planètes. Que ce soit dans les filiales à l'international ou au Maroc, les différents métiers et les différentes régions profitent de l'évolution des revenus, poussant même l'opérateur à revoir ses prévisions de croissance à la hausse pour l'année. De plus, les analystes tablent en moyenne sur un rendement supérieur à 5% pour cette action où les OPCVM peuvent s'exposer au maximum de ce que leur permettent les ratios réglementaires, ce qui appuie son caractère refuge en période de pénurie de rendement pour l'épargne institutionnelle. La récente publication des résultats du troisième trimestre vient conforter ce constat : l'opérateur historique a enregistré un RNPG de 4,6 Mds de dirhams, représentant 75% du consensus des analystes sur le résultat annuel. L'Ebitda progresse de 4%, là aussi dans la moyenne des anticipations. Le cours de Bourse a globalement bien réagi à l'annonce de ces résultats aussi bien au Maroc que sur la place de Paris. ■
La Data, nouveau relais de croissance Largement intégré par le marché et les analystes depuis le premier trimestre, la Data au Maroc a beaucoup crû (+40%) au terme des 9 premiers mois de l'année, contribuant avec les autres métiers à générer des revenus au Maroc de 16 Mds de dirhams, en progression de 5,1%. En raison de la hausse du chiffre d'affaires, le résultat opérationnel avant amortissement (Ebitda) des neuf premiers mois de 2018 s'élève à 8,5 Mds de dirhams, en hausse de 5,2%. Sur le seul troisième trimestre, le RNPG publié s'élève à 1,62 Md de dirhams, en amélioration de 14,2% comparativement au deuxième trimestre et de plus de 4% par rapport à la même période en 2017. A l'international, et en attendant un effet similaire de la Data à moyen terme, les activités du Groupe ont enregistré un chiffre d'affaires de 12 Mds de dirhams, en hausse de 4,6%, contre une anticipation moyenne de 4% des analystes. Cette performance s'explique par la croissance de 8,2% des revenus des nouvelles filiales, notamment en Côte d'Ivoire, ainsi que par l'amélioration des activités au Mali et au Gabon. Durant la même période, les flux nets de trésorerie opérationnels ajustés des activités à l'international se contractent de 23,7% (-24,6% à taux de change constant), pour atteindre 1.938 millions de dirhams. La hausse de l'Ebitda ne compense que partiellement la hausse des investissements qui atteignent 19,6% du chiffre d'affaires, hors fréquences et licences. En termes de perspectives pour cette année, le Groupe maintient ses prévisions actualisées dernièrement, avec un chiffre d'affaires en croissance, un Ebitda en amélioration et un Capex d'environ 20% des revenus. La première capitalisation de la place casablancaise semble en avoir encore sous la pédale; de quoi lui permettre de protéger son statut de valeur refuge en cette période de vaches maigres pour les épargnants. ■